Chapitre 15

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Sakina franchit les portes de la salle du trône d'Elfagos où se tenait Miodisos. La phoenix avait laissé ses cheveux détachés

La phoenix portait ses longs cheveux sous un élégant foulard transparent, leur magnifique couleur rousse contrasté avec le teint beige du tissu. Elle était habillée d'une robe saphir qui avait été faite pour elle par la meilleure couturière du royaume. Cet habit mettait parfaitement en valeur le corps de la jeune femme. Elle portait aussi un collier où un rubis était accroché, un cadeau du roi lui-même.

Elle s'approchait d'une démarche charmeuse en ondulant légèrement des hanches tandis que Miodisos tapotait de son doigt où une bague en or était l'accoudoir du trône.

—Bonjour phoenix.

Il venait de prononcer ses paroles d'une voix hésitante, il avait encore du mal à reconnaître parfaitement les pas de la femme aux cheveux roux. Elle était particulièrement silencieuse lors de ses mouvements ce qui avaient tendance à perturber l'elfe.

Ses pas étaient particulièrement silencieux lorsqu'elle se déplaçait, elle surprenait l'elfe à chaque fois, ce qui avait tendance à le perturber. Sa démarche paraissait digne d'un espion.

—Bonjour Miodisos.

Elle susurra son nom près de son oreille, il sursauta surpris tandis que la jeune femme ricanait.

—Sakina.. Pourquoi ton clan n'est pas venu te chercher ici ?

Elle le regarda un peu troublée face aux souvenirs de cette nuit-là, où elle avait senti qu'elle n'était plus la phoenix que tout le monde connaissait. Elle souffla et s'assit sur les marches en bas du trône.

—Ils ne viendront sans doute jamais...

—Pourquoi cela ?

—Miodisos, j'ai fait quelque chose de mal.

Il ne fut pas surpris de cela puisqu'il pouvait voir l'aura sombre de la jeune femme brûler tout autour d'elle. Il l'avait connue si rayonnante, si heureuse au point qu'il avait voulu pouvoir la voir et admirer sa beauté. Il fut coupé de ses pensées par des gardes qui rentrèrent brusquement dans la salle.

—Mon Roi, nous venons de découvrir une scène macabre.

—Où ?

—Pas bien loin d'ici, dans la rue de la nuit..

—Vous avez une idée du suspect ?

Les traits de l'elfe étaient tirés. Cela faisait un moment qu'ils n'avait pas eut d'attaque dans leur royaume, qu'ils n'avaient eut aucun mort à enterrer. Pourtant depuis peu, il entendait bien que la paix était en train de quitter leur monde car Miodisos avait entendu, il y a de cela plusieurs nuits déjà, les alarmes de Vénusis et Lunatios. Deux peuples bien différents l'un de l'autre mais justement qui oserait les attaquer... L'un ayant la plus redoutable guerrière en tant que chef, qui n'avait aucune pitié pour qui que ce soit, ou bien l'autre qui était un peuple complètement pacifique… et si… l'elfe de la nuit, se serait-il peut-être réveillé et sèmerait-il le cahot sur son passage comme son ancêtre le fit avant lui ? Cela faisait plusieurs années que Oxyris ne faisait plus parler de lui, les elfes de la nuit étaient devenues discrets dans leur royaume. Pourtant, leur roi était connu pour être une personne horrible et malveillante envers n'importe qui.

—Il serait donc de retour...

L'elfe se leva et se dirigea vers la porte, avant de dire :

—Excusez-moi, dame Sakina, mais j'ai ・ cause de cela quelques histoires à régler.

Il quitta la salle alors que la jeune femme murmurait : “si seulement vous saviez.… que votre ennemi est déjà dans votre royaume et même dans votre propre château…” avant qu'elle aussi parte pour rejoindre l'arrière-cour.

Elle s'assit sur un banc face à l'océan. Quelques roses poussaient autour avec des palmiers par endroit. À quelques pas se trouvait une rambarde sur laquelle elle aimait s'appuyer pour balancer ses pieds dans le vide. Plusieurs haies formaient un mûr protecteur autour de cet endroit comme si on souhaitait le protéger de l'extérieur. Elle aimait venir profiter du cadre pour observer le lever du Soleil, sentir ses rayons caresser sa peau.

