Lettre de Monsieur le Maire de Duc-Le-Retrou au rédacteur de La Feuille Retrouduquoise

Mon cher administré et néanmoins journaliste et bienfaiteur de l’humanité nécessiteuse en ces temps de restrictions et de hausse des couts du papier.
J’ai pu parcourir, d’un derrière très reconnaissant (nous manquions en effet de papier dans les toilettes municipales), votre dernier article ayant trait à la politique poursuivie, sous mon mandat, pour améliorer la vie de nos concitoyens. Notamment la qualité des repas préparés et servis dans les cantines municipales à nos chères têtes blondes, et dans le foyer des personnes âgées, à nos anciens, bénéficiaires des aides sociales.
J’ai été fort surpris de constater cet intérêt soudain pour la composition et la qualité des plats, sans doute très éloignée de celle à laquelle vous êtes habitué dans le trois étoiles luxueux que vous fréquentez assidûment depuis toujours. Mais en période électorale, lorsque l’on est candidat et tête de liste, manger avec le petit peuple dans le réfectoire de la maison de retraite, outre les poux récoltés dans les écoles, vous avez pu, respirant les mauvaises odeurs que vous dites avoir croisées, offrir aux puces locales un repas de fête, bon sang ne saurait mentir.
Vous n’avez d’ailleurs pas manqué de remarquer que le prix du repas, trois euros quatre-vingt, était sans commune mesure avec son prix de revient réel et en tout cas moitié moindre que le prix du café de votre établissement favori. Cette dernière remarque ne figure pas dans votre article, je ne l’ajoute que pour permettre à nos électeurs de disposer d’un élément de comparaison ad hoc, et qu’ils peuvent vérifier sans consommer le prix étant affiché sur le menu situé à l’extérieur du restaurant comme la loi le prévoit.
Je n’ose imaginer la délectation avec laquelle vous avez dû déguster le potage de potiron, les carottes râpées bio, la poule confite avec sa purée pois cassés / pommes de terre et la crème caramel que vous avez déclarés tout à fait délicieux devant les convives attablés avec vous. Mais curieusement, vous écrivez n’en avoir gardé que des souvenirs rances et des brûlures d’estomac liés dites-vous, probablement à la mauvaise qualité des produits utilisés par la Mairie.
Tous ces produits provenant de maraichers et éleveurs locaux, contrôlés par l’économe et le chef cuisinier, je me suis fait un devoir de leur transmettre votre article afin qu’eux aussi aient le plaisir de garnir le distributeur de leur toilette à moindre cout.
Que vous dire d’autre, mon très cher administré, sinon que connaissant votre grande humanité, et votre souci de l’utilisation des deniers publics, je suis persuadé que vous aviez déjà anticipé l’usage final qui serait fait de vos articles en publiant dans un quotidien imprimé sur un papier fin se prêtant parfaitement à cet usage naturel et hygiénique. J’aurais juste une question à ce sujet, car soucieux du bien-être des postérieurs de mes concitoyens, l’encre utilisée est-elle bio ?
Dans l’attente de vous lire rapidement à ce sujet, le stock de papier s’épuisant rapidement, je vous prie de croire, mon cher administré en mes meilleurs sentiments et aux remerciements enthousiastes de mon postérieur.

Le Maire de Duc-Le-Retrou