Chapitre 8

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Liens indéfectibles

Derrière les murs de l’entrepôt, l’ancien propriétaire avait construit un grand puits, accessible via un système d’ascenseur en bois avec des cordages et des poulies. Une fois en place, Kain tira les bons fils pour les faire descendre dans les souterrains d’Oktarim en compagnie du grincement de la corde.

Il faisait de plus en plus sombre. Le peu de lumière venait de l’entrepôt, dévoilant les consolidations en bois qui permettait aux parois de ne pas s’effondrer. Lorsque l’obscurité devint totale, Noria prit machinalement la main d’Allen. Cela la rassurait de l’avoir à ses côtés, même si elle restait inquiète pour Hirelda. Elle ne savait toujours pas où elle se trouvait et désirait ardemment la retrouver.

Une douce lumière orange parvint jusqu’à ses yeux. Lors de leur descente, des cristaux de lumière étaient accrochés sur les parois. Bien fixés dans des sphères en métal noir, elle offrait un peu de luminosité dans cet endroit lugubre.

La cage toucha le sol et s’arrêta dans un léger fracas. Kain dégaina ses armes et s’avança lentement dans le couloir. Noria restait derrière eux, à l’affut de n’importe quoi. Après tout, ils s’engouffraient en territoire ennemi.

Noria n’appréciait guère le silence assourdissant de cette grotte. Elle n’entendait que les légers bruits de pas de leur petit groupe. Elle espérait accélérer la cadence pour retrouver Hirelda plus vite, mais les deux hommes restaient prudents. Elle n’osait pas leur demander de se dépêcher, elle savait très bien qu’ils ne pouvaient pas baisser leur garde.

Après quelques minutes, ils découvrirent une brèche dans le mur et un autre couloir. Kain voulait emprunter la suite du chemin, mais Allen le héla.

– Attends !

– Quoi ? demanda Kain. Il faut continuer !

– Non ! Regarde ! dit-il en pointant du doigt un cristal de lumière à travers la brèche.

Il émettait une belle lueur verte.

– Jimdin m’a expliqué qu’il fallait suivre les lumières vertes pour se rendre au marché noir.

Kain fronça les sourcils. Il scruta la faille dans le mur.

– Et t’es sûr qu’il ne t’a pas raconté d’histoire ?

Allen haussa les épaules.

– Je ne pense pas.

Kain soupira.

– Allons-y. Mais vous êtes un peu naïf.

Noria aurait bien voulu lui faire ravaler son insulte, mais elle comprenait son point de vue. Elle aussi pensait que Jimdin lui avait menti pour qu’ils tombent dans un piège. Mais si d’un côté, les menaces d’Allen avaient fonctionné, il se pourrait bien que cette lanterne menait à son amie. Elle devait prendre le risque !

Après quelque temps d’hésitation, Noria fonça la première.

– On a qu’un moyen de le savoir !

Elle s’engouffra dans la brèche, se contorsionnant pour pouvoir passer. Une fois de l’autre côté, une forte odeur pestilentielle agressa ses narines. Elle mit la main devant son nez, prit d’une forte nausée.

– Chouette, déclara Kain en passant à son tour. Nous voilà dans les égouts de la ville.

Noria l’observa, le visage déformé par le dégout. Il tapota l’épaule de Noria.

– Alors ? Ça valait le coup ? dit-il dans un rictus.

Une folle envie de le jeter dans cette eau grise lui traversa l’esprit. Elle laissa ce désir dans un coin de son esprit et observa cet endroit lugubre, à la recherche de l’entrée du marché noir. Quelques cristaux éclairaient les trottoirs, dévoilant les rongeurs qui y avaient lieu domicile. Noria sentit un frisson lui parcourir l’échine, elle qui n’aimait pas les rats et les souris.

Kain passa en premier. Ils suivirent les lumières vertes qui se succédaient. Noria resta au centre de la file indienne, alors qu’ils arpentaient ce lieu immonde pendant des dizaines de minutes. Elle n’en pouvait plus de marcher dans des flaques visqueuses avec cette odeur horrible.

L’esprit de Noria vagabonda dans ses souvenirs. Elle se rappela les dernières missions faites avec Hirelda. Toujours de bonne humeur, elle aimait aider les villages à lutter contre les créatures corrompues. Une amie qui la suivait depuis toujours. Elle restait à ses côtés malgré la malédiction qui la rongeait de l’intérieur. Elle la rassurait, et n’hésitait pas à la prendre dans ses bras quand le chagrin la submergeait. Elle ne pouvait pas imaginer continuer son aventure, sa vie, sans elle. Elle était une amie irremplaçable.