Elle appuya sa tête dans ses mains, son regard paraissait lointain même pensif. Ses sourcils se froncèrent alors qu'un voile s'installait dans son regard éteint.

—Angalion... J'aimerais que tu sois là. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive…

Une larme coula de son œil droit laissant sur son passage un léger trait noir. Pendant qu'elle glissait jusqu'à atterrir sur une fleur aux pieds de la jeune femme, une jolie tulipe s'obscurcit au contact de cette larme.

La phoenix se perdait en elle-même, elle n'arrivait pas à se rappeler de toute sa vie.. petit à petit, même le visage de son frère Shatïs disparaissait.. Elle ne se souvenait déjà pas de chaque nuit qu'elle passait dans ce royaume, elle se rappellait seulement les rares moments où elle se réveillait la nuit puis tout devenait noir.

—Réponds-moi ! Que m'arrive-t-il ?

Elle hurlait ses mots avec tant de colère, elle sentait en elle-même un changement... Puis chaque matin, elle se réveillait avec les mains remplies de sang tout comme ses vêtements de nuit sans comprendre pourquoi mais aujourd'hui, elle put faire le rapprochement entre les morts d'Elfagos et le sang sur elle.

—Comment ai-je pu tuer des innocents sans m'en souvenir ? Dis-le moi !

Elle vit une brume apparaître devant-elle légèrement transparente lorsqu'une voix dit :

—Puisque tu as vendu ton âme aux démons.

Elle fut hébétée par cette voix si sombre et de cette phrase avant de dire totalement paniquée.

—Non ! Non, ce n'est pas vrai.. Je n'ai pas fait ça.

—Pourtant, tu m'appartiens depuis peu, douce phoenix.

Elle sentit ses yeux rouler puis elle perdit connaissance se retrouvant dans une pièce sombre où elle entendait des hurlements, des ricanements...


Tandis que la phoenix perdait connaissance à Elfagos, Pheone et ses compagnons approchaient à grand pas de l'entrée de Lunatios.

—On ne sait pas ce qui nous attend derrière ces portes, il vaudrait mieux que nous sortions toutes nos armes et que nous soyons prudents.

Ils hochèrent tous la tête approuvant les propos de la démone avant que Adonis prenne la parole en disant :

—On devrait peut-être même se séparer, on ne sait pas si elle est encore vivante, mais si c'est bien le cas, elle peut être n'importe où.

—Alors j'irai avec Sinélia et Lidéos. Pheone ira avec Néphélis et Ash, Adonis avec Xyféris.

Lorsqu'ils ouvrirent les portes de Lunatios, les trois équipes se formèrent directement en souhaitant bonne chance aux autres. Le groupe d'Adonis remonterait vers le château pendant que le groupe de Chad descendrait vers le sud où sont les prisons tandis que l'équipe de Pheone iraient vers le centre du royaume.

Adonis avançait doucement au côté de Xyféris, les deux hommes avaient le même tempérament, plutôt doux et réfléchi même si la vie ne les avait pas épargné ni l'un ni l'autre.

—J'espère qu'elle est toujours en vie.. Nous n'aurions jamais dû partir même si elle nous l'a ordonné.

Xyféris ressentait un profond regret, la prêtresse s'était sacrifié pour les sauver. Cependant, il craignait que leur peuple n'ait déjà commencé à la torturer à l'heure qu'il était. La colère se lisait dans ses yeux, il imaginait le corps de la guerrière ensanglantée et exposée au regard de ses ennemis. Il connaissait les coutumes et les moyens de torture des siens, il grinça justement des dents à cette pensée. Brusquement, Adonis le ramena à la réalité, il venait de lui attraper le poignet et le tirait vers l'arrière, avant de lui murmurer.

—Je viens d'entendre des pas à droite de cette ruelle, évitons de faire trop de bruit.

L'ange mort hocha la tête puis les deux allèrent vers les pas que le loup avait entendus, mais ils ne découvrirent qu'un piège où une guerrière les attendait de pied ferme.

— Nous savions que vous viendriez. Dommage que ce soit un peu trop tard, non ?

