Chapitre 8 - Début de la traque

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— Valcor ? appela-t-elle inquiète.

Une fois encore, le son se répéta plus proche. Un mélange entre un essaim d’abeilles et un grognement.

Pétrifiée, Lahynn avait les yeux rivés dans la direction du bruit. Son instinct lui ordonnait de courir. Mais la peur avait planté son corps sur place.

Deux yeux rouges transpercèrent le brouillard. Le son guttural se termina en feulement.

Le Zàrd émergea de la brume, comme si elle l’avait fait naître. La panthère noire savourait la découverte de sa nouvelle proie, ses iris passaient du rouge sang au noir intense.

L'embout de sa queue se terminait par une pointe de lance, ondulant de plaisir.

Il fît un nouveau pas et une masse grise s'interposa entre eux, avec une telle violence, qu’elle parvînt à le lâcher du regard un instant.

Valcor glissa entre les deux protagonistes, et avant d'avoir fini de s'arrêter, explosa en une aveuglante lumière. Lahynn cria de surprise, sortant enfin de sa catalepsie, elle courra se réfugier vers la grosse pierre rose. Quel est ce monstre ?

Le loup sauta sur la panthère noire, un halo éblouissant émanait de son corps, il avait doublé de volume, sa mâchoire se referma sur l'épaule du Zàrd, glapissant de douleur.

Celui-ci moins rapide, referma sa mâchoire dans le vide.

Sa queue se recourba au-dessus de son dos, frappant de toutes parts avec agacement, sans pouvoirs atteindre le loup trop rapide pour lui. Lâchant l’épaule de la panthère, Valcor sautait dans tous les sens, lacérant la créature. Il esquivait, attaquait, feintait, contre-attaquait. Jusqu'à ce que le Zàrd, passe à une autre technique et se jette sur lui, toutes armes dehors.

Valcor s'était préparé à cette éventualité, banda ses muscles et sauta en arrière, se préparant à le prendre de revers, mais ainsi placé il exposait Lahynn. Elle était trop près de la panthère.

Cette seconde de réflexion, value au Zàrd une ouverture vers la gorge du loup. Valcor se débattit, mais la bête était lourde et ses mouvements étaient limités.

La jeune fille se trouvait à peine à deux mètres d’eux, et voyant la bête ainsi accrochée, son sang ne fît qu'un tour : elle fonça en hurlant de peur et de rage sur la panthère. Lui décochant un coup, puis deux, trois, de toutes ses forces sur la tête de la bête. Celle-ci grogna sous les coups, sa queue virevolta dans les airs, Lahynn recula à temps quand la pointe manqua de peu son œil et lui brûla la joue.

Elle se retira vivement portant la main à sa joue, le sang s'écoulait jusqu'au coin de sa bouche.

Valcor profita de l’occasion pour se dégager, la panthère n'eût pas le temps de glapir de nouveau, lorsque les crocs du loup lui brisèrent la nuque, laissant échapper un craquement sinistre.

Laissant la dépouille de la créature s’effondrer lourdement, le loup accourut vers la jeune fille qui flageolait sur ses jambes, le visage blême et le corps prit de tremblements.

Quand il s'approcha, les yeux de Lahynn devinrent ronds de stupeur : Il était devenu énorme et impressionnant, Valcor avait doublé de volume et atteignait son buste rien qu’au garrot. Sa robe blanche grisée était parcourue de fines décharges électriques bleues et son pelage était hérissé.

— Eh ! C'est moi ne t'en fais pas, c'est fini.

— Val...Valcor, parvînt-elle à souffler avant de tomber adossée à la pierre.

— Chut...ça va aller. Calme-toi. C'est fini, je suis là...

Conservant sa grande taille, seules les décharges électriques disparurent. Il glissa sa tête sous la main de la jeune fille. Elle était encore sous le choc, son teint était blême et la transpiration perlait sur son front.

— Tu es glacée, on va rentrer. Mais avant laisse-moi voir ta blessure.