Noria rentra dans le dos de Kain. Elle secoua la tête, puis se pencha sur le côté pour voir ce qui le poussait à s’arrêter si brusquement. Elle fronça les sourcils en voyant deux hommes garder une porte éclairée de lumière verte.

Ils avaient trouvé l’entrée du marché noir !

– Qui va là ? demanda l’un d’eux en voyant le groupe.

Noria poussa légèrement Kain. Il avança en se tournant vers Noria.

– Qu’est-ce qu’on fait ? chuchota le jeune homme.

– Ne reste pas immobile, répondit Noria. On va être suspect sinon. Continue d’un air serein pour y entrer.

Kain hocha la tête. Ils se rendirent devant les deux gardes, armées d’épées de fer. Vêtus intégralement d’une armoire noire, ils étudièrent le groupe de la tête aux pieds.

– Que voulez-vous ? demanda l’un d’eux.

– Nous rendre au marché noir, assura Kain.

– Ah oui ? Et comment savez-vous que c’est ici ?

– Euh…

Noria en avait plus qu’assez. Kain n’arrivait pas à répondre et cela jouait contre eux. Elle le repoussa vivement et s’approcha d’un pas menaçant vers le garde. Elle le toisa du regard, même s’il possédait un casque qui recouvrait son visage.

– Tu nous prends pour des débiles ? tonna la jeune femme. On sait très bien que les cristaux verts mènent au marché noir ! On n’a pas marché dans la pisse et la merde pour se faire questionner par deux ploucs. Maintenant, ouvre cette porte avant que je m’énerve !

Les deux hommes s’observèrent, indécis. Noria posa les poings sur ses hanches, prête à user de la magie s’ils tentaient quoi que ce soit. Allen agrippa le pommeau de son arme à son tour. Après quelques instants de silence, le garde hocha la tête.

– D’accord, entrez. Pas de bêtise ! dit-il en basculant les battants.

Les Titanomanciens déambulèrent dans un dédale de tunnels souterrains dans lesquels étaient creuser de nombreuses pièces. Des voleurs et des mercenaires discutaient de leur prochaine cible en buvant de la bière dans une taverne, tandis que des femmes peu vêtues aguichaient leur client dans les couloirs. Noria se sentait mal à l’aise dans un endroit aussi malfamé, aussi, elle prit la main d’Allen, lui qui surveillait les alentours avec attention pendant que Kain ouvrait la marche.

Ils passèrent une arche de pierre et découvrirent une immense caverne souterraine. Des guirlandes de lanternes éclairaient les bâtisses de bois qui formaient une grande résidence. Des centaines de personnes parcouraient les rues dans un brouhaha incessant. Au loin, surplombant toute cette cité, un bâtiment de brique dévoilait la richesse de son propriétaire. Des colonnes en or soutenait une terrasse, tandis qu’une grande pancarte avec le nom de Nowo inscrit dessus brillait sous les lumières.

– Au moins, on sait où aller, signala Kain.

– Mais comment ça se fait qu’un tel endroit existe ? questionna Noria.

Une femme s’arrêta à leur hauteur et passa le bras autour des épaules de Noria. L’haleine chargé d’alcool, les pupilles dilatés, elle déblatérait des phrases sans queue ni tête.

– Bah alors, tu n’connais pas…hic ! L’histoire du marché ? C’est… HIC ! anciennement les grottes pour le peuple et…

Un soldat en armure la repoussa.

– Viens pas causer des problèmes. Va cuver dans un coin !

Noria remercia le militaire, alors que la femme s’éloignait en titubant.

– Faites attention à vous. On ne veut pas de problème ici !

Noria hocha la tête et ils descendirent les escaliers de pierre jusqu’à la ville. La plupart des bâtisses n’étaient en fait que des échoppes. Un alchimiste vendait des mixtures, pour la plupart toxiques, à quiconque était capable de payer une petite fortune. Un forgeron proposait des armes enduites de poison, et même des lames maudites. Un peu plus loin, un commissaire-priseur organisait des ventes aux enchères d’œuvre d’art sans doute voler à leur propriétaire.

– Hé ! Vous là !

Les titanomanciens se retournèrent. Noria écarquilla les yeux quand elle reconnut Fécia, entourée de plusieurs soldats. Hirelda n’avait pas réussi à la vaincre ? Pourtant, son visage tuméfié par des bleus prouvaient qu’elle s’était battue de toutes ses forces. Le cœur battant la chamade, Noria s’approcha d’un pas menaçant.