Xyféris cria de rage, il se jeta sur l'ange morte. Son épée s'entrechoqua avec une hache volumineuse, la matière vibra dans leurs mains. Tout leurs muscles étaient tendus à l'extrême, l'un posait un regard vengeur sur son adversaire tandis que la guerrière souriait.

Adonis se transforma en loup sous un hurlement déchirant. Quand sa métamorphose fut fini, il rejoignit son coéquipier dans le combat sauf qu'un piège se refermait petit à petit sur eux sans qu'ils ne s'en rendent compte.

Soudainement, Adonis fut surpris d'entendre des sifflements et il eut juste le temps de se propulser sur l'ange mort, en le plaquant au sol avant de ressentir des pointes aiguisées pénétraient sa chair. Sur le coup, il souffrait mais il savait que sa douleur ne serait que passagère grâce à sa guérison. Pourtant, il sentit son corps se refroidir et il comprit que ce n'étaient pas des simples flèches qu'on venait de leurs tirer dessus. Un poison se répandait dans ses veines.

Brusquement, on le retourna sur le dos. L'ange morte se tenait au-dessus de lui, sa hache posait sur son épaule. Un sourire sombre étirait ses lèvres.

—Quelle idée stupide tu as eu, loup. Il sera donc notre prisonnier sauf s'il décidé de se rallier à notre cause en tuant la prêtresse.

Xyféris croisa le regard d'Adonis au travers de son regard canin. Il comprit que le temps était venu de le laisser partir, le loup le suppliait silencieusement d'abréger ses souffrances. Son cœur se comprimait dans sa poitrine, avait-il vraiment le droit de faire ça ? Ils se connaissent depuis peu pourtant l'homme loup lui vouait une certaine confiance. Il devait faire un choix et vite.

Il resserra sa poigne sur le pommeau de son épée et dans un mouvement rapide, il planta son épée dans la poitrine du chef de la tribu. Il vit un remerciement passer, une larme coula le long de sa joue avant que le loup ne ferme les yeux en murmurant :

—J'arrive ma douce.

Le cœur de l'ange mort se comprima encore plus, il se sentait suffoquer. Lui qui avait juré de toujours sauver des vies, il venait d'en enlever une et cela le hanterait jusqu'à la fin de ses jours.

La guerrière hurla de colère, elle l'attrapa pour le projeter plus loin dans la boue de Lunatios. La pluie s'abattait sur eux comme si Kindénia ressentait la souffrance, la mort de ses habitants. Un autre cri en provenance du Sud attira son attention avant de sentir un coup à l'arrière de la tête, il s'écroula inconscient.

Chad approchait avec Sinélia et Lidéos de la prison où avait été enfermé Ash quand le jeune loup ressentit un déchirement en lui, quelqu'un venait de mourir et il sut qui quant une voix résonna dans sa tête :

—J'arrive ma douce.

Il se mit à hurler, un hurlement qui résonna dans tout le royaume et fit froid dans le dos à ses deux compagnons. Sinélia posa sa main sur son épaule et l'autre sur son pectoral avant de prendre la parole.

—Que se passe-t-il, Chad ?

Le chagrin se lisait dans ses pupilles. Il baissa la tête, c'est à ce moment là, qu'elle prit peur. Qui venait de mourir ?

—Ne... Ne me dis pas que mon père est mort ?

— Non.

La voix du loup était lasse et chevrotante avant d'ajouter.

—Ado... Adonis est mort.

Les deux jeunes restèrent paralysés face à cette nouvelle. Ils connaissaient depuis peu cet homme, pourtant il était un être humain qui méritait le repect et l'admiration. Il combattait avec eux et ils espéraient qu'il avait pu mourir en combattant.

—Chad ! Il était avec mon père, il faut qu'on aille le retrouver !

Le loup secoua la tête de gauche à droite en refusant cela, ils devaient d'abord se rendre dans les prisons pour voir si Azuria était détenue ici.

Les larmes roulaient le long des joues pâles de la jeune femme. Chad croisa son regard, il y voyait une colère sans précédent envers lui et les anges morts.

—Tu ne peux pas me faire ça !

Elle hurlait ses mots en brandissant son poignard vers lui.

