Chapitre 8 - La fin de l'amour ?

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Je courais, je courais à en perdre haleine. Des larmes coulaient à flot sur mes joues. J’avais été trahis. Celle que j’aimais était une sorcière, une des ces sirènes qui vous attire au fin fond de l’océan. Mais pire c’était une menteuse. Je ne comprenais pas. Comment avait-elle osé monter un tel subterfuge ?

Les jours passaient et je restais enfermé dans ma chambre. Je passais le plus clair de mon temps à regarder par la fenêtre. La météo était morose, tout comme mon état psychologique. Je n’avais plus goût à rien. Petit à petit, la flamme de la vie me quittait. Le voile de la dépression avait envahi les murs de ma demeure. Je me noyais dans l’océan de mes larmes. Les abysses du désespoir m’engloutissaient sans pitié, et m’attiraient au fin fond du néant. Comment pourrais-je me remettre un jour de cette trahison. Elle était mon amie, j’avais confiance en elle. Toute notre amitié et notre amour se retrouvaient bafoués par son comportement.

Pour combler le tout, une partie de moi espérait encore entendre cette maudite voix, mais je ne voulais pas l’admettre. Un beau matin alors que j’étais alité, la sonnette retentit. Comme mes parents étaient en courses, la lourde tâche d’ouvrir la porte de la demeure familiale m’incombait. Les pieds ballants je descendais les escaliers. Je décidais de regarder dans le judas et que vis-je ? Cette traitresse de Léonie m’attendait de pied ferme, ou du moins le croyais-je. Je ne m’imaginais pas encore la tournure qu’allait prendre les évènements. Je décidais d’ignorer l’importunant. Mais je ne pouvais décrocher mon regard du judas. Cette créature démoniaque comme à son habitude par son habile beauté m’ensorcelait. Puis les minutes s’étendirent jusqu’à durer des heures. Et l’improbable se produisit alors, Léonie fondit en larme. Je ne pus me résoudre à la laisser là seule dans le froid et j’ouvris la porte.

Mon esprit n’était pas dans son assiette. Je ne pensais qu’à elle. Je crois que je l’aimais encore. Mes parents rentrèrent à cet instant précis. Nous allâmes nous réfugier dans ma chambre afin d’échapper au courroux de mon père. C’est alors que je remarquais le tendre malaise de celle qui m’avait fait chavirer autrefois.

« Mais… Léo … Qu’est-ce qu’il t’arrive, m’écriai-je

- C’est … C’est que la vie est injuste. Sans toi … Non, je ne peux pas, se plaignit la belle demoiselle.

- Mais c’est toi qui l’as voulu ! Pourquoi me mentir ? Pourquoi me cacher la vérité ? Je ne suis pas digne de ta confiance, c’est ça ?!, m’insurgeais-je

- Assieds-toi, il faut que je te parle. »

Nous nous installâmes sur le lit, et les pourparlers démarrèrent.

« Ecoute tendre Théo. Tu es mon âme, je suis ton cœur. Sans toi, je ne peux vivre. Reste s’il te plaît. Si je t’ai menti, c’était pour te protéger de cette toxique vérité. Je ne voulais pas que toi, mon essentiel, tu en paye le prix. Mais surtout, je ne pouvais m’empêcher d’être avec toi alors que ma vie chancèle. Aujourd’hui, je sais que plus jamais tu ne m’aimeras, mais je pense que je te dois la vérité, si cruelle. Mon Théo, ton pardon serait le plus beau des cadeaux.

- Ma Léonie, toi qui était douce, je voudrais juste savoir si tu m’aime.

- Mais, comment peux-tu croire que non ? Je donnerais ma vie pour toi, je te le jure.

- Mensonges ! A cause de toi, j’ai passé plus d’une journée dans le noir, me plaignais-je.

Elle me prit les mains, son visage toujours baigné de larmes. Elle allait d’un instant à l’autre tout me dévoiler. Bientôt, ses secrets bien enfouis ne seraient plus un mystère.

« Voilà tout. Depuis mon enfance, je chante. C’est un besoin viscéral, presque vital. Ce don, je le tiens d’un héritage familial. Ma mère était une chanteuse à succès. Elle remplissait le box-office partout où elle se rendait. Mon destin, et surtout le sien a basculé le jour où le médecin nous annonça la terrible nouvelle. Le fléau de la maladie l’avait atteint. Ses jours étaient comptés. Durant sa convalescence, elle n’a pourtant jamais cessé de chanter. Jamais, tu m’entends ? Toute sa vie, jusqu’à son dernier souffle était tourné vers la musique, et uniquement la musique.

Mon père qui n’a jamais cessé de l’aimer devait trouver un coupable à haïr pour la disparition de son amour. Il choisit la musique et me fit jurer de ne plus jamais chanter. Pour ne pas lui faire de peine j’acceptais, mais la musique est en ma peau et je ne peux m’empêcher de chanter. Je ne voulais pas lui faire de peine. Un jour, la nouvelle femme de mon père, qui est une marâtre endurcie me surpris à fredonner une mélodie et me dénonça à mon père. Durant plusieurs mois je ne pus entonner la moindre note. C’est pour cela Théo que je dois me cacher dans une maison abandonnée pour chanter, car oui, qu’importe ce qu’en pense mon père, aujourd’hui je peux l’affirmer, je veux être chanteuse, pas seulement pour moi, mais aussi pour ma mère que j’aime si fort et qui me manque terriblement. Oh Théo… »

Je restai sans voix.

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