Chapitre 13

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L’escouade des ailes noires

De retour à l’infirmerie, les Titanomanciens se retrouvèrent face à un lit vide. Le médecin de service rangeait déjà la chambre et changeait les draps de son malade, sous les yeux colériques d’Ozia. Mais comme son patient venait de fuir ses soins, et qu’il le savait condamné, le guérisseur ne voulait pas s’embêter à attendre son retour et préparait déjà la chambre pour une prochaine personne. Noria se retint de répliquer, sous peine de vider toute sa colère sur lui.

– Bon sang ! Où a-t-il pu aller ? demanda Ozia en se laissant tomber sur une chaise.

Noria chercha un indice dans la pièce. Vormon avait pris le temps de récupérer, mais cela semblait bizarre de ne pas le prendre pour laisser un mot à son amie. Voulait-il se transformer seul dans son coin ? Puis elle remarqua un peu de sang sur le drap que le docteur retirait.

– Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Il haussa les épaules.

– Aucune idée. Peut-être que l’essence lui a fait cracher du sang.

Sa nonchalance avait le don d’énerver la jeune Titanomancienne. Le fusiller du regard n’allait rien changer à la situation. Elle récupéra les draps d’un geste brusque avant d’invectiver l’homme et lui demander de sortir rapidement. Il ne se fit pas prier et quitta les lieux en trombe sous le regard courroucé des Titanomages présents.

Noria et Ozia observèrent la tache de sang. En ouvrant les draps, une petite lame métallique tomba bruyamment au sol. Ozia se baissa pour le ramasser, et comprenant ce qu’il venait de faire, elle mit la main devant sa bouche, les yeux exorbités.

– Il a effacé son tatouage ! s’exclama-t-elle.

Elle s’éloigna, terrorisée.

– Ben, c’est bien, non ? demanda Allen. Je veux dire, c’est la procédure dans ce genre de cas pour éviter que notre essence retourne au Titan primordial ?

Ozia le fusilla de ses pupilles vairons.

– Peut-être ! Mais il ne faut pas qu’il le fasse ! s’énerva-t-elle.

Allen jeta un œil à Noria. Elle secoua la tête, lui faisant comprendre qu’elle n’en savait pas davantage. Impossible de la calmer, alors qu’elle faisait les cent pas dans la pièce.

– Bon, admettons. Où peut-il bien être ? demanda Hirelda Car il risque de se transformer à tout moment.

– Je n’en sais rien ! hurla Ozia en faisant de grands gestes. Bordel ! Mais qu’est ce qu’il fait !

L’escadron des ailes noires n’allait pas tarder à le retrouver. Où pouvait-il aller pour se faire emmener ? Noria tapa du poing dans sa paume.

– Ozia ! s’exclama-t-elle.

Cette dernière s’arrêta et la fixa d’un regard intense.

– Il a parlé d’un lac tout à l’heure. Qu’est ce que c’est ?

La bouche d’Ozia prit la forme d’un O. Les yeux écarquillés, elle comprit où se rendait son ami. Elle détala à grande vitesse à l’extérieur, Noria sur ses talons. Impossible de l’arrêter dans sa course, alors que le groupe lui demandait de s’arrêter.

– Mais où vas-tu ? demanda Noria.

– Il y a un lac entouré de montagne au sud d’ici !

– Pourquoi irait-il là-bas ?

Elle resta silencieuse. Marre de ses secrets, Noria lui agrippa l’épaule et la força à se retourner.

– Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-elle en la repoussant avec force.

En colère, Noria montra l’horizon du doigt.

– Tu veux courir dans le noir total toute seule ?

Des éclairs crépitaient autour des bras d’Ozia.

– On a des Karabas et des torches ! Bon sang, mais laisse-nous t’aider ! On le retrouvera beaucoup plus vite !

Noria trouvait ça insensé d’être une pareille tête de mule. Son idée pouvait leur permettre d’accélérer les recherches, alors pourquoi continuait-elle à se méfier ? Même si elles ne se connaissaient pas, étant des Titanomanciens, elle pourrait leur faire confiance. Le temps défilait. Noria attrapa le poignet d’Ozia, malgré l’électricité qui s’amusait à glisser entre ses doigts en crépitant.

– Arrête d’hésiter et viens ! On va le retrouver ! s’exclama-t-elle en l’entrainant avec elle.