—Tu n'as pas le droit ! On doit aller le chercher !

Elle avait l'apparence d'une adolescente voir même d'une femme, mais elle se laissait trop souvent envahir par ses émotions. La peur se lisait sur les traits de son visage, elle s'approcha de lui et jeta sa dague au sol. Elle le frappa de ses poings si fins avant d'appuyer sa tête contre son torse, là où son cœur battait la chamade.

Elle voulait se servir de sa colère, son père était sans doute en danger et seul maintenant ! L'inquiétude et la peur la rongeaient de l'intérieur, même si elle savait que ses deux émotions n'étaient pas des alliées, elle ressentait le besoin de s'assurer que son paternel se portait bien, qu'il était même en sécurité. Si il venait à mourir... Non, elle ne pouvait pas se permettre de penser à une telle chose maintenant. Il fallait qu'elle persuade Chad d'abord.

—Chad, pitié ! Le supplia-t-elle.

Il lui prit les poignets en stoppant les coups de la fillette. Il lui attrapa le visage en le relevant lentement, son regard était larmoyant mais il y voyait une certaine étincelle d'espoir et de volonté.

—Petite... On ne peut pas, déclara-t-il d'une voix ferme.

Cela lui faisait atrocement mal de refuser d'aller au secours de Xyféris, mais il ne pouvait pas faire autrement, si la prêtresse était là, ils devaient d'abord la libérer pour combattre tous ensemble après.

Lidéos approcha et posa sa main sur l'épaule de la jeune femme, avant de dire :

—Continuons, plus vite nous serons dans la prison, plus vite nous irons au secours de ton père.

Elle l'observa d'abord surprise puis hocha la tête. Elle rougît à la chaleur que les mains du loup répandaient dans ses poignets, pourtant elle savait que rien ne pourrait se passer entre eux. Ils étaient bien trop différents de par leurs espèces mais surtout leurs différences d'âges. Cependant, ça ne l'empêchait pas de ressentir un léger battement de cœur à chaque fois.

Elle croisa son regard brûlant, elle y lut de la tristesse, du désespoir ainsi qu'une autre flamme caché plus profondément.

—Remettons-nous en route, murmura-t-il d'une voix rauque.

Les trois compagnons avancèrent doucement, l'ange morte avait ramassé sa dague après s'être éloignée du loup. Ils descendirent les marches les menant dans la prison où ils ne trouvèrent rien, les cellules étaient toutes vides. Sinélia aperçut un bout de tissu au sol, il lui rappelait la tenue de la guerre, Azuria. Quand elle le prit dans ses mains, elle fut happée par une vision.

Elle se trouvait dans le château de Lunatios, dans la salle du trône. Elle entendait des hurlements et c'est à ce moment-là qu'elle vit la porte derrière-elle s'ouvrir dans un fracas. L'adolescente alla se cacher derrière un des nombreux piliers du bâtiment.

Elle remarqua en premier la guerrière à la hache, elle traînait un corps au sol. Sinélia reconnut son père, il était blessé vu le sang présent sur sa tenue. L'ange morte lâcha Xyféris avant de l'attacher à une croix qui avait été installée après leur fuite, elle lui écarta les ailes où elle planta plusieurs clous à l'intérieur, en murmurant :

—Tu verras ta prêtresse se faire arracher les ailes.

La jeune fille hurla d'horreur quand une autre guerrière amena Azuria, elle se trouvait être totalement dévêtue, elle ne portait que de simples sous-vêtements. Elle avait une jambe brisée qu'elle traînait comme un poids et ses bras étaient couverts de plaies profondes. On la fit s'asseoir devant la croix où Xyféris était cloué avant de tendre aussi les ailes d'Azuria. Ils enfilèrent des cordes à la base de ses ailes puis ensuite ils tirèrent la corde jusqu'à un pilier de chaque côté de son corps.

La prêtresse sanglotait en murmurant « Xyféris... Pourquoi ? » Mais le pauvre homme était encore inconscient.

La guerrière à la hache se plaça entre les deux avant de prendre la parole.

—Alors prêtresse, êtes-vous prête à mourir pour cet homme ? Avez-vous vraiment déshonoré la lignée royale avec lui ?