– Où est Hirelda ? tonna-t-elle.

Un rictus se dessina sur le visage de Fécia.

– Bien au chaud chez Nowo. Elle doit passer un sale quart d’heure !

Noria serra les poings.

– Tu vas payer !

– Bien sûr ! Attrapez-les ! ordonna-t-elle.

Les soldats s’élancèrent sur le groupe, alors que la population s’écartait. Ils ne fuyaient pas, au contraire, ils étaient heureux de voir de l’action en plein cœur du marché. Ils tendaient les bras pour encourager soit Fécia, soit Noria. Ils voulaient un beau combat, et ils allaient être servis.

Mais avant même que Noria n’utilise ses pouvoirs, Allen chargea dans un cri de guerre. Il dégaina sa grosse épée et utilisa ses pouvoirs du vent pour alléger son poids. Grâce à ça, ses premiers adversaires furent découpés en morceau avec une facilité déconcertante. Voyant leur collègue tomber comme des mouches, les soldats se regroupèrent pour réfléchir à une stratégie, tandis que Fécia jouait avec sa lance.

– Partez devant ! cria Allen. Je m’occupe d’elle !

Noria voulut protester, mais Kain lui agrippa la main et la tira vers lui. Ils coururent à travers la foule, bien trop occupé par un affrontement que par des fuyards. Kain profita de cette distraction pour se fondre dans la masse, comme il savait si bien le faire, mais la couleur des cheveux de Noria ne passait pas inaperçue.

Derrière eux, les bruits d’un combat sans pitié s’élevaient avec celle de la foule. Des paris étaient lancés sur le gagnant, et Noria était surprise de voir que tout le monde préférait Allen à Fécia.

Mais pas le temps d’y penser. Kain et Noria grimpaient un nouvel escalier jusqu’à l’entrée du manoir. Noria se tourna pour voir son ami se battre comme un forcené. Autour de lui, le sol était jonché de cadavre. Elle se rassura comme elle pouvait, voyant qu’il allait gagner son duel.

– Concentre-toi. C’est loin d’être fini.

Interloquée, la jeune femme observa la cour intérieure. Derrière le portail, des dizaines de soldats se préparaient déjà à les affronter.

– Tu peux tous les tuer, non ? demanda Kain.

Il ne savait toujours pas pour sa malédiction. Sous terre, elle pouvait les éliminer en l’espace de quelques secondes, mais cela lui couterait cher. Elle baissa les yeux, honteuse, n’osant pas lui répondre.

– Je ne sais pas pourquoi tu ne les utilises pas, mais va falloir faire une entorse à ta règle à la con !

Kain soupira.

– Je m’en occupe, reste là.

– Quoi ? s’étonna Noria. Mais ils sont une dizaine !

– Et alors ? Je ne suis pas comme toi, je n’hésite pas à me servir de ma magie. Et si tu hésites, tu me gênes !

Noria accusa le coup. Elle serra les poings, une larme perlant le long de sa joue. Elle ne pouvait rien répondre à son attaque, tant bien qu’elle fût vraie. Kain ouvrit le portail et dégaina ses lames.

– Bon, on y va les gars ?

Il ne semblait pas avoir peur. Et Noria comprit rapidement pourquoi. Kain concentra sa magie et une brume bleue émana de son corps. Un sourire aux coins des lèvres, il laissa les soldats lui foncer dessus pour lui asséner le premier coup. Noria crut que l’épée du premier allait fendre son corps, mais elle ne coupa qu’une image rémanente. Surpris, le garde essaya de nouveau, mais il avait l’impression de pourfendre de l’eau.

Kain réapparut derrière lui pour lui planter les dagues sous le casque. L’homme s’écroula dans un râle, puis le Titanomage continua son massacre. Il offrait des illusions parfaites à ses ennemis, tandis qu’il utilisait l’eau pour former un miroir. Il se camouflait ainsi pour attaquer par-derrière. Déstabilisés, les soldats tombaient les uns après les autres, leur sang recouvrant une partie de la cour. Bientôt, les pavés qui la composaient devinrent rouges.

Les portes s’ouvrirent à la volée, vomissant un flot de guerriers. Kain pesta avant de reculer vers Noria.

– Faut que t’avances ! On ne peut pas rester là !

Noria resta bouche bée devant la personne qui suivit le flot de gardes. Borg, le garde bâti comme une armoire dépourvu de toute pilosité, s’avança d’un air menaçant. Il n’avait pas l’air inquiet d’affronter un Titanomancien, malgré les réticences de ses sbires.