Allen et les autres attendaient déjà près de leur monture. Ils les préparaient avec des selles rangées dans le coffre de la caravane. Les reptiles émirent de petits cris amicaux alors que Noria les caressait, puis les Titanomanciens montèrent chacun le leur. Élancés à toute vitesse, le groupe suivait Ozia à travers l’obscurité de cette nuit froide.

Le groupe longeait la montagne, le silence de la nuit bravé par les cliquetis métalliques des lanternes, et des pattes de Karabas frappant la terre. Au loin, une rivière serpentait entre les monts aux côtés d’un chemin de pierre. Ils s’y s’engouffrèrent à pleine vitesse, scrutant les environs avec attention.

Ils continuèrent jusqu’aux abords du lac. Encerclée de montagnes, la lune se reflétait dans cette eau calme. Ils continuèrent au pas en appelant Vormon, mais Ozia se détacha du groupe, prenant un chemin bien spécifique. Ils la rattrapèrent pour la talonner, puis Noria se mit à son niveau.

– Tu sais où il est, pas vrai ? demanda-t-elle.

Ozia soupira. Elle ne voulait pas lui parler de ça, mais l’insistance de cette femme la rendait folle. La lanterne tendue à bout de bras, Ozia la dévisagea d’un air beaucoup plus doux que d’habitude.

– C’est l’endroit où il m’a déclaré son amour.

– Oh ! s’exclama Noria.

Elle jeta un œil en arrière, sûre que ses compagnons ne pouvaient pas entendre leur conversation.

– Alors, vous étiez ?

Elle laissa sa question en suspend, mais Ozia secoua la tête.

– Seulement amis. Je n’avais pas vraiment envie d’entamer une relation au vu de…

Elle soupira et se renferma dans sa bulle.

– Laisse tomber.

Noria roula des yeux. Elle n’arrivait décidément pas à la faire parler. Mais qu’importe, elle finirait bien par savoir ce qui se passait entre ces deux-là.

Une lumière brillait non loin de leur position. Elle les mena dans une petite clairière fleurie. Une fois les Karabas en retrait, ils en descendirent et rejoignirent Vormon. À genoux dans l’herbe, l’homme observait les étoiles de ce ciel noir sans nuage. Il sanglotait, seul dans l’ombre.

– Vormon ? appela Ozia.

Il virevolta brusquement. Ses veines luisaient d’une lueur vert fluo. Ses iris changeaient de forme pour devenir un simple trait, tel un félin. Il se releva et fit signe à Ozia de ne pas l’approcher, tout en reculant lentement. Noria pouvait lire toute la terreur et la souffrance qui parsemaient son corps. Chaque pas semblait si éprouvant.

– Ozia ! Va-t’en ! Ils vont arriver, ordonna-t-il d’un ton brusque.

Sur son cou, le tatouage en forme d’éclair était coupé en deux et du sang ruisselait dans son cou. Bientôt, l’escadron des ailes noires allait venir le chercher pour l’emmener mourir dans un coin tenu secret.

– Tu sais bien qu’ils ne doivent pas te trouver, déclara Vormon.

– Je m’en fiche, déclara-t-elle les yeux humides. Je ne peux pas t’abandonner. Vormon… Tu es mon ami le plus cher.

Il pleura, incapable de retenir ses émotions, sa tristesse. Ses jambes flageolantes ne pouvaient plus le retenir et il tomba à genoux. Ozia se précipita jusqu’à lui et le prit dans ses bras. Il l’enlaça aussi fort qu’il pouvait, accrochée à elle comme à la vie.

– Je ne veux pas mourir, Ozia.

– Je sais… répondit-elle en l’accompagnant dans les pleurs.

Elle passa la main dans ses cheveux et l’embrassa sur le front.

– Tu te rappelles de Costa Kilika ?

Il réprima un sanglot, alors qu’il se mit à rire.

– Tu t’étais fait embarquer dans une chasse au poisson par des gamins… Tu avais fini dans une eau tellement froide et pleine d’algues, tu étais frigorifiée en sortant.

– Combien de temps tu t’es moqué de moi, hein ?

– C’était tellement drôle de te voir affolée. C’était la première fois que je te voyais comme ça.

– Oui…

Évoqué de bons souvenirs calma les nerfs de Vormon. Rire ensemble les aida à oublier la triste réalité, au moins quelques instants. Ils continuaient de se raconter des anecdotes de leur vie de mercenaire, pendant que Noria restait en arrière, un flot d’émotion la submergeait en assistant à cette scène.