Lahynn tourna son visage, l'estafilade au niveau de sa pommette n'était pas profonde, mais elle ne cessait de saigner abondamment, tâchant sa nouvelle chemise.

— Bon ce n'est pas bien grave, on va rentrer, conclu-t-il.

Lorsqu'il se leva, sa robe albâtre était tâchée de pourpre au niveau de la gorge.

— Mais, tu es blessé ! , s’horrifia Lahynn, il faut te soigner…

— Non, non ne t'en fait pas ce n'est qu'une égratignure, rien de grave, protesta-t-il, aller viens il faut rejoindre Tory.

Elle se maintint contre l’épaule agréablement fournie et musclée du loup, afin de ne pas tomber, ses vertiges se dissipaient comme la brume autour du lac.

À leur retour, Tory assit près du feu, se réjouit de l'arrivée de ses compagnons, mais laissa vite place à la stupeur, puis à la crainte.

Il fit tomber son tabouret de fortune en courant les voir, les yeux affolés :

— Que s’est-il passé ? Vous êtes blessés ?

— Occupe-toi de Lahynn. Je vais faire une ronde, ordonna le loup.

— Mais Valcor tu es plus gravement...

Lahynn perdit le reste de sa phrase en découvrant une simple trace pourpre sur son poitrail.

Alors qu'il s'apprêtait à partir, Tory le héla soudain :

— Val' ! Ou sont ses anciens vêtements ?

Valcor regarda tour à tour les mains vident de Lahynn et le visage frappé d’effroi de Tory.

— Les vêtements ! ...

— Les Traqueurs !

Le garçon se saisit de son arc en vitesse et détala aussi vite que possible au vers le Lac Miroir. Valcor eu un instant l’intention de le rejoindre, mais se résigna.

— Qu'est-ce qui se passe Valcor ? s’inquiéta Lahynn.

— Rentrons !

Tory arriva le souffle court à l'orée de la forêt, se plaqua à un frêne et remarqua vite le pyjama de Lahynn, roulé en boule près du rocher supplantant le lac.

Une créature semblable à un homme décharné apparu de l'autre côté, à trente mètres de Tory, reniflant les alentours. Un Traqueur. Créatures abandonnées par Tzaïr, elles possèdent un odorat semblable à un prédateur et sont sensibles aux mouvements de l’air. Malheureusement, l’objet de leur désuétude reste leur vue, rien n’y fit, ils ne voyaient que des formes dénuées de détails.

Tory se couvrit la bouche d’un foulard, pour masquer son souffle et son odeur.

Heureusement, il était dans le sens du vent.

La créature s'approcha de sa cachette, puis se tourna vers le tas d'habits entassé à terre. L'adolescent posa la plus doucement possible sa flèche sur la corde en nerf de daim de son arc et la tendit jusqu'à son oreille, vers le tas de vêtements.

~~~~~~

Depuis quelques heures cette nouvelle odeur l’obsède. Elle trace dans l’air une sorte de chemin, plus il avance plus elle se fait sucrée et fleurie. Cette créature à l’odeur si incroyable pourrait peut-être le sauver. Voilà longtemps que le lien avec son Maître avait été rompu. Il l’avait alors laissé à l’abandon, sans nouvelles créatures à traquer.

Il fronce le nez.

Une odeur de sang et de mort le gêne.

Il avise le corps du Zàrd, en train de fondre littéralement, comme une flaque de pétrole.

Ce n’est pas la créature qu’il cherche.

L’odeur est plus forte deux pas plus loin, amassée à terre. Il s’approche.

Son instinct de survie fait un bond, un mouvement dans l’air, une douleur insupportable entre ses omoplates.

~~~~~~

Le Traqueur poussa un cri perçant et se retourna brutalement vers l'intrus qui osait se mesurer entre lui et sa créature.

Tory décocha une seconde flèche dans sa jambe, dans le but de le neutraliser, mais il la retira sans difficulté avant de se précipiter sur le garçon.