– Mais…

– Écoute, si t’as pas de pouvoir, tu ne sers à rien !

Noria tremblait de peur. Elle n’osait pas les utiliser, mais elle ne pouvait pas non plus le laisser affronter toute cette armada seul. Alors qu’elle faisait le tour de la question, Kain s’élança sur ses adversaires, usant de sa magie pour les tuer les uns après les autres. Rassurée de voir qu’il s’en sortait, Noria passa sur le côté pour entrer dans le bâtiment sans être vue.

Mais Borg se tourna vers elle. Il tendit la main et une chose inattendue se produisit. Une brume rouge émana de son corps. Ainsi, c’était un Titanomancien ? Elle pesta alors qu’une boule de feu sortit de sa paume pour s’élancer sur elle. Elle sauta sur le côté pour l’éviter, mais lorsqu’elle percuta le sol, le souffle de l’explosion la projeta en avant.

Elle se redressa, alors que Borg s’approchait d’elle. Son regard chargé de colère, de haine. Il avait envie de tuer. Son animosité poussa Noria à se relever rapidement pour faire face à cette montagne de muscles. En position défensive, Noria chercha un moyen de le distraire pour aller délivrer son amie.

Kain apparut dans son dos, prêt à l’égorger. Mais Borg ne bougea pas d’un pouce. Au lieu de ça, des flammes sortirent brusquement de son corps. Kain n’eut d’autre choix que de battre en retraite. Le feu s’éteignit brusquement, mais la chaleur s’emparait du terrain de combat.

Les illusions de Kain ne fonctionnaient plus. L’eau s’évaporait sous la température, et bientôt, il se fit encercler par le peu de soldat qu’il restait. Il n’avait plus aucune chance de s’en sortir vivant. Noria cria son nom, alors qu’il cherchait désespérément un moyen de s’en sortir.

Noria se mordit la lèvre inférieure. Elle devait faire quelque chose, même si cela devait raccourcir sa vie. Ses amis comptaient sur elle, elle ne pouvait pas les laisser mourir. Le doute ne lui était plus permis. Alors, elle décida d’intensifier son énergie. Une brume verte émana de son corps, et elle tendit les mains en avant.

– Vous l’aurez voulu !

Des ronces sortirent du sol, détruisant les pavés sur leur passage. La terre se souleva, faisant vaciller les soldats. Ils crièrent des ordres, tentèrent de fuir, mais Noria ne comptait pas les laisser partir si facilement. Au contraire, les lianes s’enroulèrent autour d’eux et leurs épines transpercèrent les armures pour se ficher dans leur peau.

Bientôt, des hurlements de douleur résonnèrent. Borg était lui aussi pris au piège, même s’il essayait de se défendre. Le sang ruisselait le long de son corps, mais cela ne l’affectait pas davantage. Il observait ce tour de passe-passe avec curiosité, comme si la douleur ne pouvait pas lui arracher un hurlement.

Noria fit un geste de la main pour que les ronces enserrent ses victimes. Les soldats moururent dans une agonie bruyante. Ils s’effondrèrent dans des râles, alors que leur sang continuait de repeindre le sol.

La respiration de la Titanomancienne devint de plus en plus difficile. Une forte douleur s’empara de sa poitrine, comme si des épines transperçaient son cœur. Elle tomba un genou à terre, haletante.

– Pas maintenant… pensa-t-elle.

Pourtant, son tatouage grandit. Sa malédiction s’apprêtait à dévorer sa vitalité à nouveau. Mais elle devait tenir. Devant elle, Borg se débarrassait des ronces en les calcinant sans aucun effort.

Noria se releva avec peine. Borg fit apparaître des boules de feu dans ses paumes et les lança sur Noria. Cette dernière tendit brusquement les bras en l’air. Des ronces sortirent du sol pour s’enrouler autour d’elle en une sphère parfaite, la protégeant des explosions de l’attaque de Borg.

Avec un effort surhumain, elle déplaça les lianes pour les envoyer sur son adversaire. Il en dévia quelques-unes d’un geste de la main, mais d’autres réussirent à lui transpercer les cuisses. Toujours aucun cri de douleur ne sortit de sa bouche. Seule une grimace se dessina sur son visage.

Il attrapa la liane et la brula rapidement. Borg fondit sur Noria à toute vitesse. Sa vue se troubla, alors que la douleur devenait insupportable. Sa poitrine brulait, son cœur battait beaucoup trop vite. Elle n’arrivait même plus à respirer.

