Epilogue - Au nom des sacrifiés

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Son nom est Junon. Elle est une Déesse de renom. Mais si elle est revenue sur Terre, ce n’est pas que qu’elle s’y terre, non, c’est qu’elle a quelque chose à faire. Des affaires à régler, un amant à honorer. Une vie à protéger. Un devoir à effectuer.

- Octave…

- Oui ?

Elle se retourna à une vitesse inouïe. Allongé dans son lit, sur les draps moisis imprégnés d’humidité, entre les murs légers qui ne cessaient de trembler, le pauvre Octave gisait, très affecté. Son corps semblait toujours aussi parfait, mais sa pâleur tranchait. Ces derniers jours avaient été lourds à porter pour le jeune homme. Et son visage marqué de parts et d’autre de brûlures, bien que ne diminuant pas sa beauté pure, avaient changé sa vie. Il était aveugle, aujourd’hui. Ses rêves de dessin avaient trouvé leur fin ce jour-là, dans son voyage vers l’au-delà. Pour la seconde fois, il s’était rendu dans un monde où il n’était pas attendu et il l’avait payé. Sans la déesse pour l’épauler, il y serait probablement resté.

Cependant, il n’avait pas abandonné. Il ne l’aurait pas accepté. Il avait rassemblé, sans trop savoir comment, des partisans, des gens qui, comme lui, cherchaient à libérer les hommes de ces dieux monotones qui semblaient vouloir les utiliser dans leurs loisirs malavisés. Et sans qu’il ne s’en rende compte, la maison close s’était vue transformée en quartier général d’une force tout juste éclose, d’une armée d’opposition qui n’avait pas encore de nom.

Dès cette vie, autour de lui, il trouva par chance aussi bien des gens de confiance qui le soutenaient que des imposteurs qui le surveillaient. S’il se refusait à les renvoyer, ce n’était pas parce qu’il les appréciait, mais plutôt parce qu’ils l’apitoyaient. Que pouvaient-ils bien rapporter à leurs gradés ? Que l’infirme était toujours blessé ? Rien qui puisse les intéresser. Qu’il réapprenait à marcher et à appréhender les objets ? Pas sûr que ça les avancerait. Qu’il ne comptait pas abandonner ? Tant qu’aucune opération n’avait été lancée, il n’en voyait pas trop l’utilité. Et puis, Junon le protégeait, il n’avait rien à craindre de ces roquets.

À eux deux, ils les avaient tous identifiés. Toutes leurs informations erronées étaient bel et bien remontées jusqu’aux cieux et avaient provoqué la colère des dieux. Leurs escadrons de différentes religions s’étaient faits balader dans le monde tout entier, du Japon au Zimbabwe, tandis que sous leur nez, dans leurs églises bien-aimées, de nouvelles recrues venaient fouiller les archives classées.

Des spectateurs présents le jour du Jugement Premier, un certain nombre avait filmé l’évènement et d’autres les avaient escortés, Junon et lui, jusqu’à ce qu’il appelait sa maison. Les cris de ralliement, les manifestations, tout lui avait permis de retrouver la raison. Et pour mieux voir, il avait dispersé ses yeux, il avait éparpillé sa gloire devant ceux des bigleux.

Junon avait beaucoup souffert de ce conflit entre frères, mais son choix était fait. Même si son statut lui échappait, son courage était satisfait, son moral brillait. Elle luttait avec la force des humains faits. Quant au Diable, il avait inventé une fable qui lui permettait de rester caché et de transmettre à son protégé les informations dont il disposait.

Rien ne semblait pouvoir leur résister, pas même l’obscurité, ni les Dieux ennuyeux, les gouverneurs menteurs, ces divins humains qui de leurs hauteurs, des hauts cieux ne voulaient même pas baisser les yeux sur eux.

Après plusieurs mois de ces opérations en toute discrétion, la première action d’envergure fut lancée. Pour Octave, il n’y aurait pas de futur si cette mission n’était pas un succès.

Ils devaient se réapproprier l’Anneau de Junon.

Et peu importait qu’il trouve le temps long s’il pouvait rendre cet objet au démon.

La nuit tomba de nombreuses fois et son velours impénétrable resté inaccessible faisait de l’homme une cible. Pourtant qu’il fasse jour ou nuit, qu’il fasse mort ou vie, il luttait. Sans cesse, avec tout ce qu’il avait, tout ce qu’il lui restait. Comme ivre de trahison, d’une naïve façon, comme un oisillon qui tente de survivre.

Oui, un oisillon recouvert par le givre. Un oisillon qui n’avait jamais chanté sa chanson. Une chétive prérogative qui assurait sa préservation.

Parce qu’il voulait vivre mais il ne trouvait pas d’autre raison.

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