Puis une lueur blanche apparut dans la nuit. Comme une étoile, elle se mouva en laissant derrière elle une ligne lumineuse argentée. Lorsqu’elle referma le trait pour former un rectangle, une énorme porte de métal apparut, agrémentée de deux ailes noires.

Vormon repoussa Ozia.

– Fuis ! Ils ne doivent pas te voir !

Noria ne comprenait toujours pas pourquoi il était si affolé. Mais lorsque les battants s’ouvrirent, Vormon fit barrage de son corps pour la dissimuler aux yeux de l’escadron. Le vortex de lumière blanche cracha cinq personnes vêtues de longue robe blanche, le visage dissimulé derrière des masques d’argents. Leur grande capuche rabattue empêchait de reconnaître l’élément dont ils faisaient partie. L’insigne en forme d’ailes noires accroché sur leur vêtement, ils s’avancèrent vers Vormon d’un pas à la fois menaçant et déterminé.

– Vormon Trayo, appela l’un des cinq, tu dois venir avec nous.

– Laissez Ozia tranquille… répondit-il.

– Son cas n’est pas de notre ressort.

Vormon se radoucit. Ainsi, ils ne venaient que pour lui ? Il soupira, content d’entendre ça. Il se tourna vers son amie, le regard doux, et lui prit les mains. Il ouvrit la bouche pour lui dire combien il l’aimait, mais une voix résonna à travers le passage.

– Par contre, c’est du miens !

Vormon fit volteface. Une sixième personne franchit le vortex. Tout de noir vêtus, ses cheveux céruléens ébouriffés dévoilaient son appartenance à l’élément de l’eau. Un badge métallique représentant un carré découpé en quatre triangles brillait sur sa poitrine. Il s’avança d’une démarche hautaine, un sourire machiavélique sur le visage. Il fixait Ozia avec une telle intensité qu’elle recula de quelques pas.

– Ozia Azuri, tu vas venir avec moi ! tonna-t-il.

Elle aurait aimé refuser, mais cet inconnu s’élança sur elle à grande vitesse. Sa magie lui permit d’arriver en un rien de temps face à elle, et il lui suffit d’un simple toucher pour recouvrir son corps d’une fine couche de glace. Ozia resta les yeux écarquillés, alors que son corps gelé tomba lourdement au sol.

Le Titanomancien s’apprêtait à user d’un autre pouvoir, mais Allen l’en empêcha en tentant de le trancher en deux. Il esquiva rapidement et recula de quelques pas, tandis que Noria s’approcha du corps inerte d’Ozia. Elle posa les mains sur ses joues froides, sans savoir comment réagir. Prise de panique, elle chercha autour d’elle un Titanomage de feu pour la faire revenir parmi eux, mais personne ne pouvait la sauver.

– T’es qui toi ? demanda l’inconnu.

– Allen. Et je ne te permets pas de la toucher !

Il eut un rictus.

– Ah ouais ? Moi je suis l’exécuteur Darphaël. Je suis envoyé par notre Sage pour retrouver ces deux hors la loi. Par chance, le premier va crever. Mais je ramène cette gamine avec moi.

Hirelda et Kain rejoignirent Allen, les dagues dégainées et les bras recouverts d’écorces.

– Ça m’étonnerait ! gronda Hirelda.

– Vous protégez une criminelle ? s’étonna Darphaël. Connaissez-vous au moins le crime qu’elle a commis ?

Noria reconnut qu’elle ne savait encore rien d’Ozia. Mais quel crime pouvait commettre quelqu’un qui risque sa vie pour celle des autres ? Ozia était sûrement recherchée pour une bonne raison par les Sages d’Elekya, mais elle voulait l’entendre d’abord avant de la juger.

– Qu’est-ce qu’elle a fait ? demanda Noria.

– Content que tu le demandes, ricana l’exécuteur. Elle est coupable de haute trahison !

Noria et ses amis le fixèrent, perplexes.

– Et ? demanda Noria. C’est tout ?

– Comment ça ?

– Mais pour quelle raison ?

– Aucune idée et je m’en fous, avoua Darphaël.

Hirelda se rua sur lui.

– Il m’énerve ! Je vais lui refaire la tronche !

Un mur de glace tomba du ciel, faisant trembler la terre. Mais la jeune femme ne s’arrêta pas pour si peu. Elle continua sur sa lancée et le frappa de toutes ses forces. Il éclata en mille morceaux. Derrière, Darphaël attendait en position de combat, une aura bleue émanant de son corps. Un sourire sur le visage, il dessina un cercle du bout des doigts, puis un glyphe en son centre.