Elle sortit de nouvelles ronces du sol pour emprisonner Borg, mais ses pouvoirs du feu lui permirent de s’en défaire rapidement. Il frappa Noria d’un coup de poing puissant, et elle se retrouva au sol, à moitié sonné. Elle appela à l’aide, mais Allen n’était toujours pas là.

Tout à coup, la douleur dans sa poitrine devint extrêmement violente. Les mains sur son tatouage, elle hurla de douleur, alors que son corps fut pris de tremblement. Elle sentit sa vie diminuer, comme si quelqu’un lui volait le peu d’années qu’il lui restait.

Lorsque sa souffrance diminua, elle suffoquait, à moitié morte. Elle vit Kain se battre contre Borg de toutes ses forces, mais le Titanomancien de feu usait de son pouvoir pour n’en faire qu’une bouchée. Noria vit une vague de flamme submerger le terrain et avaler Kain. Triste de voir un partenaire partir en fumée, elle essaya de se relever pour lui prêter main forte, mais elle s’écroula dans un dernier soupir.

***

Noria se réveilla doucement. Elle battit des paupières, le cœur endolori. En ouvrant les yeux, elle découvrit une grande pièce obscure. Quelques cristaux éclairaient des instruments en métal, tous aussi inquiétant les uns que les autres. Elle tenta de se relever, mais ses mains étaient accrochées à des chaines.

– Noria ?

Elle reconnut cette voix ! Si familière, cela la combla de bonheur de voir Hirelda dans un autre coin de la pièce. Noria lui sourit.

– Hirelda ! Tu es vivante ! Je suis tellement soulagée…

– Ouais, enfin, j’aurais préféré que tu ne sois pas avec moi.

Elle observa la pièce, à la recherche de Kain. Mais il n’était toujours pas là. L’attaque de Borg l’avait-il complètement balayé ? Elle ferma les yeux, les larmes perlant le long de ses joues. À cause d’elle, une personne venait de mourir. Et elle avait peur. Peur que ce soit le tour d’Hirelda, maintenant qu’elle ne pouvait plus la sauver.

Son amie avait des bleus partout sur le visage. Du sang avait coulé de son nez et de sa bouche, comme si elle en avait craché. La pauvre sortait de séances de torture.

– Hé ! appela Hirelda. Tout va bien se passer. On va sortir d’ici rapidement !

– Comment ? demanda Noria. Tu peux te servir de ta magie ?

Hirelda secoua la tête.

– J’ai l’impression que nos chaines bloquent nos pouvoirs, je ne sais pas pourquoi…

Une porte s’ouvrit à la volée, laissant un flot de lumière agresser les yeux de Noria.

– Tu as raison, répondit l’homme qui venait d’entrer en compagnie de Borg. Elles ont été construites avec de la Titanite et avec un sort qui permet de sceller vos pouvoirs.

Nowo. Une personne petite et grassouillette. Il jouait toujours avec son bouc, un air hautain sur le visage. Il prit une chaise et s’installa face aux deux Titanomanciennes. Il croisa les jambes et les observa d’un air courroucé.

– Bon, j’aimerais savoir pourquoi vous prenez le soin de mettre le bazar dans mes affaires. Cette gamine n’a pas voulu me répondre malgré les coups que je lui ai mis.

Hirelda ricana. Noria sentit la colère l’envahir. Ainsi, et homme avait osé toucher son amie.

– Alors ça va être ton tour, décida Nowo à l’égard de Noria.

Il fit un signe de tête à Borg. Celui-ci s’approcha d’elle. Son cœur se serra. Elle ne pouvait pas se défendre dans cet état, et même sans les chaines, elle ne pouvait plus utiliser la magie à cause de sa malédiction. Elle était bien trop faible maintenant qu’une épine de plus devait être apparue sur son tatouage.

Elle subit alors les coups dévastateurs de Borg. Il lui broyait le visage, les côtes, quitte à en entendre se briser sous l’agressivité du personnage. Comme elle ne répondait toujours pas, Borg usa de sa magie pour bruler ses bras pendant que Nowo sifflotait un air enfantin, essayant de recouvrir les cris de Noria.

Lorsque Borg s’arrêta, Noria pensait tout leur dire. Elle ne voulait pas en subir davantage. Jamais elle n’avait senti son corps aussi faible et meurtri qu’aujourd’hui. Elle cracha une gerbe de sang et toussa. Hirelda se débattait, insultant Borg de tous les noms.

