Le magasin

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Le magasin était plongé dans la pénombre malgré le fait qu’il était près de midi. Cet endroit avait une aura étrange, personne ne pouvait en apercevoir l’intérieur depuis la rue. La seule façon de savoir à quoi servait ce bâtiment était de rentrer à l’intérieur. Le magasin n’était qu’une suite d’étagères et de tables où étaient entreposés un grand nombre d’objets dont la plupart des gens en ignorait l’utilité. Le lieu était propre mais on sentait le poids des ans flotter sur ce qui au premier abord pouvait ressembler à un bric-à-brac minutieusement rangé. Une fois rentré on pouvait voir que l’obscurité donnait à cet endroit des airs lugubres qui ne contrastait pas avec le maître des lieux. Mais pour le moment le magasin n’avait pas de visiteur et le patron était assis à son bureau au fond de la grande et unique pièce du commerce. Il était en train de faire les comptes. C’était un homme âgé d’une quarantaine d’années, il portait la barbe des gens qui ne croient pas à l’utilité d’un rasage quotidien. Habillé d’un costume sombre il ne dépareillait pas avec le reste du magasin. Après tout il l’avait fait à son image, mystérieux et sans âge. Il abandonna son livre de compte pour regarder l’horloge qui était suspendu au mur à sa droite et pensa que sa cliente était en retard il était midi dix. Il se demanda si elle avait réussi ce qu’il lui avait demandé, cela n’était pas si compliqué. Après tout il avait lu le journal du jour et il parlait d’un incident lors d’un vol dans le chantier de fouille qui était justement là où la jeune fille devait se rendre. Le journal n’en disait pas plus, il parlait juste de fouilles qui avaient été entreprises depuis quelques mois sur la demande d’un riche mécène et de l’incident qui venait de s’y dérouler puis il parlait un peu de l’histoire oublié de la région. L’auteur de l’article était partis dans tous les sens et ne donnait pas vraiment l’information qu’on pouvait attendre d’un tel article. Il se replongea dans ses calculs et ce dit qu’ils n’étaient pas fameux depuis le début de l’année. Son magasin ne lui permettait pas de vivre décemment mais il avait une autre source de revenus. En plus de vendre des objets de toutes sortes il vendait des informations au plus offrant, ou dans le cas de cette jeune femme a celle, qui pourrait lui permettre d’embellir sa collection. Il ne collectionnait pas les objets, malgré tout ceux exposés dans son magasin, cet homme était plutôt attiré par les riches collectionneurs. C’était eux qui lui permettait généralement de mettre la main sur des informations et ses informations étaient monnayable. La valeur de l’information pouvait dépendre de plusieurs critères, mais avec le temps il avait appris la valeur de chacune des informations qui atterrissait dans son esprit. Il avait bien évidemment pensé à abandonner son commerce traditionnel mais il avait abandonné l’idée en s’apercevant que toute la théâtralité du lieu pouvait l’aider à maintenir la discrétion nécessaire à ses opérations. Après tout il n’était que l’humble propriétaire d’une boutique minable dans un des quartiers du centre-ville les moins visités et cela lui allait parfaitement. Ses clients étaient souvent des touristes en quête d’un peu de frissons mais qui étaient toujours déçu quand ils découvraient la vraie teneur de son magasin. Ses clients spéciaux eux étaient beaucoup plus facile à reconnaître car il ne prêtait pas attention à ses objets mais venait directement le voir à son bureau. Mais ce jour-là quand elle entra il ne sut pas immédiatement dans quelle catégorie elle rentrait. En effet elle semblait visiter son magasin a la recherche d’un objet. Le magasin était calme et sombre comme à son habitude, quand une jeune femme entra. Il devait être aux environs de 13 heures. C’était une belle jeune femme, une jeune femme habillée comme quelqu’un qui part à l’aventure. Elle n’était pas très grande, son visage était fin et il n’était pas marqué par la vie, comme si elle n’avait jamais rien perdu ni connue la peur ou les soucis. Elle resta sur le pas de la porte quelques instant puis pénétra dans le magasin sans fermer la porte.

« Bonjour mademoiselle. Excusez-moi de vous dire ça mais vous pouvez fermer la porte s’il-vous-plaît ? »

« Bonjour. Je veux bien mais dans ce cas-là je ne suis pas sûre d’avoir assez de lumière pour pouvoir trouver ce que je cherche »

« Il y a une raison à cela. Mais qu’est-ce que vous cherchez ? »

Le patron se leva en prononçant ces mots, la jeune femme a l’autre bout du magasin ne devait pas être âgée de plus de 25 ans mais semblait sûre d’elle.

Le patron s’approcha de la porte, tandis que la jeune fille regardait les objets de la première étagère à côté de la porte.

« Je cherche la personne qui tient cette boutique. Ces objets ont l’air intéressants vous n’avez rien de plus exotique ? »

Elle s’agenouilla pour regarder le plateau du bas de l’étagère qui contenait des poupées de porcelaine.

