Chapitre 19

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Hencock se laissa aller en arrière dans le fauteuil de sa cabine. Il venait de tout comprendre. Et il n’y avait qu’une seule solution. Il se mit debout, et se dirigea vers l’armoire. Son uniforme de colonel y prenait la poussière. La machination de la Terre, des Fertiles certainement, pour exterminer les Stériles semblait ourdie de longue date. Les vaisseaux que Coast avaient vu étaient de fabrication humaine. Pourquoi vouloir exterminer une population qui pouvait être employée pour des tâches dangereuses ? Il enfila son uniforme, lentement. Peu importait la raison. Il refusait que ses semblables disparaissent. Il devait les mettre à l’abri. Mais où ? Il se regarda dans le miroir. Les nombreuses médailles lui conféraient un air de colonel d’opérette. Il les enleva, toute, sauf une. Celle décernée par l’Humanité dans son ensemble. Il était le seul détenteur de cette distinction. Lui, le premier Stérile. Son reflet lui renvoya un sourire triste. Il passa la main sur ses joues. Son sourire s’accentua. Beau gosse pour un trentenaire. On aurait dit un jeune homme tout juste sorti de l’adolescence. Il passa son arme de parade à la ceinture et se dirigea vers l’holocaméra.

Il s’arrêta au milieu de la pièce, la tête baissée, légèrement penchée de côté, le front soucieux. Il fermait les yeux, faisant défiler dans son esprit les visages des Stériles qu’il connaissait.

  • Affichage des officiers de la première tranche de la Génération Stérile, commanda-t-il à l’ordinateur de bord.

Il contempla un long moment les têtes des hommes et femmes sous son commandement.

  • Affichage des officiers de la première tranche de la Nouvelle Génération Fertile.

Hencock écarquilla les yeux. Les premiers néo-fertiles avaient maintenant 20 ans… Les stériles faisaient plus jeunes.

Il venait de mettre le doigt sur quelque chose. Il fallait en parler au docteur Gorgens. Son écran com s’alluma : le visage du major Ackerman se matérialisa :

  • Colonel, il y urgence. Je suis suivi par notre Flotte. Les Fertiles ont tenté un coup de force pour s’en emparer. Il risque d’y avoir des blessés.
  • Reçu. Je fais le nécessaire.

Kathlin Scott-Campbell ne ménageait pas sa peine. Elle menait sa propre bataille de main de maître. Les blessés affluaient sur la frégate hôpital. Le docteur Gorgens étant en réunion avec le contre-amiral Lander, c’est à elle que revenait la lourde charge de coordonner l’organisation des soins. L’arrivée presque simultanée des trois Flottes quelques heures auparavant n’avaient aucunement prise Kathlin par surprise. Les médecins des divers navires pouvaient se consacrer aux opérations délicates. Elle essayait de les soulager au mieux. La liste des blessés n’avait cessé de s’allonger au fur-et-à-mesure des minutes. La jeune femme se pencha sur une liste qui arrivait à l’instant. Son regard la parcouru machinalement. Les pertes étaient lourdes, causées surtout par le passage en vitesse Terra alors que des personnels n’avaient pas pu rejoindre les cocons. Un écran holographique s’alluma sur sa gauche. Elle reconnut le visage d’un de ses infirmiers.

  • Sergent, j’ai besoin de votre présence en salle 56. Venez vite.

Kathlin haussa un sourcil. La communication avait été coupée. Son second hocha la tête quand elle lui fit signe de la remplacer. Elle se dirigea rapidement vers la salle 56, au premier niveau. Les coursives résonnaient d’appels, d’ordres et de gémissements. Le premier niveau accueillait les personnels qui devaient être remis sur pied le plus vite possible. Elle fut surprise de voir un garde dans la tenue noire du 2eme Régiment d’Assaut, qui, si sa mémoire était bonne avait été dissous lors du coup d’Etat avorté dix ans auparavant. L’adjudant Zerty la salua. Elle répondit machinalement au salut puis entra. L’infirmier lui fit signe de s’approcher.

Sur le lit reposait un homme d’un âge certain : le colonel Serva.

  • Mais…
  • Sergent, cet homme est mourant. Il a fait une tentative de suicide. L’adjudant à la porte l’a maintenu en vie. Depuis, il délire. Et ce qu’il dit me semble de la plus haute importance…

L’homme en effet marmonnait.

  • J’ai ici un enregistrement… écoutez :

« Nous avons vaincus. Nous avons vaincus… La menace Stérile n’est plus. Il ne reste plus qu’à exterminer ceux que nous retenons dans le Camp. Nul ne doit savoir. Moi seul peut donner l’ordre. Nous avons vaincus. Ils ne nous dominerons pas. Nous avons vaincus… La menace Stérile… »

  • Je porte ça au vaisseau amiral. Soulagez-le si on ne peut pas le sauver, essayons au moins de lui éviter des souffrances inutiles…

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