Chapitre 4 - Naissance d'une prophétie

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An 100, sur Ortilâ.

Au commencement, lorsqu'Ortilâ n'était qu'une jeune planète, deux êtres naquirent des cieux : Iéonïsse, divinité de la guérison et de l'harmonie.

Et Isâârd, divinité du chaos, de la souffrance.

Ces deux divinités, devenus chairs, étaient totalement contraires : Tout les séparaient et les rassemblaient en même temps. Un sentiment très fort les unissait, tout en les éloignant l'un de l'autre.

Chacun trouvait sa moitié en l'autre, ce qui le complétait.

Or, Isâârd était le chaos, il pouvait anéantir Iéonïsse ; Sauf qu'une infime parcelle de lui l'en empêchait. Une infime parcelle d'amour.

Iéonïsse de son côté aimait passionnément Isâârd, sauf qu'une infime partie d'elle-même l'empêchait de s'unir à lui. Une partie de haine.

Tous deux menaient donc un combat intérieur entre leur raison et leur volonté.

C'est ainsi qu’un conflit naquit, appelé la Grande Déchirure où l’un et l’autre essayait par ses facultés mentale, de faire plier l’autre.

Jours et nuits le duel se maintînt sans relâche.

Jusqu’au quatorzième jour, où épuisés, un tremblement colossal s’interposa entre leurs deux esprits. Leurs attaques cessèrent, ils observèrent avec stupeur Ortilâ manifester sa colère.

Profitant de la situation, Isâârd se jeta sur sa rivale, mais Iéonïsse fut plus rapide que lui, esquivant son coup, elle le contre attaqua avec assez de force pour le soumettre, mais pas assez pour lui assener un coup fatal.

Le tremblement prît une telle ampleur, que tout devînt lumière.

Lorsqu'elle s'estompa, les deux divinités avaient été séparées, leurs corps avaient été éloignés et leurs esprits n'étaient plus reliés.

Plutôt que d'éprouver une grande joie, une profonde tristesse les affecta. L’un et l’autre croyaient avoir tué sa moitié. Son contraire.

Les années passèrent, consciemment ils s'oublièrent presque. Inconsciemment, le désespoir avait creusé leur cœur, laissant apercevoir les rides d'une terre assoiffée, où l'eau ne s'infiltrait plus.

Quand vînt le jour où le destin décida de les réunir de nouveau. Le choc fut grand et le soulagement plus encore. La passion prît le dessus sur la haine d'Isâârd et d’Iéonïsse.

Mais la passion, pouvait devenir plus destructrice que le mal lui-même.

Et c'est lors de ces retrouvailles, que la passion prît le dessus sur cette part de mal qui les habitaient.

Isâârd courût vers Iéonïsse, la faisant tournoyer dans les airs, comme un jeune couple qui se retrouvaient après de longs mois de séparation. Leurs rires se mêlèrent et leurs yeux brillaient de bonheur. Les mots leurs manquaient, mais leur joie comblait toute parole. Iéonïsse se laissa prendre par son amour, prît le visage de sa moitié et l'embrassa fougueusement.

Isâârd d'abord surprit, lui rendît avec autant de passion, passant sa main dans ses cheveux d'or, leur corps enlacés rappelaient des serpents lovés.

Quand soudain, les yeux d'Isâârd brillèrent d'un nouvel éclat, Iéonïsse ne le vit pas à temps. Elle ne vît pas à temps son rictus glisser sur son visage, ni l'éclat brillant dans sa main.

Elle le regarda avec dédain quand elle enleva la dague enfoncée dans sa poitrine. Trahison et vengeance étaient les deux mots qui déformèrent son visage en un rictus de haine. Si sa salive avait été du venin, elle aurait effacé ce sourire satisfait d’un mortel baisé.

Respirant son doux parfum, Isâârd l'embrassa sur le front. Sa vengeance du passé accompli, il voulut se défaire de cette étreinte mais une force le retenait paralysé, incapable de faire un pas en arrière.

La déesse de l‘harmonie lui retenait la nuque d’une main lui aspirant ainsi son énergie vitale et contempla intensément ses yeux. Il suffoqua, mais elle tomba la première en l'entraînant dans sa chute.

Leurs corps glissèrent le long d'un jeune chêne, Isâârd s'assit brutalement en s'adossant sur l'arbre. Iéonïsse s'affala sur ses genoux, la tête sur son épaule.

— Je te hais, parvînt-elle à murmurer à son oreille.

Un léger sourire se dessina sur les lèvres d'Isâârd, il avait réussi.

Sa vengeance avait été assouvie et il était le dernier à mourir.

— Je t'aime, lui susurra-t-il, en humant le doux parfum de ses cheveux. Mais elle avait déjà rendu son dernier souffle.

Leurs corps ainsi lovés, ne laissait pas présager leurs tragiques fin. Isâârd adossé au tronc de l'arbre, la tête penchée sur le côté. Sa compagne Iéonïsse, la tête posée sur son thorax, une main pressée contre sa nuque.

Le sang affluait de son sein, maculant sa tunique blanche, puis ruisselait le long du torse de son amant. Un profond sommeil s’était emparé de leurs corps.

Altan Hùr,

Messager du dieu Suprême, extrait de l'encyclopédie : prophéties et légendes.

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