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L'aube perça entre les volets. La jeune fille cligna des yeux, épuisée par sa nuit de veille. Elle s'était endormie plusieurs fois, jamais très longtemps, l'inquiétude la rongeant. Elle se secoua pour lutter contre les courbatures diverses. Il fallait qu'elle bouge. Peut-être sortir encore, tourner en rond devant la porte pendant cinq minutes en essayant d'ignorer le froid, guettant l'improbable retour de son père qu'elle aimait tant.


Elle se mordit les lèvres. Elle ne devait pas douter. Pas maintenant, même alors que le jour venait.


Elle ouvrir la porte grinçante et se glissa dehors, pestant contre le froid glacial. Elle aimait la neige et l'hiver, mais à petites doses. Elle agita les bras et les jambes, luttant pour se réchauffer. Elle regarda à droite et à gauche. La lumière blanche du matin lui blessait les yeux – le ciel était gris-blanc, le sol était blanc, tout était trop clair. Elle se mit la main sur le front et, paupières plissées, guetta à l'horizon, cherchant un quelconque mouvement.


Mais il n'y avait rien. Pas un mouvement, pas le moindre oiseau, seulement son souffle rapide et la buée qui sortait de sa bouche. Elle sautait sur place pour ne pas se refroidir, espérant de toute ses forces percevoir quelque chose, au loin...


Un bruit de neige écrasé sur sa gauche la fit se retourner, le cœur prêt à exploser.


Son père surgit discrètement de derrière un arbre, un sourire fatigué sur le visage venant spontanément dès qu'il l'aperçut.


Elle courut jusqu'à lui en criant de joie avant de se jeter contre lui. Il la serra contre lui en riant, d'un rire sincère, jovial, heureux. Son rire, enfin. Elle n'arrivait pas à y croire.


Il lui frotta les cheveux, comme à son habitude. Avec gentillesse, il essaya de se dégager de son étreinte, mais sa fille ne l'entendait pas de cette oreille. Alors il l'agrippa et la porta dans ses bras, lui faisant un câlin sincère, joue contre joue. Ils restèrent ainsi plusieurs minutes avant qu'elle n'accepte enfin de se dégager un peu. Ils se regardèrent l'un l'autre droit dans les yeux, un sourire timide sur le visage.


  • Merci, finit par dire le père à sa fille. Merci pour tout.


Elle rougit alors qu'il l'embrassait sur le front. Il la reposa et marcha jusqu'à la maison à ses côtés d'un pas fatigué.


  • J'ai vu ton frère, cette nuit, déclara-t-il alors qu'ils arrivaient à la porte.


Elle le regarda en silence, curieuse.


  • Je lui ai laissé ton cadeau. Même si j'ai dû ajouter un peu de moi-même avant qu'il ne soit parfait, ajouta-t-il en montrant une mèche de ses cheveux un tantinet raccourcie. J'espère que tu ne m'en veux pas trop.


Elle eut un sourire mélancolique. Puis répondit :


  • Non, je pense que c'est parfait comme ça.
  • Oui... Moi aussi, répondit son père en lui serrant la main.


Son ton était profond. Il resta perdu dans ses pensées un bref instant.


  • Moi aussi.


Il ouvrit la porte, et ils retournèrent chez eux.

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