Les traits s’illuminèrent d’une belle lueur cyan. Le Titanomancien plongea la main dans le cercle, qui disparut de l’autre côté d’une dimension. En la sortant, il récupéra une magnifique rapière de glace, dont la garde ressemblait à une tête de mort en cristal. Le symbole cabalistique disparut, et au moment où Hirelda arriva, Darphaël fit un bref mouvement de sa lame pour envoyer une vague de glace.

Hirelda se protégea de ses bras. Elle se prit l’attaque de plein fouet ce qui la projeta un peu plus loin en arrière. Elle se rattrapa comme elle put, puis pesta en observant son adversaire.

– Fais attention, signala Kain. Il doit être balèze.

– Merci, je n’avais pas remarqué ! railla-t-elle.

Allen s’ajouta au combat et attaque l’ennemi avec sa claymore. Kain le suivit, utilisant ses illusions pour le berner, mais Darphaël avait plus d’un tour dans son sac. Il faisait apparaître des pics de glace au-dessus de lui et les envoya sur ses poursuivants. Même s’il était facile pour eux de les détruire, leur adversaire en fabriquait des dizaines à la suite et les força à reculer. Petit à petit, ils se retrouvèrent aux côtés d’Hirelda, tandis que l’exécuteur se rapprochait d’eux de son large sourire.

– Alors ? C’est tout ? demanda-t-il en écartant les bras.

Noria aurait aimé les rejoindre, mais elle devait trouver une solution pour sauver Ozia. Elle lui devait la vie, alors autant rembourser sa dette aujourd’hui. Le mensonge sur sa trahison n’arrivait pas à la convaincre.

En voyant son amie Hirelda, une idée de génie germa dans son esprit.

– Hirelda, envoie-moi ton briquet !

La Titanomancienne hésita, pas sûre de comprendre. Mais elle n’avait pas le temps de tergiverser, Darphaël fabriquait de nouvelles structures de glace pour se battre et elle devait rapidement aider ses compagnons. Elle lui lança l’objet en question puis retourna en combat.

Cette fois, Darphaël utilisait ses piques, mais concevait aussi des murs pour se protéger, ainsi que des marteaux pour attaquer. Le champ de bataille se refroidissait au rythme de ses attaques et des morceaux de glace jonchaient le sol. Allen se prenait coup sur coup, tandis qu’Hirelda continuait de charger en hurlant dans cette nuit froide. Kain cherchait un moyen de l’atteindre par-derrière, mais les murs l’empêchaient d’accéder à sa nuque.

Noria détourna le regard pour se concentrer sur le sauvetage d’Ozia. Elle posa la main au sol et usa de ses ronces pour former un dôme autour des deux filles, les laissant dans le noir total. Noria se colla à Ozia, offrant la chaleur de son corps pour faire fondre la glace. Puis grâce au briquet, elle mit le feu à des brindilles de ses propres lianes. Les flammes s’élevèrent et dansèrent à leur côté, dont la chaleur faisait lentement fondre la glace.

– Aller Ozia, il faut que tu sortes de là… murmura-t-elle.

Dehors, le combat faisait rage. Le silence habituel de la nuit était bravé par les tintements métalliques des lames, et les grondements de la magie. Les marteaux de givre frappaient le sol, le faisant trembler sous leur puissance. Kain continuait de s’écraser sur les murs, tentant de les escalader pour attaquer Darphaël.

Hirelda s’élançait de part et d’autre pour protéger ses compagnons des projectiles de leur adversaire. Les pics s’écrasaient sur l’écorce de ses bras, mais ses blessures devenaient de plus en plus sérieuses. Le bois s’effritait et les aiguilles de cristal atteignaient sa peau. La douleur des lacérations l’empêchait de se battre correctement, et elle savait qu’elle ne pourrait pas tenir éternellement.

Allen se battait contre Darphaël à l’épée. Il avait tronqué sa claymore pour les deux lames offertes par Kain. Cela lui conférait bien plus d’agilité pour se battre et il donnait du fil à retordre au Titanomancien. Il pestait de les voir le faire reculer, et toujours jeter un œil en arrière à cause de Kain l’agaçait au plus haut point.