« Bien vous m’avez trouvé. Je me présente, je suis Sanchez le patron de cette boutique. Que voulez-vous dire par plus exotiques ? »

« Enchanté monsieur Sanchez, je me nomme Sathis. Pour répondre à votre question Eddie m’a dit que votre boutique contenait de nombreux objets exotiques, et là je ne vois rien qui correspond à sa description »

Surpris à l’annonce de ce nom Sanchez eu un petit sourire.

« Donc c’est ce vieil Eddie qui vous a envoyé vers moi ? Comment va-t-il ? Fermez la porte et accompagnez-moi à mon bureau. Pour les objets plus exotiques ils ne sont pas à l’entrée du magasin »

Sathis marcha le long de l’allée en s’approchant de Sanchez et quand elle le rejoignit il se dirigea vers le fond du magasin et s’installa à son bureau. Ce dernier était recouvert de quelques objets étranges, de vieux livres et d’un grand chandelier ou brillait 5 grandes bougies qui suffisait à illuminer le bureau ainsi que la partie de la pièce où il était installé.

« Je vous en prie prenez place » et il lui désigna une chaise rembourrée qui faisait face au bureau.

« Alors comme ça c’est de vous dont parlait la dernière lettre que m’a envoyé Eddie ? J’ai du mal à croire, en vous voyant, que vous lui avez rendu ce service. Mais pourquoi pas, alors que voulez-vous ? Il n’a pas été très explicite sur les raisons de votre venue »

Sathis s’avança sur le bureau et lui dit :

« Je cherche des informations sur l’étranger… »

« C’est un peu vague, vous n’avez pas son nom ou une description précise ? Il a fait quoi cet étranger pour que vous cherchez des informations sur lui ? »

« Il a sauvé mon village il y a de cela 10 ans… »

Sanchez réfléchit quelques secondes, c’était décidément très vague comme description.

Sathis ajouta : « …puis il a mystérieusement disparu. »

Immédiatement Sanchez compris de qui elle parlait

« Ha, cet étranger-là... J’ai en effet peut-être quelques informations sur lui, mais vous savez que malgré tout ce que cet homme a fait, il reste quelque peu…... mystérieux. »

Sathis se reposa sur sa chaise et dit en croisant les bras :

« Je sais déjà tout ça, je l’ai déjà rencontré. Mais c’était il y a 10 ans »

« Evidemment, vous l’avez rencontré quand il a sauvé votre village j’imagine. »

Sathis fit signe de la tête que non : « non, je ne l’ai pas vu directement quand il était au village mais je l’ai rencontré quelques jours plus tard par hasard. Quand je l’ai vu j’ai su qui il était »

« Comment ça vous l’avez su ? »

« La d’où je viens il est facile de reconnaître un étranger… »

Sanchez ne savait pas s’il devait être agacé par la réponse de la jeune fille, il soupira. « C’est une chose rare de nos jours d’avoir entendu parler de lui et encore plus de l’avoir rencontré, peu de gens peuvent s’en vanter, d’ailleurs peu de gens s’en vantent. Pour en revenir aux informations que je possède, je ne peux garantir leurs authenticités. Comme vous le savez il ne reste jamais longtemps au même endroit et disparaît et réapparaît au gré de ses envies. Ce qui ne facilite pas le recueil d’informations. Mais j’ai en ma possession des choses qui pourraient être intéressantes pour vous. Cela fait longtemps que personne n’était venu me demander de telles choses. Enfin bon vous vous doutez bien que beaucoup ont voulu la même chose que vous mais ont abandonné car la moitié des choses que je sais à son sujet sont a peine croyable et les autres probablement fausses. Mais c’est vraiment difficile de faire le tri entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. En revanche le prix sera la même »

Sathis écouta son interlocuteur sans l’interrompre, l’envie ne lui en manquait pas pourtant. Elle voulait ces informations à tout prix mais ce Sanchez avait l’air d’aimer parler.

« Comment avez-vous eu ces informations ? » demanda Sathis

« Cela fait quelques années que je fais ce métier mademoiselle et même si je ne vais plus chercher mes informations directement sur le terrain je connais les personnes qui peuvent me trouver ce dont j’ai besoin. » Sanchez sourit en disant cela, un sourire fier de celui qui sait qu’il est le meilleur dans ce qu’il fait.

Sathis pris une longue inspiration et dit dans un soupir :« Très bien, combien cela va me couter ? »

Sanchez la regarda et lui répondit « Très cher j’en ai bien peur, cet homme est un mystère pour tout le monde malgré tout ce qu’il a fait, d’ailleurs peut être même qu’il n’existe pas et que c’est une invention »

« Je savais que cela allait me couter cher, mais Eddie m’a dit qu’on pouvait s’arranger. Mais je sais qu’il existe, je vous ai dit que je l’ai rencontré »

Sanchez réfléchis un moment…

« Eddie a raison, c’est possible de s’arranger j’ai peut-être un travail pour vous. Ça risque d’être compliqué mais si vous avez pu l’aider vous allez sûrement pouvoir m’aider. Je le connais depuis longtemps et si cet idiot vous fait confiance je pense que je vais faire pareil »