Le jeune homme eu juste le temps de se relever, n’ayant pas le temps de saisir son coutelas, le Traqueur l'attrapa violemment par le col et le sorti de sa cachette en le projetant avec force près du lac. Le jeune tout étourdis se releva vivement, prêt à affronter son adversaire, mais il avait disparus.

Il eût un moment de confusion et son arc lui avait échappé des mains. Tory n’eut pas le temps de se cacher que la bête humanoïde lui fondit dessus, par la gauche.

Il tomba à plat ventre, le souffle coupé. Son arc était à un mètre, impossible à atteindre.

Basculant sur le flan, il tira son couteau de sa botte, mais la bête le plaqua de nouveau sur le ventre, à califourchon sur son dos, pressant d’un pied sa main tenant le coutelas, l’obligeant à le lâcher.

D’une main libre, la bête saisit l’arme et de l’autre, empoigna ses cheveux, lui tirant la tête vers l’arrière.

L'adolescent haletait et se tortillait comme un ver pour échapper à son emprise, mais il était aussi lourd qu'une pierre. La bête apposa le couteau sur sa gorge, l'acier froid lui entailla légèrement la gorge malgré tous ses efforts. Son corps commençait à s’engourdir, il n'était pas en possession de toutes ses forces. Le sang perla sur le poignard, se mélangeant à la sueur de tout son corps, la bête eût un son guttural qui ressemblait à un rire.

Soudain, le son se mua en cri de nouveau strident lorsqu'il avisa une nouvelle flèche en bois d'acajou rouge, plantée dans son épaule.

Le Traqueur relâche sa prise, et retire ce qui est la cause de son mal.

Ses forces l’abandonnent elles aussi ou bien est-ce la délivrance qu’il cherchait ? L’odeur de l’intrus, musquée et saline, se mélange à celle qui a mené ses sens jusqu’à sa fin.

Un râle sortie de sa gorge et il s'effondre sur le côté.

Tory se releva vivement, s’épousseta comme pour chasser ce que le Traqueur avait laissé sur lui. Portant la main à sa gorge, l'entaille n'était pas profonde.

Encore sous le coup de l’adrénaline, il était prêt à décharger toute sa peur sur la créature. Puis il se souvint de ce qui lui avait permis de naitre et eu un regard de pitié pour ce corps difforme qui disparaissait lentement dans le sol:

« Iéonïsse, Je te rends grâce, de par ta bonté et ton amour, en répandant autour de moi tes actions et ta sagesse.

Iéonïsse, Mère de nos mères, pardonne à ceux qui se sont égarés sur le chemin du chaos, rends leur grâces et posent tes mains sur leurs maux.

Dans ce monde et dans le prochain, je serais éternellement la lumière que brandissent tes Mains, afin de guider mon prochain »

— Repose en paix à présent, que Notre Mère te pardonne.

Il promena son regard sur la flèche, puis sur la forêt :

— Je crois bien que j'ai une dette envers vous, clama-t-il en direction des arbres.

Il sourit, et ramassa les vêtements de Lahynn.

Puis repartit.

Une silhouette se meut, presque imperceptible dans les arbres.

~~~~~~


— Père, il ne faut pas traîner. Ils courent un grand danger…

Le vieil elfe aux cheveux blanc-argent, hocha gravement la tête en ouvrant les yeux son tour :

— Prépares toi à annoncer ma venue, je pars dès à présent.

— Mais père, je veux vous accompagner, vous êtes encore faible et ...

— Sottise ! Je dois y aller seul de toute façon.

La jeune elfe se renfrogna.

— Et tu m'es plus utile ici, je préfère te savoir en possession du château en mon absence.

— Mais je sais me battre !

Le vieil elfe soupira.

— Tu es aussi têtu que ta mère. Non, Héwine, je n'ai rien à ajouter.

Héwine ouvrit la bouche, mais n'ajouta rien.

L'elfe se leva, prit son grand manteau blanc suspendu, et partit au pas de course dans la grand cour de pierre.

Une fois près de l'arche de pierre blanche, il saisit son bâton à deux mains et invoqua son Entité, au plus profond de son esprit.

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