Un café pour l'Enfer

Une minute de lecture

L’aumônier lui tendit le gobelet embouti en matières recyclées. Il baissa les yeux quand John Naaucusa s’en saisit des deux mains. Il demanda :

— Vous ne regrettez rien, mon Fils ?

L’homme avala une gorgée de nectar brulant, puis lança avec une moue dubitative :

— Que devrais-je regretter ? mon Père.

L’homme d’Église soupira, comme à regret. John savait pertinemment de quoi il voulait parler.

— De toute façon, qu’est-ce que cela changerait ?

— Pour Dieu, cela changerait tout.

— Hum ! si vous le dites.

John avait plongé son regard dans la boisson qu’il contemplait en hochant la tête. Il savourait ce moment.

— Dix-sept ans que j’attends ce jour… Si j’avais dû regretter quelque chose, cela se saurait depuis longtemps… C’est comme ça. Rien n’y changera rien…

— M’autorisez-vous à vous absoudre, mon Fils ?

— Si ça vous chante… Pourquoi ne prenez-vous pas plutôt un café avec moi ? Cela vous est interdit ?

— Non… Je ne bois pas de café… En fait, je n’aime pas cela.

— Hum… Je vous plains. Il n’y a rien de tel quand tout va au plus mal.

— J’y songerai…

La porte de la geôle s’ouvrit sur un gardien. Il semblait embarrassé.

— C’est l’heure, dit-il.

John, sans un mot, se leva. Il confia son gobelet à l’aumônier. Comme il restait un fond de café encore tiède, il lança en boutade :

— Tenez, finissez-le mon Père. Il parait que la chaise électrique fait rebouillir les aliments dans l’estomac, et le café brulé, c’est cancérigène !

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