La jeune femme releva la tête et la regarda droit dans les yeux, elle ne ressentait aucune crainte, au contraire, elle se sentait prête à tout les sacrifices.

—Je n'ai en aucun cas déshonoré la lignée, cracha-t-elle, la tête haute. Nos règles ancestrales ne sont plus compatibles depuis des années déjà, il est temps d'accepter le changement.

—Allez-y, je ne veux pas en entendre plus venant de cette traîtresse.

Soudainement, les cordes furent tendues par deux guerrières, ce qui obligea les ailes d'Azuria à s'écarter. Une autre guerrière se positionnait derrière-elle, en tenant fermement un poignard. La jeune femme sentit la lame caresser délicatement ses ailes au début avant d'entamer un mouvement de va-et-vient dessus.

Azuria hurla à pleins poumons, elle refusait de fermer les yeux, ni de détourner son regard car il fallait qu'elle tienne bon. Elle fixait attentivement le corps de l'homme qu'elle aimait. Elle préférait mourir en sauvegardant son image pour toujours.

Sinélia était terrifiée par la scène qui se déroulait sous ses yeux jusqu'à ce qu'elle entende une voix.

—Sinélia ! Reviens parmi nous !

Elle sentit une forte douleur sur sa joue qui la fit tomber au sol avant de revenir à son corps, elle ouvrit les yeux en sursaut et vit Chad au-dessus d'elle. Elle toussota totalement paniqué de la situation dans laquelle ils étaient.

—Il faut qu'on aille au château et vite !

Elle se leva dans la hâte mais chancela rapidement. Des bras puissants la rattrapèrent de justesse. Elle oubliait souvent que chaque vision lui prenait une énergie considérable.

—Ils sont en dangers !

—Doucement. Explique-nous d'abord !

—Non, tu ne comprends. Nous n'avons plus le temps de parler, il faut qu'on agisse vite !

Le loup tourna la tête vers Lidéos qui observait la scène sceptique. Le garçon finit par dire qu'ils ne perdaient rien à aller au château, le groupe de Pheone les rejoindrait peut-être là-bas.


Pheone s'était arrêtée lorsque le hurlement de Chad avait atteint ses oreilles, mais qu'elle avait aussi senti son cœur se déchirer. Elle savait que quelque chose de terrible venait de se produire à l'un des deux autres groupes. Elle garda la tête sur les épaules, en enfermant ses émotions.

—Nous devons continuer.

Néphélis l'observa tendrement alors qu'Ash regardait avec une certaine jalousie l'humain qui les accompagnait, cet humain avait pu passer quelque temps au calme avec la démone tandis que lui atterrissait à Lunatios en ayant perdu des êtres proches. Il attendrait aussi le bon moment pour annoncer à Pheone qu'Anya était décidé en l'aidant à s'échapper des Enfers.

Le démon était troublé par ses émotions, il commençait à souhaiter secrètement une relation plus intime avec la femme aux cheveux de feu, mais il avait la sensation que ses sentiments n'étaient pas réciproque. Cependant, il se reprit, ils n'avaient pas le temps pour penser à de telle chose et encore moins pour nourrir une jalousie puéril.

Il secoua la tête en revenant à des pensées plus claires, pendant que Pheone se dirigeait avec Néphélis vers une maison pour la fouiller. Pour la vingtième fois, ils ne trouvèrent rien jusqu'à qu'une enfant ange morte siffla pour attirer leurs attentions vers elle, elle leurs fit signe de la suivre dans la petite ruelle. Les trois compagnons se regardèrent avant d'avancer calmement, avec leurs épées à la main, dans cet endroit étroit. Ils arrivèrent dans un cul-de-sac où attendait la petite.

—Je sais où est la prêtresse.

Pheone observa ses amis avec un regard interrogateur, elle trouvait la situation très étrange et ressentait une certaine méfiance envers cet enfant. Comment pouvait-elle savoir ce qu'ils cherchent et en plus de cela, là où elle se trouvait ?

—C'est parce que vous ne connaissez pas mon peuple, nous avons le don de pouvoir entrer dans vos pensées, vous devenez comme un livre ouvert pour nous lorsqu'on croise votre regard.

