Suzanne

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Pierrick se réveilla en sursaut...
Il venait de faire un horrible cauchemar...
Il se demanda quelle heure il pouvait bien être : « En tout cas, il doit être tard, se dit-il, parce qu'il fait encore noir ». Il regarda l'horloge accrochée au mur, éclairée par un rayon de lune. « Une heure trente du matin », pensa-t-il.
Encore un peu sonné par son affreux cauchemar, il alla prendre un verre d'eau pour se calmer et se remettre les idées en place. Il partit donc se recoucher. Malheureusement il ne réussit pas à retrouver le sommeil. Il se sentait oppressé par ce songe cauchemardesque. « En même temps, si l'on n'est pas oppressé après s'être vu mourir, c'est que quelque chose cloche ! Tout le monde a peur de la mort. Oui, c'est cela, c'est normal. Et puis, c'est sûrement parce que j'ai trop mangé hier soir. Maman m'a toujours dit de ne pas manger trop lourdement avant d'aller se coucher parce que cela perturbe le sommeil».
Il continua à se raisonner de la sorte durant un certain temps avant de s'assoupir à nouveau, mais pas pour bien longtemps. En effet, après seulement une ou deux petites heures le soleil se leva, laissant place au jour.

Pierrick se rendit sur son lieu de travail et croisa son «collègue» et meilleur ami, Yann :

« - Tiens, bonjour Pierrick. Tu m'as l'air un peu pâle. Tu vas bien ? le questionna ce dernier.
- Oui oui, ne t'inquiète pas Yann, je manque juste un peu de sommeil. J'ai fait un rêve assez perturbant et je n'ai plus réussi à retrouver le sommeil après. J'ai dû, de la nuit, ne dormir que quelques heures.
- Et quel était ce rêve ?
- Hum, en fait, je ne m'en souviens pas. Enfin si, mais juste la fin ou j’étais allongé au pied d'un arbre, mort, avec une blessure à la poitrine. Inutile de te dire que lorsque je me suis réveillé, je me sentait oppressé. »

Ils continuèrent ainsi à discuter avant de se mettre à travailler. Pierrick et Yann étaient peintres.

Yann aimait peindre les femmes, il trouvait que leur grâce, leur élégance, leur délicatesse et l'harmonie de leurs formes devaient être immortalisées sur ses toiles, cela l'inspirait plus que tout.
Pierrick, lui, préférait tout ce qui touche à la nature, aux paysages. Le calme qui régnait dans ces moments là le transportait. Les seuls sons qui filtrent sont le léger bruissement des feuilles doucement secouées par le vent et les gazouillis des oiseaux cachés dans les branches. Parfois, il y a le bruit de l'eau qui court dans une source proche. Il aimait la solitude et la tranquillité de la nature, il avait décidément du mal à comprendre son ami et son amour pour les femmes !

Or ce fut précisément l'un de ces êtres insignifiants à ses yeux qui le tira de ses réflexions concernant son ami et ses centres d’intérêts.
Elle était habillée de noir avec un voile qui cachait son visage...
Elle l'intriguait....
Pendant qu'il la détaillait de haut en bas, elle tourna la tête vers lui sentant son regard posé sur elle. Il crut l'entendre murmurer quelque chose qu'il ne comprit pas, comme si elle parlait une autre langue qui lui était étrangère, puis elle partit.
Au moment où elle allait disparaître au coin de la rue, il s’élança à sa poursuite.
Il voulait lui parler. Ou même connaître au moins son nom. Elle tourna au premier angle de la rue. Lorsque, quelques secondes après seulement, il prit, lui aussi, ce tournant, il pensait la revoir.

Mais non ! Elle avait disparu comme par magie !
« Non, il devait y avoir une diligence, de toute façon c'est impossible autrement, elle n'a pas pu disparaître comme cela, pouf ! En un claquement de doigt. Mais pourtant je n'en ai pas vu passer que ce soit dans un sens ou dans l'autre. Et puis, j'aurais eu le temps de la voir au moins fermer la porte avant que la diligence parte, non ? Et j'aurais aussi entendu le bruit des roues sur la route. Mais peut être qu'elle était dans un coin d'ombre, en train de marcher et que, à cause de la couleur de ses vêtements, je ne l'ai pas aperçue. Oui ce doit être cela, il n'y a pas d'autres explication de toute façon. »

Pierrick ne cessa de penser à cette mystérieuse femme...
Il en avait déduit que c'était une étrangère à cause des mots qu'elle avait prononcé et qu'il n'avait pas comprit. Cela ne ressemblait à aucune langue qu'il connaissait.
« Décidément cette femme est bien étrange... », conclut-il songeur.