Lorsqu’Allen profita d’un bref moment d’inattention, sa lame entailla l’épaule de Darphaël. Ce dernier recula d’un bond en arrière, mais ce qu’il n’avait pas prévu, c’était que Kain n’était pas le plus grand danger. Hirelda apparut au-dessus de lui, un bras d’écorce dix fois plus gros qu’elle.

Surpris, il n’eut pas le temps d’éviter son attaque dévastatrice. Elle frappa de toutes ses forces, faisant trembler la terre. Le sol sous Darphaël se fissura, creusant un léger cratère sous la puissance de l’impact. Pendant un bref moment, Hirelda fut l’équivalent d’une petite météorite bravant l’espace pour s’écraser sur la planète. Après son coup, elle s’élança aux côtés de ses amis, la respiration saccadée.

Ses bras en écorces disparurent, alors que le nuage de poussière soulevée par son attaque s’amenuisait petit à petit.

– Hirelda, appela Allen. Tes bras…

Une grimace sur le visage, elle serra les dents pour éviter de montrer à quel point la douleur la faisait souffrir.

– Je sais…

Ses bras dégoulinaient de sang. Les pics de glace l’avaient gravement blessé et elle ne pouvait plus se servir de sa magie. Cette ultime attaque lui avait couté toute sa puissance. Et apparemment, cela n’avait pas suffi. Lorsque les résidus furent balayés par le vent frais, Darphaël se tenait toujours debout, enveloppé dans un cocon de glace fissuré. Les lézardes s’agrandirent dans un craquement rocailleux, avant d’exploser et d’envoyer des morceaux vers les trois amis. Surpris, Allen utilisa sa magie du vent pour les repousser sur les côtés.

Il n’allait pas tenir longtemps non plus. L’utilisation de la magie lui coutait beaucoup d’énergie et il semblait déjà à bout de force. Kain pesta en voyant leur adversaire toujours en vie, néanmoins blessé. Du sang ruisselait sur son visage marqué par une haine incommensurable.

– Je dois avouer que vous êtes balèze, grinça-t-il. Mais on va arrêter ce p’tit jeu maintenant ! J’en ai ma claque !

Il se mit en position de combat, la rapière en avant. Hirelda, Allen et Kain savaient qu’ils n’arriveraient pas à le tuer avant qu’il ne le fasse. Leur puissance rivalisait certes avec la sienne, mais il avait bien plus d’endurance. Ils ne voyaient pas comment faire pour s’en sortir. Kain réfléchissait à une stratégie, mais l’épuisement des troupes ne lui permettait pas de les mettre en place.

Un éclair déchira la nuit de sa lueur violette. Il traversa l’omoplate de Darphaël par-derrière. Hirelda l’évita d’un bond sur le côté, surprise. Leur adversaire hurla de douleur alors qu’il posait une main sur sa blessure fumante. Derrière lui, Ozia se tenait debout et le fusilla du regard. La faux dans sa main droite crépitait d’éclairs, tandis qu’elle portait Noria, évanouie, de son bras gauche.

Darphaël l’invectiva en se tournant vers elle. Mais ce fut une grosse erreur de sa part. Kain en profita pour lui planter une dague dans le dos. Son cri de douleur perça la nuit, alors qu’il forma un dernier mur de glace autour de lui. Lorsqu’il se brisa, l’escadron des ailes noires se tenait derrière lui avec un nouveau portail, et avec Vormon. Ozia écarquilla les yeux et fit un pas en avant, mais l’un des Titanomanciens drapé de son long manteau lui fit signe de s’arrêter.

– Votre amie doit venir avec nous, sinon il se transformera en Chimère. Exécuteur Darphaël, nous rentrons.

Il cracha par terre.

– Vous ne perdez rien pour attendre les mioches ! La prochaine fois, je vous crève tous !

Ces menaces flottaient au-dessus de la tête des Titanomanciens.

– C’est ça ! railla Hirelda. Fuis !

Darphaël la scruta avec attention. Il ne répondit pas et suivit l’escadron à travers le portail. Avant de disparaître pour toujours, Vormon réussit à se tourner une dernière fois pour voir le visage de la personne qu’il aimait le plus au monde.

– Je t’aime, dit-il simplement à Ozia.

Elle pleura.

– J’ai été heureuse avec toi à mes côtés…

Il lui sourit et le portail se ferma derrière lui. Ozia contempla les étoiles, les larmes coulant le long de ses joues.

Jamais elle ne l’oublierait.

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