La démone était abasourdie alors que le démon se grattait la nuque gêné et que l'humain ricanait, avant de rester bouche bée face à cette découverte.

—Où est-elle alors ?

—Elle est dans le château, mais avant que vous partiez, j'ai autre chose.

L'enfant fut happé dans un brouillard, où un homme aux yeux et cheveux noirs avec deux énormes cornes apparut. Il tenait son fidèle arc dans sa main et le brandit vers la démone.

—Le mal arrive, Pheone. Vous n'êtes pas prêt à l'affronter.

Il lâcha la corde de son arme, la flèche s'envola à grande vitesse en direction de la princesse des Enfers. Elle n'eut pas le temps de réagir que l'impact la frappa de plein fouet, elle tomba à genoux sous le regard inquiet de ses amis. La flèche se planta juste au-dessus de son cœur, ses yeux faisaient des allers-retours entre le démon et la flèche, la peur traversa son regard émeraude avant que son corps ne s'écroule.

Ash chargea son adversaire mais il n'eut pas le temps de l'atteindre, il traversa le brouillard où s'était tenue auparavant Xocarès. Il cria de frustration. Néphélis l'interpella, il se tenait accroupi au côté de la démone inconsciente.

—Ash ! Elle a besoin de soin rapidement.

Il sentit son cœur se lacérer à la vue du sang qui s'échappait de la plaie. Tant que la flèche restait à sa place, elle empêcherait la jeune femme de se vider de son sang.

—Qu'est-ce qu'on doit faire, Ash?! cria Néphélis.

