Le début de l’après-midi. Dans son garage, une moue hésitante. Dehors, un temps magnifique, alors, voiture ou moto ? Au bout de quelques secondes, ouverture de sa décapotable rouge, plus pratique pour les courses et les soldes.

Après dix minutes de trajet sur des routes de campagne, voici la petite ville en bord de mer. Une circulation fluide malgré la saison, un créneau, et la voilà à pied d’œuvre. Lunettes noires sur le nez, chapeau tendance, tenue légère et grand sourire. Un claquement de portière, puis le bruit de ses pas. Direction les premières boutiques !

14 heures, peu de monde dans les rues piétonnes du centre commercial. Un superbe soleil et quelques nuages blancs cotonneux, épars dans un magnifique ciel bleu. Sur les différentes placettes, de bien agréables bassins, le plus souvent agrémentés d’une fontaine ou de jets d’eau. Tout autour, des jardinières de roseaux, éléagnus, et autres plantes vivaces. Un ersatz de coin de nature, en plein cœur de la ville. L’endroit idéal pour le shopping.

A l’ombre de nombreuses terrasses, des tables, des chaises, des boissons et glaces. Un véritable petit paradis.

Première cible d’Annabelle, un magasin de chaussures artisanales, en coton et en chanvre. Quelques marches de bois, le sourire avenant de la vendeuse et la climatisation de la boutique. Annabelle sous le charme. Quelques paires multicolores plus tard, son choix : des espadrilles arc-en-ciel, bio... du coup, pas d’escarpin. Une carte bleue, un ticket de caisse, un au revoir poli.

Seconde échoppe, mais de lingerie cette fois.

Peu d’hommes, à l’intérieur. Et seulement trois couples.

Dans la cabine d’essayage, un regard sur sa silhouette au travers du miroir. Un début de sourire mutin, puis franchement amusé. Bientôt, plus de Tee-shirt ni de soutien-gorge. Son short sur un porte-manteau. Dans ses mains un ensemble rouge et une chemise de nuit estivale. Plusieurs essais sympas, une catastrophe pour la carte bancaire. Un rapide passage à la caisse, le code magique, un deuxième paquet et un second sac.

Maintenant, au tour des parfums et cosmétiques. Mais pas avant une halte rafraichissante sur la terrasse de Marco. Coca, rondelles de citron, glace pilée, plus une meringue moelleuse à l’intérieur et craquante tout autour. Le tout avec un magazine masculin. Beaucoup de grimaces comiques le long de sa pause, en raison des articles disséminés à l’intérieur du quotidien.

Une démarche volontaire, une main sur une chaise voisine, quelques mots, un brin d’humour, de la politesse. Un homme brun, de belle taille et une question.

Un regard curieux, une légère hésitation puis l’accord de la jeune femme, bien que du bout des lèvres. Deuxième soda pour la rouquine et un gin-tonic pour l’inconnu maintenant à sa table. Petite présentation :

— « Ludovic. Et vous ? »

— « Annabelle ! »

— « Belle comme le feu... »

Sourire timide et joues écarlates, puis avec la paille entre ses lèvres, une nouvelle contenance et des yeux rieurs.

Le début d’une agréable conversation, et de fil en aiguille, une demi-heure d’échange à bâton rompu. Les excuses d’Annabelle, une histoire de magasins, de soldes...

Aucun problème pour Ludovic et sa carte de visite offerte entre index et majeur. Grand sourire du beau mâle, dents blanches, parfaites. Le morceau de carton à présent dans les doigts d’Annabelle. En réponse, une vague promesse.

Le cœur léger, la voici dans une parfumerie. Deux vendeuses autour d’elle, échange de politesses. Le temple des effluves, et forcément, un nombre assez conséquent d’essais. En fin de compte, son choix habituel. L’heure du retour. Une contravention sous l’essuie-glace de sa voiture... Oups... Bon. Pas si grave, en regard de cette belle après-midi.

Derrière son volant, un tour de neumann, la radio. Prête pour le départ, un coup d’œil sur le bristol. Pourquoi pas, après tout ?