Baume d'eau mentholée

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Sais-tu ce qu'est le bonheur ?

C'est le timing. C'est l'odeur de l'air pur. C'est le vent frais et bon, chaud, enveloppant. C'est les criquets qui rient sous un soleil de plomb. C'est le soleil, le soleil brûlant, le soleil Total. C'est le grenier et son plafond de carton. C'est ses souris qui y courent et qui l'agrémentent d'une douce pluie de poussière. La petite fenêtre qui donne vue sur le monde.

Le bonheur, c'est partir dans un bus en ne connaissant que le nom de son arrêt, en ne sachant qu'une chose : c'est loin. C'est confier sa vie entre les mains de parfaits inconnus en vertu de la confiance originelle et ancestrale sur laquelle repose les fondations de la société humaine. C'est cette vieille voiture qui tremble, sans frein à main, pleine de terre, de paille et de tabac froid.

Le bonheur, c'est l'arrivée dans une forêt de conifères, aux évocations multiples et polyphoniques d'échos lointains de rêves qui se répondent. C'est être sur un coin de terrasse en silence, avec pour toute musique un carillon qui chante au gré de la brise. Le paisible, le calme et le chaud.

Le bonheur a une odeur de menthe fraîche et de menthe séchée. Il se répand jusqu'à la tablée, la merveilleuse, fabuleuse et invraisemblable tablée.

Le bonheur, c'est le feu qui crépite, l'odeur de son essence, les choses qu'il fait chauffer. C'est le bois et la hache. La force vertigineuse, la force qui était là. Le cri qui résonne, la langue simples et les idées profondes. Les boîtes de Silène humaines, le bruit lourd du bois léger, sa cavatine résonnante.

Le bonheur c'est partir dans une ville et savoir que l'on est attendu alors qu'on est inconnu. C'est le couteau qui ne tranche pas, la roue d'eau qui tourne. L'allée verte claire et les sourires généreux, c'est remarquer la similarité qu'il y a entre les deux.

Le bonheur, c'est le silence. Le silence des rêves, la paix des forêts, la quiétude des repas, de l'air. C'est cette voix douce et fluette, ce regard pâle et tranquille, ces mains fortes et douces. Le bonheur, c'est cette hésitation que rien n'interrompt, que le temps ne presse pas et qui a un champ infini pour devenir une affirmation.

Le bonheur, c'est la liberté. La divine, l'angélique, la sublime liberté.

C'est éphémère, comme si tout ceci n'était qu'un songe hors du désespoir. Il s'agit de voir toute la beauté en une fois. Comme une floraison sur le point d'éclater. Puis il faut la laisser glisser, comme de l'eau et du silence, comme le monde sur nos êtres pleins.

Le 25 Août 2019

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