Le démon réfléchissait le plus rapidement possible à une solution. Lorsqu'il sut, il souleva délicatement la jeune femme du sol. Il se dirigea vers une maison plus bas dans les ruelles, où une ancienne doctoresse vivait.

~~~~~


Azuria hurlait de douleur, la lame trancha lentement la base de ses ailes lui était insupportable, c'était une longue agonie et la pire perte pour un ange mort. Xyféris avait repris conscience, quelques minutes auparavant, il observait la jeune femme impuissant, il grognait de rage à chaque hurlement.

—Cesse de grogner, stupide médecin. Bientôt, tu abrégeras ses souffrances.

Il ne pouvait pas se débattre aux risques de détruire ses propres ailes, mais d'entendre la femme qu'il aimait souffrir à ce point, revenait à le briser de l'intérieur.

—Arrêtez ! Laissez-là !

Soudainement, on le poignarda avec un couteau, il lui entaille le pied et Xyféris ne put s'empêcher de grogner. Azuria dégoulinait de sueur à tenter de résister à la douleur, ses yeux se vidaient petit à petit de la moindre étincelle. Après cette épreuve, s'ils s'en sortaient vivants, il savait qu'elle ne serait plus jamais la même sans ses ailes.

Elle se mit à pleurer lorsqu'une première aile s'écroule lourdement sur le sol. Pendant un court instant, elle crut que son supplice se terminait enfin, pourtant ce n'était que le début.

Il vit la guerrière ange morte essayer de faire pression sur l'endroit où l'aile se tenait auparavant. Il entendit le bruit d'une claque qui provenait de la guerrière à la hache, elle venait de lever la main sur la prêtresse.

—Reste éveillée ! Ton supplice n'est pas fini, cracha-t-elle d'une voix amer.

La grande guerrière à la renommée mondiale n'était aujourd'hui qu'une simple femme, incapable de se sortir du pétrin seule. Un hurlement strident traversa sa bouche lorsque la lame se remit à trancher la chair de la base de l'autre aile, elle sanglotait par moment.

Azuria souhaitait que ce supplice s'arrête. Elle souffrait de la perte de sa première aile qui l'handicaperait toute sa vie à l'avenir. C'était une hérésie d'avoir une prêtresse sans ailes, elle serait sans doute tuer à la fin, massacrer par son propre peuple. Son souffle était saccadée tandis qu'elle serrait les dents pour ne pas hurler. Les larmes roulaient toutes seules le long de ses joues livides. Elle paraissait au bord de la mort et c'était bien le cas, son cœur se déchirait. Bientôt, il ne resterait qu'une femme sans la moindre ailes, sans aucun honneur et plus aucun peuple.

—Tuez-moi par pitié...

—Attendez, j'ai bien cru entendre des supplications, ricana la guerrière. La traîtresse nous supplie d'arrêter, vous entendez ça ?

Des rires s'élevèrent de partout dans la salle du trône alors que la guerrire abattait sa hache au sol, avant de rajouter face au visage livide d'Azuria.

—Continue de me supplier et peut-être que ton médecin te tuera bien plus rapidement que...

Soudainement, sa phrase fut coupée par la porte qui vola en éclat contre le mur pendant que Chad, Sinélia et Lidéos entraient.

L'épée du jeune garçon s'entrechoqua avec celle d'une guerrière, qui avait tenu la corde tendu juste avant. Chad se transforma et sauta à la gorge d'une ange morte alors que Sinélia ordonnait sa volonté à une autre, elle lui murmurait de tuer celle à la hache. Elle vit la femme obéira et elle profita de son pouvoir pour secourir son père et Azuria.

Du sang de sa précédente victime coulait de la gueule du loup-garou, il se mélangeait à celui du corps qu'il venait de déchiqueter d'un coup de griffe. Lidéos transperça une ange morte, qui sur le coup l'observa étonnée avant de s'écouler au sol, inerte. Sinélia libéra doucement la dernière aile endommagée de la prêtresse, Azuria tomba à genoux à cause de la douleur et des liens qui la maintenaient. Elle pouvait enfin respirer sauf que son regard se bloqua sur son aile qui reposait derrière-elle. Elle ferma les yeux et tenta de calmer sa respiration, elle avait la sensation de suffoquer, elle savait qu'elle ne serait plus la même, qu'elle venait de perdre une partie d'elle. Qui était-elle ? Elle pensa au faite qu'elle ne pourrait plus jamais voler, ni combattre avec l'aide de ses ailes. La souffrance physique et psychologique tordait les traits de son visage, ses poings se serrèrent tandis qu'elle sentait son cœur se gonfler d'une volonté sans faille, il fallait qu'elle se relève.

Tandis que le guerrier combattait, Sinélia se retrouva désarmé face à une immense ange morte qui tenait deux dagues. Elle se mise à hurler quand tout à coup, elle vit une forme se jeter devant-elle. Le loup-garou grogna subitement, il assena plusieurs coups plutôt rapide, la dague passait parfois près de son corps mais il arrivait à l'esquiver. D'abord, il devait éloigner cet adversaire de la petite, il sautait en reculant pendant que l'ange morte frappait constamment.

Lidéos esquiva les coups de hache sauf que lors d'un mauvais mouvement, l'arme l'atteignit au genou droit et le trancha net, en brisant l'or et en arrachant la chair d'un claquement de doigt. Le jeune garçon se vit chuter sur le carrelage du château pendant qu'une flaque de sang grandissait sous lui.

