Sauver le monde

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C'était un matin comme tous les matins. Bien douillettement emmitouflé dans mes couvertures j'entendais le vent égayer les branches du bouillard dressé fièrement derrière les persiennes closes de ma chambre à coucher.
Il était l'heure de se lever, je me levai, donc ...
Plus exactement, mon fantôme se leva et se dirigea à tâtons vers la cuisine pour faire cuire le café de la veille. Moi, je pris sa place progressivement, sans trop brusquer mes vieux os, et une fois bien installé j'avalais le liquide bouillant. Ceci fait, je décrétais que j'étais réveillé.
Que vais-je faire de ma journée?
Vous remarquerez que j'ai écrit cette dernière phrase en employant le futur, ce qui est une insulte grave à la concordance des temps : il aurait fallu ... il eût fallut ... l'éthique voudrait que je continue à parler au passé. "Qu'allais-je faire de ma journée" eût été plus approprié mais comme c'est tous les matins que je me pose cette question, j'anticipe et de ce fait évoque un avenir proche, ce qui n'est pas plus désagréable à lire, donc fichez moi la paix, c'est moi l'écrivain, j'écris ce que je veux et vous, lecteurs, vous lirez ce qu'il y a sur la page, non mais !
Où en étais-je ? Ah, oui ...
Qu'allais-je faire de ma journée ?
Il n'y avait pas de linge à mettre à la machine, un bref coup d'œil dans le réfrigérateur m'indiqua qu'il n'était pas nécessaire non plus de faire des courses; les quelques minuscules poussières tombées pendant la nuit sur le tapis du salon ne justifiaient pas que je sorte l'aspirateur de son placard, d'autant qu'il n'était pas plus de neuf heures, que certainement la voisine du dessus était encore au lit et qu'elle risquait de défoncer mon plafond à coups de manche à balai si je venais à la perturber, Madame.
Pas d'anniversaire à fêter, pas d'enterrement non plus, et ça n'était pas bien grave : les dernières funérailles auxquelles j'avais participé n'étaient pas  très réussies. Tous les éléments étaient pourtant réunis pour faire une chouette réception : les dames en noir avec leurs mouchoirs qui sentent si bon l'oignon, le curé déguisé dans sa belle robe bien blanche, des jolies fleurs de toutes les couleurs un peu partout ...  tout était là sauf l'essentiel : le mort. C'était l'enterrement du père François, et le père François, il était tellement con que de son vivant tout le monde l'évitait soigneusement; alors ce jour-là, on ne l'avait pas invité.
Donc, je n'avais rien de très important à faire ce matin-là alors je me suis dit : "Et si j'allais sauver le monde ?"
S'il n'y avait qu'un humain qui puisse redonner à la planète toute sa beauté et sa joie, combler l'humanité d'harmonie  et de bonheur, c'était bien moi ! J'étais décidé, j'allais ce jour-là sans plus tarder devenir le Grand Sauveur.
Ensuite je suis allé me recoucher.

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