Plongé dans ses réflexions il ne fit pas attention et percuta quelqu'un. « Veuillez m'excuser, je ne faisais pas attention et... » Il arrêta immédiatement de parler en voyant la personne qu'il avait bousculée. Une fois le choc passé de voir que ce n'était autre que la femme qu'il avait vu la veille, il se reprit et l'aida à se relever. « pourrais-je savoir le nom de la personne que j'ai bousculée ? » lui demanda-t-il. Mais il ne reçut aucune réponse de la part de la mystérieuse inconnue.
Elle était habillée de la même manière. Toujours tout de noir vêtue, un voile cachant son visage. De près, il pouvait entrapercevoir un bout de peau blafard, aussi pâle que celle des morts.
« Comment peut-on être si pâle ? » se demanda-t-il.
Elle fit mine de partir mais Pierrick la retint
« Ah non, je ne la laisserai pas filer maintenant que je la tiens. Rien ne me garantit que j'aurais deux fois la même occasion inespérée de pouvoir lui parler. », pensa-t-il.
«Pourrais-je au moins voir votre visage ? », la questionna-t-il.
Il n'obtint toujours pas de réponse de sa part mais, contre toute attente, elle lui dévoila un visage pâle, cerclé de longs cheveux bruns presque noirs. Elle avait des lèvres pleines, rouges foncées, et des yeux noirs et sans éclat. Malgré le fait quelle le regardait sans laisser paraître aucune expression, il tomba définitivement sous le charme de cette inconnue.
« - Pourquoi cachez-vous votre visage ?, lui demanda-t-il sans quitter celui-ci une seule seconde des yeux.
- J'ai mes raisons. »
C'était la première fois quelle lui adressait la parole. Sous son aspect froid et glacial, elle avait, contrairement à ce que l'on aurait pu penser, une voie douce et claire. Cristalline même.
« - Et pourrais-je enfin connaître votre nom? Vous ne m'avez toujours pas répondu à ce sujet.
-Suzanne. »
Elle le salua et repartit pour de bon cette fois. Pierrick ravi d'avoir pu lui parler la laissa partir.

Sa discussion avec Suzanne occupa l'esprit de Pierrick toute la journée. Il se demandait pourquoi il n'avait pas compris ce qu'elle avait dit lors de leur première rencontre. Quelque chose l'intriguait au plus au point chez cette femme mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Il y réfléchit toute la soirée pour, au final, ne pas trouver de réponses à toutes les interrogations qui tournoyaient dans sa tête.

Le lendemain il ne la revit pas, le jour suivant non plus.
Une semaine passa ainsi.
Pierrick ne vivait plus que dans l'espoir de la revoir.
Il croyait apercevoir son ombre se profiler à proximité de lui, il revoyait son visage partout. Il était obsédé par l'idée de la revoir. Toutes ses pensées allaient vers elle.
Il ne peignait plus de paysages, seulement des femmes. Enfin, plutôt Une femme. Toujours la même : habillée de noir avec parfois un voile sur le visage, quand il n'y en avait pas, elle avait des lèvres rouges foncées et des yeux aussi noirs que l’onyx. Jamais une autre mais bel et bien encore et toujours celle-ci.