Il serra les dents, il refusait d'apporter de la joie à son adversaire pour avoir réussi à le toucher. Il se releva à l'aide de son épée, il se trouva assis et en position de faiblesse, son adversaire aurait pu l'exécuter pourtant elle paraissait se féliciter de sa victoire. Il profita alors de cette inattention pour la frapper d'un coup au niveau de la hanche, néanmoins il manquait de force dans son bras. L'épée atteignit sa cible mais ne blessa que légèrement l'ange morte. Il n'eut pas le temps d'attaquer à nouveau, qu'il sombra dans l'inconscient tandis qu'un rire arrivait jusqu'à ses oreilles, il se sentit tiré puis plus rien.

Sinélia détachait son père, en enlevant le plus doucement possible les clous de ses ailes. Elle devait le libérer rapidement pour qu'ils puissent les sortir d'ici. Du coin de l'oeil, elle aperçut la guerrière qu'elle contrôlait se faire trancher la tête. L'adolescente hurla lorsqu'elle sentit le lien qui les unissait se briser. Le dernier clou tomba, suivi par Xyféris. Sinélia s'abaissa à sa hauteur pour lui parler.

—Papa, il faut que tu sortes avec Azuria.

Il secoua la tête et se leva difficilement. Ses ailes étaient blessées mais il s'en sortirait sans problème alors que plus loin, la jeune femme aux cheveux blancs reposait appuyée contre un pilier, du sang continuait de couler lentement de son dos où une aile manquerait pour toujours. Xyféris s'approcha de la prêtresse et se plaça du côté droit tandis que Sinélia se mettait à l'opposé. Ils la transportèrent vers l'extérieur de la pièce, conscience du sang et des corps sur le sol. Plus rien ne serait comme avant ici, les anges morts venaient de briser Azuria et des vies avaient à nouveau été enlevé. Le médecin soupira en repensant au corps d'Adonis.

Chad reçut un coup de dague qui laissa une légère plaie sur sa patte droite avant qu'il ne saute sur la guerrière, où il referma sa mâchoire sur son cou. La guerrière lâcha ses dagues pour essayer d'arrêter l'afflux du sang mais c'était déjà trop tard, le corps s'écroula inerte. Il se tourna et remarqua la disparition de Sinélia, Xyféris et Azuria mais plus loin vers le trône, il vit une ombre qui tirait quelque chose. Il renifla pendant qu'il approchait, il sentit l'odeur de la guerrière à la hache. Le loup-garou couru en grognant vers l'ombre où il eut juste le temps de voir un être aux oreilles pointues et à la peau bleutée avec une étoile gravée sur le front. L'inconnu releva la tête vers lui et se mit à sourire, il tirait le corps de Lidéos et de la guerrière à la hache. Chad voulut se précipiter vers lui, toutefois il disparut brusquement. Le loup-garou se retrouva désemparé, il ne comprenait pas ce qu'il venait d'arriver et comment cet inconnu avait pu disparaître ainsi.

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Sinélia venait d'amener son père et la prêtresse dans une maison hors du château. Elle repartait vers la salle du trône quand un inconnu apparut devant-elle, un teint bleuté, des yeux rouges et des oreilles pointues...

—Gente demoiselle, déclara-t-il en faisant une révérence. Voudriez-vous bien me suivre ?

Elle regarda autour d'elle méfiante. Elle ne connaissait aucune espèce qui ressemblait à cet inconnu. Pourquoi voudrait-elle le suivre ? La teinte rouge de son regard effrayait Sinélia, elle sentait chacun de ses muscles se contracter , peut-être était-elle en danger ? Pour autant, elle ne le pensait pas dangereux, en tout cas, il n'en avait pas l'air.

—Qui êtes- vous ?

—Oh, excusez-moi, j'oublie parfois mes manières ! Ricana-t-il, en se frottant la nuque. Je me nomme Zayos, elfe de la nuit et roi d'Oxyris.

—Pourquoi voulez-vous que je vous suive ?

Un rire franc lui échappa, l'adolescente était méfiante et sur ses gardes, pourtant elle paraissait naïve.

—Dans mon royaume auprès de vos amis, annonça-t-il étonné. Si je ne me trompe pas, ils se nomment Lidéos et Chad, non ?

Elle hoqueta en plaçant sa main sur sa bouche, elle approcha vers lui, inquiète.

—Dites-moi que vous ne leurs avez rien fait !

—Je vous le jure, demoiselle. Ils vont très bien.

Elle se trouvait désemparée face à lui, que pouvait-elle faire ? Peut-être que ses deux amis étaient vraiment avec lui ? Elle avait beau réfléchir, elle ne voyait qu'une solution possible, celle de le suivre pour s'assurer qu'ils allaient bien.

—Je vous suis...

Il lui tendit la main, elle approcha lentement la sienne. Elle continuait d'être sur ses gardes jusqu'à que leurs mains se rejoignent, il la serra au moment où elle entendit un hurlement avant de disparaître.

—Non, Sinélia !

Elle avait reconnu la voix de Chad, son cœur s'accéléra car soudainement elle sentait le piège se refermait sur elle. L'elfe de la nuit lui souriait tandis qu'il l'a téléportait vers Oxyris. Qu'avait-elle fait ?

Le loup, encore dans le château de Lunatios, était à genoux là où la jeune femme venait de disparaître, il hurlait en frappant du poing le sol. Il devait le retrouver quoique cela lui coûte.

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