Piano de gare

Une minute de lecture

D’une suite de privations, de frustrations et de déceptions peut naître une étincelle étonnante à la capacité de les effacer en une fraction de seconde. Désir indicible, volonté inaccomplie des temps et des temps durant pour être réalisés par un regard, à la fois d’un blanc éclatant et d’un noir profond qui les entoure. Le contraste entre les limites sombres de la prunelle que forment les cils et le reflet de l’âme visible dans la lumière des yeux est beau. Une beauté inexplicable, insondable, intouchable mais absolue.

La vie paraît parfois si resplendissante que c’est à se demander si les moments où elle brille tant ne sont pas un rêve. Elle est alors parfaitement réelle, ancrée à soi et chaque moment que l’on vit sont immédiats. Comme une feuille de calque à plusieurs dimensions, lorsqu’elle se trouve être celle du milieu qui colle à la hauteur de soi-même, alors elle est heureuse. Comme une mer qui ne satisferait que d’un monde qui puisse former une droite dont elle formerait l’origine. Le bonheur est de l’eau, qui hydrate et dessèche à la fois la peau qu’elle touche.

La musique tourne sans répit encore et encore dans l’oreille de la pensée. N’est-elle qu’un idéal ou une réminiscence ? Comme un jukebox qui n’aurait qu’un disque à faire chanter, ton jeu revient sans cesse dans des fleurs qui me fixent. Une musique à l’égal de son interprète, insaisissable. Consciente de sa propre beauté, elle en est écrasante et ne peut qu’être soit admirée en totale soumission face à elle, soit haïe à l’extrême par la frustration de ne jamais pouvoir la faire sienne. Cette musique pourrait bien être l’ultime antidote ou le poison des chaînes infinies. Le seul moyen de les briser serait alors de devenir sourd, et de se décaler des feuilles de calque de cinq centimètres partant ainsi dans une dimension subalterne des feuilles superposées les unes aux autres. De provoquer l’irrégularité des ondes marines, des vagues, des remous de la mer en lui arrachant son uniformité. L’ennui guette quiconque se décolle de sa réalité.

Le 25 Mai 2018

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