Yann avait pris peu à peu ses distances avec Pierrick. Il était content qu'il trouve enfin une femme à son goût et qu'il comprenne enfin son plaisir à peindre des femmes, mais il vit bientôt que Pierrick n'était plus tout à fait lui-même et qu'il devenait de plus en plus obsédé par cette Suzanne. Finalement il prit peur et s'éloigna, un peu à contre cœur, de celui qu'il considérait comme étant son meilleur ami.
Il espérait provoquer en lui un petit choc pour que Pierrick se calme un peu avec cette femme. Pour qu'il comprenne qu'il risquait de tout perdre peu à peu, mais bien évidemment cela ne servit à rien. Cette femme l'avait envoûté. Il en était sûr, cette femme était une sorcière ! Oui c’était cela, une sorcière ! Il l'a trouvait bizarre.
Trop sombre à son goût.
Et pourquoi s'habillait-elle toujours en noir ? Et pourquoi portait-elle toujours un voile ?
Comme si elle était constamment en deuil. Elle était extrêmement pâle, blanche. Cela contrastait avec ses yeux et ses cheveux. Et puis quelle idée de se colorer les lèvres d'une couleur aussi rouge et foncée ! Il ne voyait pas d'autre solution, une sorcière. « Il ne lui a parlé et n'a vu son visage qu'une seule fois alors comment aurait-il pu être si soudainement obnubilé par elle ? Cela n'a aucun sens voyons ! » Il tentait de comprendre, de trouver une raison à ce dévouement fou, si soudain.
Pierrick était en train de devenir complètement fou.
D'ailleurs, Yann avait vu dans le journal une rubrique parlant d’événements semblables à répétition. Il revérifia et lut :
« Depuis un certain temps déjà, de jeunes hommes ayant tous environ entre vingt et trente-cinq ans sont pris de folie soudaine et meurent d'une mystérieuse blessure à la poitrine. D'après leur entourage, il n'y aurait aucune raison particulière qui pourrait être la cause de ce phénomène. Les enquêteurs disent avoir trouvé un point commun à toutes ces accès de folie soudaine. En effet, toutes les victimes auraient rencontré une jeune femme environ une à deux semaines au préalable. Ce phénomène a débuté dans le sud de la France et se déplace vers le nord de celle-ci. Les dernières victimes se situaient en Normandie. »
Tout ceci confirmait ce que Yann se disait. Cette femme, personne ne l'avait vu auparavant. Et d'ailleurs , seul Pierrick l'avait vu. «Mais cela peut aussi être une maladie. Oh ! Et puis zut ! »
Il craignait pour la vie de celui qu'il considérait toujours, malgré tout, comme son meilleur ami.

Pendant que Yann s’interrogeait sur son cas, Pierrick avait soudainement revu Suzanne. Il fut pris d'une joie irrépressible et suivit cette jeune femme qu'il aimait tant. Elle allait en direction d'une forêt. S'il n'avait pas été aussi totalement obsédé par Suzanne, il aurait reconnu la forêt de Brocéliande. Il la suivit en tentant de la rattraper jusqu'à l'orée d'une clairière au milieu de la forêt. Arrivée a cet endroit elle arrêta de marcher et se retourna pour faire face au jeune homme. Il fut ravi de revoir son visage. Mais, celui-ci se déforma comme tout le reste de son corps pour laisser place sous la cape noire que Suzanne portait, à un squelette tenant une faux immense. Celui-ci se mit à parler et redit les paroles que Suzanne avait prononcées lors de leur rencontre. C'était bel et bien une autre langue que Pierrick reconnut cette fois comme du latin. Et alors qu'il ne le parlait même pas, il comprit à la posture de ce squelette, étant la mort, que cela voulait dire « adieu ».
Et d'un seul mouvement de bras, la mort le tua d'un coup de sa faux porté à sa poitrine.
Pierrick s'effondra sous un arbre.

Pierrick se réveilla en sursaut...
il venait de faire un horrible cauchemar...
Il se demanda quelle heure il pouvait bien être. « En tout cas, il doit être tard, se dit-il, parce qu'il fait encore noir ». Il regarda l'horloge accrochée au mur, éclairée par un rayon de lune. « Une heure trente du matin », pensa-t-il.
Encore un peu sonné par son affreux cauchemar, il alla prendre un verre d'eau pour se calmer et se remettre les idées en place. Il partit donc se recoucher. Malheureusement il ne réussit pas à retrouver le sommeil. Il se sentait oppressé par ce songe cauchemardesque. « En même temps, si l'on est pas oppressé après s'être vu mourir, c'est que quelque chose cloche ! Tout le monde a peur de la mort. Oui, c'est cela, c'est normal. »
Le lendemain, Pierrick se rendit sur son lieu de travail et discuta avec son collègue et meilleur ami Yann du cauchemar de la veille.
Soudain, il vit plus loin une femme, habillé tout en noir avec un voile sur le visage.
Elle tourna la tête et l'observa en murmurant une chose incompréhensible pour Pierrick...

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