Sathis regarda Sanchez quelques instant puis elle lui dit « Je vous écoute, finissons en. »

Sanchez se leva de son fauteuil et commença à faire quelques pas autours du bureau « Voilà, j’ai financé et par financé je dirai plutôt quelqu’un a financé pour moi des fouilles dans un endroit pas très loin d’ici. Je sais qu’il y a quelques jours a été découvert ce que je voulais que l’on me trouve. »

Sathis sembla étonnée « Et vous voulez que je vous ramène ce quelque chose ? Ça a l’air facile »

Sanchez sourit « En apparence oui, mais le problème c’est que je ne suis pas le seul à vouloir ce quelque chose, il faut donc que vous arriviez avant d’autres personnes ou qu’au pire vous leur voliez cet objet. C’est une statuette en jade représentant une ancienne déesse qui était vénérée dans cette région il y a quelques siècles »

Sathis fronça les sourcils et s’exclame « Je ne suis pas une voleuse !! »

Sans cesser de sourire Sanchez ajouta « Il n’y a rien de honteux a voler des voleurs mais avec de la chance vous n’aurez rien à faire à part vous présenter sur les lieux de fouilles, vous remettrez cette enveloppe au chef de l’équipe. » En disant cela Sanchez ouvrit un des tiroirs du bureau et en ressorti une enveloppe grise petite mais assez épaisse qu’il tendit a Sathis. « En échange il vous remet l’objet, vous rentrez me voir et vous avez certaines informations »

Sathis regarda l’enveloppe quelques instants « D’accord, comment s’appelle cet homme ? »

Le sourire de Sanchez s’agrandit « C’est le chef Gary, vous le reconnaitrez facilement il a toujours un chapeau marron une chemise rouge et il hurle sur tout le monde. Par contre il faut que vous partiez de suite. C’est au nord à une trentaine de kilomètres d’ici, vous ne pouvez pas vous tromper c’est à côté d’un village qui s’appelle « Tapinak » pour y arriver vous suivez la route et une fois sur place…je ne pense pas que vous allez avoir de problèmes pour trouver l’endroit. Mais je pense que vous avez raté la seule calèche qui partait dans cette direction, je vous déconseille d’y aller à pied vous n’avez pas l’air d’être ici et vous aurez peut etre du mal a pas vous perdre. Ça vous fera partir demain dans la matinée »

« Je pense que je suis arrivé par celle qui devait continuer dans la bonne direction, je connais l’horaire je la prendrais demain. » Sathis se leva prit l’enveloppe qu’elle trouva plutôt lourde et la fourra dans la poche intérieure de sa veste. « J’imagine que je ne saurai pas à quoi ressemble ces personnes qui en ont après la statuette ? »

« Je ne le sais pas moi-même, mais j’imagine qu’ils auront une allure patibulaire, mais il n’est pas certain que vous les croiserez. »

Sathis fit demi-tour et partit par là ou elle était arrivée, elle pensait. Avec de la chance…..elle qui n’avait jamais ce genre de chance, ça allait être encore plus compliqué que prévu. Sanchez quant à lui ne savait pas quoi penser de cette fille, il devait bien un service à Eddie mais ce qu’elle lui demandait était particulier, même peut-être dangereux enfin pour elle. Il déplora le fait qu’il n’avait pas de chose de plus compliqué à lui faire faire. Simple mais potentiellement dangereux voilà comment il pensait à ce qu’il lui avait demandé de faire. Il se dit qu’il choisira soigneusement les informations qu’il allait lui donner et si jamais elle en demande plus il aura peut-être une ou deux autres choses à lui faire faire. Enfin quand elle reviendra, si elle revient. Il se replongea dans ses comptes en se disant qu’ils n’étaient pas fameux cette année.

Il avait beaucoup pensé à cette histoire depuis le départ de la jeune fille. Aucunes nouvelles ne lui étaient parvenus jusqu’à aujourd’hui et un article dans le journal du matin. Sanchez était nerveux en se disant qu’elle avait dû rencontrer quelques difficultés. Mais sa nervosité lui fit se demander si les difficultés n’allaient pas la suivre jusqu’à son magasin, jusqu’à lui. Il détestait les complications, surtout celle qui venait le déranger jusqu’à chez lui après tout c’est parce qu’il aimait la tranquillité qu’il employait toutes ses personnes. L’article en question faisait part d’un incident qui était survenu la veille dans le chantier de fouille, apparemment un vol qui avait mal tourné, peu de nouvelle si ce n’est une mauvaise nouvelle. Il avait relu l’article plusieurs fois comme si des informations lui avait échappé. Mais l’article ne précisait rien de plus. Si comme il lui avait conseillé elle était partie le lendemain le trajet aurait dû être fait dans la journée ainsi que ce qu’il lui avait confié et elle aurait dû revenir le jour suivant et donc elle devrait être de retour aujourd’hui. Il avait sauté sur l’occasion parce que comme lui avait dit Eddie c’était une femme de l’Ouest et personne ne la connaissait, mais cela n’avait peut-être pas été suffisant.

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