Chapitre 4

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De son regard d’aigle, Tarzan avait repéré un premier itinéraire pour descendre rapidement. Ce ne fut qu’un jeu d’enfant d’éviter les branches basses, les lianes traîtresses qui pendaient un peu partout, sans compter les racines scélérates qui se dissimulaient sous quelques feuilles mortes. Le confort de sa charrette africaine n’était pas des plus performants et il eut vite quelques difficultés à rester sur sa planche tant les cahots se firent intenses au terme de quelques dizaines de mètres. Malgré tout, fier de lui et tout heureux de filer comme le vent entre les arbres, il se dit qu’il briguerait sans aucun doute le poste d’Empereur de la forêt dès qu’il aurait un peu de temps pour une bonne campagne de communication auprès des populations locales. Il eut même une pensée affectueuse pour les Londoniens qui ne manqueraient pas de lui voter une reconnaissance éternelle. Peut-être que le Roi lui-même…
Aveuglé par les sensations exceptionnelles de sa planche qui lui rappelaient celles des voyages dans les arbres, accroché aux lianes ou aux branches les plus souples qu’il savait reconnaître d’un simple coup d’œil, il se grisa vite de la vitesse qui augmentait sans faiblir un instant.
Les cheveux au vent (et le reste aussi…) il restait bien fléchi sur ses jambes musclées, les bras un peu écartés pour conserver un équilibre parfait, le menton volontaire pointé droit devant lui.

Plus bas, noyé dans une végétation qui semblait vouloir l’absorber et le dissoudre, D’Arnot hurlait toujours, ponctuant ses cris de quelques insultes bien senties. Insultes qui rassuraient Tarzan, celui-ci se disant qu’il restait lucide malgré la douleur… Et les imprécations se rapprochaient vite. Très vite. Trop vite ?
C’est probable, car D’Arnot entendit soudain d’étranges bruits de branches cassées, de frottements divers et de chocs inconnus. Et cela se rapprochait très vite.
Aussi jugea-t-il que ses douleurs pouvaient attendre un peu. Au moins le temps de trouver un endroit où se cacher ! Cachette qu’il trouva sans grand effort, au comble de la chance. En effet, à quelques pas à peine se trouvait une énorme roche grise et verte de mousse. Au pied de celle-ci, il aperçut une anfractuosité où il se glissa sans effort. Il n’avait plus qu’à attendre que passe ce qui n’était sûrement qu’un petit glissement de terrain.  Mais, là encore, il dut vite changer d’avis…
Il perçut très clairement quelques cris inhumains.

  • Par la barbe bleue de mes ancêtres ! Il doit s’agir d’une bête tout droit sortie des enfers ! Mon Dieu, priez pour moi et mes os ! pria-t-il frénétiquement.

Puis il découvrit près de lui un long bout de bois. Il s’agissait peut-être d’une branche cassée depuis peu. Le bois était encore vert et solide, la vermine n’avait pas encore eut le temps d’en faire festin. Sans réfléchir, sa grande spécialité, il se dit qu’il ferait de ce modeste morceau de fibre à papier brut une lance avec laquelle défendre sa vie !

  • Merci, Seigneur ! Tu m’as entendu ! Regarde-moi, et admire ce que ton fidèle agneau va faire avec cette arme salvatrice !

Et sortant de sa cachette, D’Arnot se cala contre le sol, vigoureusement appuyé contre un tronc, sa branche pointée comme une lance devant lui. Il attendit avec confiance qu’arrive enfin le monstre qui n’en finissait pas d’hurler.

Soudain, surgissant des branches à sa gauche, il distingua vaguement une longue silhouette blanche, sommée d’une crinière de feu, et qui traversa l’air dans un sifflement aigu.
C’était Tarzan qui venait de quitter le plancher de son bout de bois pour s’envoler hardiment dans les airs, suite au blocage intempestif de sa noix de coco avant dans un trou plus récalcitrant que les autres. Le jeune homme prit donc les airs dans une série de looping dont s’inspireront bientôt tous les As de la Royal Air Force !

Tout se déroula à une vitesse inouïe, et D’Arnot n’eut pas le temps de réfléchir alors qu’il brandissait loin devant lui sa lance de bois. Dans un déchirement indescriptible, celle-ci accrocha le slip magique de Tarzan qui se retrouva dans le plus simple appareil, vociférant quelques reproches peu amènes à celui qu’il venait assister !

Bien sûr, le marin ne comprit pas tout de suite, les yeux exorbités de surprise, tournant la tête au plus vite pour tenter de suivre du regard la chose hurlante qui lui passa sous le nez à toute allure pour disparaître, une seconde plus tard, dans des taillis un peu plus bas !
Les bruits cessèrent quelques instants plus tard, comme se calme un orage d'été, brusque et tempétueux.

Tarzan venait de retrouver le plancher, celui des vaches cette fois-ci, au moins celui des zèbres locaux (quoique introuvables dans la jungle, pourriez-vous objecter, mais bon…en parlant de zèbres, ces deux-là valent leur pesant d’or) et termina sa course balistique dans un roncier géant, truffé de guêpes en plein travail.

A suivre…

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