* Retardataire * The most amazing thing I have ever seen - Pseudo : Kennedy

3 minutes de lecture

***** ATTENTION CONTENU EXPLICITE A CARACTERE SEXUEL*****

5 janvier

Je regarde mon téléphone treize fois par minutes. Sophie n’appelle plus depuis deux jours. D’ordinaire, c’est elle qui appelle, qui s’immisce, qui gratte la pudeur, empêche la disparition. Mais elle n’a pas appelé. Elle a juste enfoncé sa casquette en arrière, entremêlé ses doigts et n’a pas fait demi-tour — les femmes aux larges visages sont toujours ainsi. L’appartement est grand et vide comme la nef d’une église.

7 janvier

S’oublier sur Pornhub, à la recherche d’une pseudo Sophie / Mackenzie Davis / prof d’anglais de lycée. Après cinquante minutes d’errance, une blonde aux yeux bleus, lèvres très épaisses, t-shirt rose vichy et short en jean. Elle s’appelle Kennedy L. Elle est née en 1994. La vidéo s’appelle : HD POV Cute Student loves your Cock in her Tight Pussy. Entre deux positions, Kennedy dit : I love you so much. La gêne dégouline. megacock25 dit : I wanna cum on her face! — xmavenx dit : Incredible. The most amazing thing I have ever seen. — WantedTo dit : Camera angle when she's sucking is perfect. La vidéo a six ans. Kennedy a dix-huit ans. Je jouis en à peine trois minutes, instantanément submergé de honte.

15 janvier

Sommeil Benadryl : dans la cuisine, Sophie allume sa cigarette à même la cuisinière. Senteur mandarine. Elle enroule derrière ses oreilles ses mèches rousses. Je veux la toucher. Paralysie de sommeil — les lèvres pleines de bave. Elle se penche et son jogging dévoile la commissure de son cul. Un sursaut trois heures plus tard. Je me roule péniblement sur le côté pour enfin émerger des draps et m’écraser sur le parquet. Il me faut des minutes entières pour enfin initier mon bras vers l’interrupteur et chasser le Benadryl par la lumière.

16 janvier

Je traine sur les forums. Je discute avec vulma, XcaligulaX, massedelilas, keank, lesbos_bijoux, syros_kippenberger. On s’échange nos dernières trouvailles Shodan. Il y a un ponton de bateaux, une balançoire sous le vent, un appartement désert. On regarde pendant dix minutes les mêmes images fixes. Un terre-neuve traverse subitement le salon. Le moindre mouvement est une bénédiction.

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massedelilas enrage sur sa pute de mère qui l’a traitée de grosse et de chienne. Je dis : Sophie c’est rien qu’une conne, une sale ritale. Je l’imagine étalée sur le canapé, ses larges formes d’italienne en une voile gonflée de vent. Je roule mes poings dans mon ventre. Je me tape la tête sur l’oreiller. Je prends le premier magazine qui passe et je le déchire jusqu’à me couper le bout des doigts sur le papier glacé.

syros_kippenberger envoie un selfie depuis son lit. On devine un téton en bord de cadre : cette solitude mutuelle pousse à des effusions aussi brutales que fausses. On dit tous qu’elle est tellement sexy. Qu’elle est belle même. vulma balance à son tour ses derniers selfies lingerie et XcaligulaX son caleçon où naît une érection. Quelqu’un dit : je vous aime putain, mais je ne prends même pas la peine de lire son pseudo.

25 janvier

Déambulation d’immeuble : l’odeur stérile des couloirs apaise. Le couple d’allemands du 6C crie. Je crois entendre Kaninchen — mais ne comprend pas l’allemand. Ils disent : — Tu es un homme sinistre. — Je sais, mais qu’est-ce que ça peut foutre ? — J’ai fait un rêve : il y avait une berge, loin, et nous buvions une bière, les yeux sculptés par l’obscurité. Et un train a surgi, a emporté les traits de nos visages. — Tu es niaise parfois. Elle jette un oreiller par terre. — Je voudrais juste que tu m’offres des fleurs parfois, merde ! Des tulipes ou des arums. — Ça pue les arums. Il la saisit par les hanches. Elle est sur lui et ses genoux frottent sur les draps. Des gémissements qui montent, venus de très loin. — T’as des yeux de lapin quand tu baises. Les mots se décomposent. J’ai l’impression qu’ils sont fous ou qu’ils prétendent l’être.

1 février

La solitude est insupportable.

18 février

Je fume joint sur joint. Ma bouche a le goût des pissenlits. Dent-de-lion, quel joli mot.

18 février

Vers cinq heures, un message de Sophie : T’es qu’un sale con putain même pas capable de t’excuser merde t’es juste un con. Je veux répondre : pardon, pardon, pardon, Sophie, tu as raison, pardon, pardon, pardon — mais je ne réponds pas.

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