– J’ai tout mon temps, déclara Nowo.

Cette phrase terrorisa Noria. Il pouvait continuer comme ça pendant des jours. Les affamer, les torturer, personne n’allait l’arrêter. Noria ravala un sanglot, ne voulant pas montrer sa faiblesse à cet homme.

– Tu peux continuer Borg, dit-il d’un ton nonchalant.

Noria ferma les yeux, suppliant son tortionnaire.

Puis la porte vola en éclat dans un fracas assourdissant. Nowo et Borg virevoltèrent, surpris. Noria resta bouche bée. Allen se tenait là, son épée en main, une énergie verte émanant de son corps recouvert de sang. Animé par la colère, la haine, son regard sombre foudroyait les deux propriétaires des lieux.

Hirelda pouffa à nouveau.

– Vous êtes morts… annonça-t-elle simplement.

Nowo recula et ordonna à Borg de le tuer. Il s’élança sur le Titanomancien, le poing enflammé. Allen ne bougeait pas. Ses yeux observaient Noria, horrifié. Elle pleurait. Heureuse de le voir.

Lorsque Borg fut à portée d’Allen pour le frapper, son corps fut propulsé à l’autre bout de la pièce. Il s’écrasa contre le mur qui se lézarda sous la puissance de l’impact. Nowo resta pantois, reculant encore jusqu’à se retrouver acculé. Allen ne se préoccupa pas de lui et rejoignit Noria pour la libérer. Elle l’enlaça, soulagée de l’avoir retrouvé. Allen la porta, puis s’en alla vers Hirelda pour déposer son amie à son chevet.

– Excuse-moi, Allen, lui dit Hirelda. Je n’ai pas su la protéger…

Noria ne comprenait pas pourquoi elle lui disait ça. Noria regarda Allen, alors qu’elle se trouvait allongée sur les cuisses de son amie. Elle ne l’avait jamais vu autant en colère. Une haine indescriptible parcourait ses pupilles.

– Je m’en occupe, répondit-il simplement.

Il se releva et retourna au combat. Borg se relevait avec peine, mais était déjà prêt à se battre. Il utilisa toute sa magie pour faire bruler son corps et ses poings. Allen, lui, utilisait le vent pour faire léviter son épée. Il ne la tenait même plus. Noria savait que cela lui coutait beaucoup d’énergie de faire ça, mais il semblait décidé à en finir.

Borg s’élança de toutes ses forces. Allen l’attaqua à distance avec son épée virevoltante. Elle donnait du fil à retordre à son adversaire, qui n’arrêtait de l’éviter. Bien trop occupé sur la lame d’Allen, ce dernier marcha jusqu’à lui et l’attaqua. Un coup de poing bien placé le fit chanceler.

Allen rappela sa lame, et alors que Borg se redressait pour contre-attaquer, Allen lui coupa un bras. Cette fois, le garde du corps de Nowo hurla de douleur alors qu’une gerbe de sang éclaboussa un pilier de pierre. Il tituba en arrière, cherchant un moyen de se protéger d’Allen. Mais il n’avait nulle part où fuir sa colère. Allen jeta son arme en avant. Borg l’évita d’un bond sur le côté, mais Allen arriva à nouveau à pleine vitesse grâce à sa magie. Il frappa Borg de multiple coup en pleine figure. La chaleur des flammes qui émanait de son corps ne l’arrêtait même pas.

Borg évita une attaque en se baissant et tenta un uppercut enflammé. Mais Allen tourna autour de lui. Il attrapa son épée fichée dans le mur, puis lui lacéra le dos. Borg se cambra en criant, mais Allen n’en avait pas fini. Il lui transperça le cœur, puis en utilisant toutes ses forces, il remonta la lame qui le sectionna en deux.

Le corps de Borg s’écrasa au sol dans une mare de sang. Allen l’enjamba et s’approcha de Nowo. Pris de panique, le gérant courut vers la sortie. Mais une dague se ficha dans son ventre. Puis une autre dans son cou. Kain apparut, jusqu’alors camouflé, et laissa tomber le corps sans vie de Nowo. Il s’étouffa dans son propre sang, essayant d’insulter Kain, puis la vie le quitta.

Allen revint vers Noria, qui avait dû mal à rester réveiller. Il la prit dans ses bras et prit le chemin de la sortie.

– Merci, Allen… chuchota Noria, épuisée.

Elle n’arriva pas à entendre sa réponse. Elle posa la tête sur son épaule et s’endormit.


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