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Clément, je t’ai raconté ma nouvelle vie. Je fais beaucoup d’efforts, comme tu me l’as demandé. J’accepte les autres, de leur parler. Tu es si heureux quand je m’ouvre. Je te dois la vérité : je suis obligé ! Quand je ne parle pas, c’est ton manque qui m’envahit. Je ne le supporte plus. Tu es tellement absent, le trou est tellement grand. Être avec les autres m’est difficile, mais c’est moins dur qu’être seul sans toi.

Pourtant, l’autre jour, je ne sais pourquoi, mais je me suis trouvé isolé, sans personne près de moi. J’ai dévalé la pente sans m’en apercevoir. J’allais plonger dans le gouffre qui m’appelle sans cesse. J’ai senti une présence. J’ai sursauté pour rencontrer les yeux de Hugo.

— Ça va ?

C’est la première fois qu’il me parlait, mais je revenais de trop loin.

— Oui. Ça va.

Nous aurions dû éclater de rire, car nous étions comme deux imbéciles à nous regarder, sans savoir quoi faire.

Je suis parti en lui tournant le dos. Je ne pouvais pas. Il était venu vers moi et je savais l’effort qu’il lui avait fallu faire. Il m’avait parlé, montré de l’empathie et je l'ai ignoré, voire méprisé. Il m’empêchait de te rejoindre.

Je me sentais perdu. Il avait cassé quelque chose et il me proposait autre chose. Clément, ne m’en veux pas s’il te plait, mais je suis retourné vers lui. Il n’avait pas bougé et il m’observait. J’ai vu combien je l’avais blessé. Ce n’était pas ce que je souhaitais.

— Merci, Hugo. Excuse-moi. Je vis des choses très dures en ce moment et je réagis mal.

Je lui ai tendu la main, mais il retira vivement la sienne.

— Ce n’est pas grave. C’est moi qui me suis permis de te parler en te dérangeant.

Pour toi, tout cela est risible. Pourquoi ne pas sympathiser, puisque nous en avions envie ? Je t’ai trop souvent expliqué pourquoi c’est si difficile. Tu n’as jamais compris. « Fonce ! T’occupes pas des signaux ! » Et tu me poussais aux fesses. Je t’ai entendu ! J’ai osé !

— Hugo, je suis content que tu m’aies parlé. J’étais en train de partir en vrille. Et puis tu sais, j’ai envie de te connaitre. On peut continuer à parler.

Il est devenu rouge et il a dégluti un oui. Clément, c’est dur, mais tu es éternellement présent pour m’aider, je tiens à toi, ne me quitte pas.

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