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Clément, je crois que Hugo est devenu un ami. Nous avons trop de choses en commun, malheureusement pas les meilleurs. C’est la première fois que j’ose ce mot ! La première fois que j’ai un ami ! Je n’ai jamais eu de copains, encore moins de copines. Tu ne t’es pas rendu compte que la première personne à s’intéresser à moi est devenue mon amoureux. C’était passer du froid polaire à la chaleur rayonnante. Grâce à toi, j’ai connu cette merveille. Sinon, jamais je n’aurais pu avoir un ami !

Tu sais, ce que j’éprouve pour lui est très différent de ce que tu es pour moi. C’est fort et c’est en même temps distant. Ce n’est pas facile, même si cela m’aide.

Maintenant, Hugo parle plus librement, même si son secret reste terré. Il va trop loin ; l’autre jour, il a posé la question qui tue :

— Qui es-tu, Joachim ? Ça ne tient pas la route ! Ton histoire de minable, que je sens vraie, ton look, incroyable de force et de liberté, ça ne colle pas. J’adore être près de toi à cause de ton odeur. Mais des nullards comme nous, ça ne se parfume pas ! Tu portes tes piercings comme des bijoux précieux, alors que la plupart les affichent agressifs.

Oui, cela ne collait pas ! Mais lui expliquer, c’est parler de toi, de ta disparition, c’est impossible !

— Et toi, Hugo, pourquoi tu ne me dis pas tout ?

Ah, si tu savais comme je m’en suis voulu ! J’ai attaqué pour me protéger, je lui ai fait mal par peur. L’escargot est rentré dans sa coquille, j’ai fait pareil. La honte !

Heureusement que nous étions en confiance maintenant. J’ai osé lui prendre la main.

— Hugo, pardon ! C’est difficile pour moi, comme pour toi.

Il m’a légèrement pressé la mienne, avant de se détacher. Nous n’allions pas recommencer ! Je lui ai rattrapé la main, l’ai attiré à moi, incapable de retenir mon élan d’affection. Je me suis égaré, comme nous faisions, je lui ai passé les doigts dans les cheveux. Il s’est abandonné avant de se reculer.

— Non, pas ça ! Je ne veux pas.

Puis il m’a assené :

— Tu n’es qu’un sale pédé, comme les autres !

Mon poing est parti. J’ai cogné fort. Lui aussi est parti.

C’était la première fois que je frappais, que je blessais quelqu’un. Je suis retourné dans ma piaule, la tête vide. Quelle déception ! Je m’étais attaché à ce drôle de mec. Enfin, il m’avait fait m’attacher à lui. Tout ça pour que je découvre qu’il n’est qu’un sale con ! C’était moi, l’imbécile. À part toi, je ne m’étais jamais lié, comme si j’avais toujours su que cela se termine forcément mal. C’était moi qui avais mal. Il m’avait fait croire à l’amitié !

C’est fini. Je vais retrouver ma solitude. Au moins, je m’y sens bien, surtout que maintenant j’ai ton souvenir, cette braise qui me maintient et me consume. Je peux t’avouer que j’ai pleuré. Du reste, tu as dû le voir à mes yeux rouges. Quel gâchis, quel idiot !

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