Chapitre 99 - Partie 4

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  En entendant la pendule sonner l'heure du dîner dans mon dos, j'enfouis quelques instant mon visage au creux de mes mains et poussai un lent soupir. Rien ne servait de me triturer l'esprit maintenant à ce propos. Lunixa ne risquaient pas d'arriver à la fin du mois et j'avais d'autres problèmes à régler avant. Dont l'annonce de la vérité aux jumeaux.

  Alors que je me levais de mon siège pour me rendre dans la salle à manger, ces deux petites crapules déboulèrent brusquement dans mes appartements.

  –Giulia, Giulia ! s'écriait-il en cœur et à bout de souffle. Nous avons vu la voiture, dehors ! C'est celle de Lunixa, est-elle revenue ?

  Tant d’espoir brillait dans leur regard et leur immense sourire que secouer la tête me fit physiquement mal. Aussitôt, ils se figèrent et une expression dévastée leur arracha la moindre étincelle d’alégresse.

  –Je suis désolée, Madame, s'excusa leur gouverneur en entrant à leur tour. J'ai essayé de les retenir.

  –Ce n'est rien, Hebe. (Je reportai mon attention sur les jumeaux, qui baissèrent les yeux et se tinrent la main.) Lunixa n'est pas rentrée, mais j'ai reçu des nouvelles et elle vous a envoyé des présents, pour votre anniversaire.

  Eleonora releva timidement la tête.

  –Elle y a pensé ?

  –Bien sûr qu'elle y a pensé, assurai-je avec ferveur. Ne vous l'avais-je pas dit ?

  Elle se mordit la joue, jeta un regard à Alexandre, qui le lui rendit, avant qu'ils opinent en cœur.

  –Mais tu n’arrêtes pas de dire qu'elle reviendra à la fin du mois et elle n'est toujours pas revenu, me fit-il remarquer.

  –Je sais, trésor... Je sais...

  –Est-ce que ça veut dire que cette fois, elle va vraiment rentrer ?

  –Et si nous discutions de tout cela après manger ? Il me semble que Monsieur Mágeiras a préparé une délicieuse melitzanosalata. (Alors que ce plat était l’un de leurs favoris, ils acquiescèrent sans grande conviction.) Vous pourriez aussi souffler à nouveau des bougies, puisque les cadeaux de Lunixa sont arrivés, qu'en pensez-vous ?

  Leurs yeux ne retrouvèrent toujours pas cette joie qu'ils avaient à leur arrivée, mais cette perspective les enchanta plus que le dîner. Je les incitai à ouvrir la marche d'une légère pression dans le dos, puis leur emboîtai le pas.

  –Y a-t-il un souci, Madame ? s'enquit Hebe en me suivant, sa voix presque inaudible.

  –Plusieurs. Nous en discuterons une fois qu'ils seront couchés.




  Sans que cela ne me surprenne vraiment, la lettre que Lunixa leur avait adressée les intéressa bien plus que leurs cadeaux. Sa lecture à peine finie, ils se précipitèrent dans leur chambre pour écrire leur réponse. J'avais bien des choses à faire, mais je les y accompagnai et les observai rédiger leur brouillon en silence.

  Il fallait que je leur dise la vérité. J'en avais l'intention.

  Et à chaque mot supplémentaire, chaque fois qu'il me demandaient mon avis, je me n’en faisais rien.

  Leur mère leur avait tant manquer que cette simple lettre semblait avoir effacé tous ses mois d'absence. Depuis combien de temps ne les avais-je pas vu aussi heureux ?

  Dans une semaine. Je leur dirais dans une semaine...

  Après avoir pris cette décision, je congédiai Hebe pour la soirée, afin de profiter, me gorger de ce moment. Que cela m'avait manqué de les voir ainsi, si vivants ! Je ne m'étais pas rendu compte à quel point ils s'étaient éteints à mesure que l'absence de leur mère se prolongeait. Lunixa leur avaient demandé quels morceaux et chants ils travaillaient, alors ils voulaient lui envoyer toutes leurs partitions. Elle leur avait dit qu'elle avait acheté ces tenues traditionnelles talviyyöriennes en pensant à eux, alors il fallait absolument que je joigne le photographe pour qu'ils puissent lui montrer combien ces vêtements, qu'ils n'avaient pas encore essayé, leur allaient bien. Elles les avaient remerciés pour leur dessin, alors ils voulaient en faire de nouveau et à les entendre, ils en prévoyaient une centaine. Elle avait conclu sa lettre par « Je vous aime. », en talviyyörien, alors ils devaient apprendre cette langue au plus vite, pour écrire à leur tour « nous t'aimons aussi ! »...

  Alors qu'Eleonora proposait de joindre également le dernier livre qu'ils avaient lu, pour lui prouver qu'ils lisaient désormais des livres de grand, elle s'interrompit soudain et se tourna vers la porte.

  –Ma chérie ? m'étonnai-je.

  –Quelqu'un arrive.

  Je n'eus pas le temps d'assimiler ces mots que deux coups retentirent contre la porte.

  –Madame ? fit Alethiea en entrant. Je suis désolée de vous déranger, mais un pli urgent vient d'arriver.

  Je pris une inspiration plus prononcée que d'habitude, soudain tendue, puis ramenai mon attention sur Eleonora. J'eus à peine le temps de la surprendre à observer ma secrétaire une seconde supplémentaire, sourcils froncés, avant qu'elle se reconsacre à sa lettre.

  –Madame, insista Alethiea.

  Je me forçai à me détourner d'Eleonora pour lui jeter un regard en biais.

  –J'en prendrais connaissance quand les enfants seront couchés. Je vous prierais d'ailleurs de ne pas me déranger jusque-là.

  –Cela ne peut pas attendre.

  Cette fois, je me tournai vraiment vers ma secrétaire, surprise par la gravité de sa voix et maintenant, de son regard.

  –Je reviens tout de suite, glissai-je aux jumeaux.

  Focalisé qu'ils étaient, ils hochèrent à peine de la tête. Alethiea, quant à elle, n'attendit pas que je l’aie rejoint pour me tendre le pli.

  Le code utilisé m'était si familier qu'il ne me fallut qu'un regard pour en décrypter le contenu.


Nous avons trouvé Enkelion. Il est près de Viyk, en Richkovorel, à deux semaines d'Illiosimera.

Devons-nous simplement le garder à l'œil, ou le pousser à traverser la frontière ?





  Et juste pour mon idiote de sœur, parce qu'elle m'a demandé de finir le chapitre comme ça : Oh Arès ( ͡° ͜ʖ ͡°)

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