Hypocrète, l'Antépoète
Je n’aime pas la poésie
Elle est pleine d’hypocrisie
On y trouve tant de rimes ridicules
Mais on réprouve le terme “en*ule”
Que je masque d’un astérisque
Pour faire oublier le vil obélisque
Qu’on souhaite rarement voir s’immiscer
Dans notre derrière, sensible intimité
Cette poésie est peuplée de coquins
Au piètre nom d’Alexandrins
Qui clament “ Écarte tes hémistiches
Que j’enfonce ma grosse césure ”
Et encore je n’ai pas employé le mot “miches”
Pour esquiver mesdames la Critique et la Censure
Je n’aime guère la poésie
Elle est remplie d’hypocrisie
Cette poésie ne parle que de la Mort et de l’Amour
Thèmes éculés par des générations de troubadours
Eros et Thanatos doivent bien se marrer là où ils sont
Se vautrant dans leurs royalties, gloussant comme des cons
Et croyez-moi, j’ai beau avoir beaucoup réfléchi
Il n’y a que cette question qui résiste à mon génie
Les poètes sont-ils si torturés par ces divinités
Qu’ils ne sauraient à quel autre saint se vouer ?
Amenez donc les moi tous que je leur présente
Le panthéon trivial des envies pressantes
Saint Pipi, Saint Caca et toute leur descendance
Qu’ils y puisent leur inspiration avec abondance !
Je déteste plus que tout la poésie
Elle est boursouflée d’hypocrisie
Je parle de la solitude qu’éprouvent les poètes
Alors que je suis Hypocrète, le seul anachorète
Ils forment à eux tous une horde de cénobites
Qui n’ont de cesse que d’astiquer leurs mythes
Ils forment la foule, les phalanges de la légion
Je suis leur Antéchrist. Ils sont la religion.
Il n’y a pas d'honnêteté dans toute cette poésie
Je le sais d’autant plus qu’au moment où j’écris
Je lis dans mon dico la définition d’hypocrisie
Et je savoure ces lignes avec une subtile ironie
Comprenez que le sens change radicalement
Lorsque j’exprime l’inverse de mes sentiments
J’adore sincèrement la poésie
Elle catalyse mon hypocrisie !
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