Far West

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 Le vieux Christopher arrêta son cheval si brusquement, que celui-ci faillit tomber, en soulevant une poussière dense, qui fit toussoter les passants de la rue principale. Comme une tornade, il se précipita dans le bureau du sheriff qui, les pieds sur la table, était en train de se curer les ongles.

« Sheriff ! Sheriff ! Vite, les Indiens approchent. »

L’homme de loi, sans arrêter son activité, leva simplement les yeux, reconnut le vieil homme et, après les avoir rebaissés sur son outil de curage, lui répondit :

« Ce n’est pas mon problème. C’est celui de la cavalerie. »

Affolé le vieux cow-boy cria :

« Mais elle est à plus de quarante miles d’ici. Je n’arriverai jamais à temps. Ces sanguinaires vous auront tous massacrés avant. »

Imperturbable, l’homme à l’étoile, haussa les épaules.

« Je ne peux rien faire, mon vieux.

— Mais si, mais si, ameutez la population. Que chacun prenne son fusil, qu’on place des charrettes au milieu de la route et, dès qu’on les aperçoit, qu’on commence à leur tirer dessus. C’est comme ça que l’on faisait avant. Pendant ce temps, quelqu’un allait dare-dare appeler la cavalerie. »

Le sheriff, posa son canif sur la table, inspecta ses ongles et, levant à nouveau les yeux vers le vieux Christopher lui dit :

« Allez au saloon boire un verre à ma santé. Si les Indiens approchent, j’aviserai.

— Il sera trop tard.

— Allez boire une bière, se borna à répéter le sheriff. » Le vieux Christopher gesticula, tenta de dire quelque chose : « Allez donc boire cette bière, lui répéta-t-il. » Puis, après s’être levé : « Tenez, je vous y accompagne. Slim, tu garderas la boutique durant mon absence, et si tu vois les indiens, va vite prévenir la cavalerie. »

Quand les deux hommes pénétrèrent dans le saloon, Mark, le barman, ne put s’empêche de dire sur un ton sarcastique :

« Alors, vieux Christopher, toujours les indiens qui vous amènent ici ?

— Eh oui, répondit le sheriff, en gardant son sérieux. Ils ne nous laissent jamais en paix ces démons.

— Ils vont nous massacrer comme il y a cent ans. J’étais gamin à l’époque, mais je m’en souviens très bien. C’était horrible. Ils tiraient sur n’importe qui : les femmes, les enfants, les vieillards ; parfois même, entre eux. Horrible, je vous dis. Horrible !... Ils vont refaire la même chose aujourd’hui.

— Tant mieux, s’écria Mark. Au moins ça nous fera de la distraction. »

Le vieux Christopher leva les yeux au ciel.

« Distractions ! Distractions ! Elles sont vraiment morbides les vôtres.

— C’est vrai, gronda le sheriff. Ce n’est pas du tout amusant de se faire massacrer par les Indiens. Ne vous en faites pas, Christopher, vous avez entendu ce que j’ai dit à Slim ? A la moindre alerte, il ira prévenir la cavalerie. »

Après la cinquième pinte de bière, les Indiens n’étaient toujours pas là.

« Ils ont eu peur, s’écria victorieux le vieux Christopher. Ils ne m’ont pas vu chez moi. Ils ont dû piger que j’étais allé prévenir la cavalerie. Et ils ont fait demi-tour.

— Bravo, s’exclama le sheriff. Encore une fois vous nous avez sauvé la vie. » Puis levant son verre : « A la vôtre Christopher ! »

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