Doutes

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Je veux arrêter de réfléchir. Ce soir, je profite d’un moment agréable en compagnie de Sophie, qui observe chaque meuble comme s’il s’agissait d’un nouveau monde à explorer. J’admire sa curiosité, elle sait apprécier des éléments anodins. Je m’approche d’elle et attrape sa main.
— James ! Je n’ai pas fini d’explorer ce nouvel univers, tu ne peux pas m’arrêter !
Elle se libère de mon emprise et continue la visite, sautillant entre les pièces de la maison.

 Lorsque le tour est terminé, nos corps se laissent aller dans le canapé, et Sophie parle en premier.
— Quelle dure journée !
— À qui le dis-tu.
— Je sais que c’est dur, James, mais j’ai besoin qu’on parle de ce qu’il s’est passé, tout à l’heure.
Je la regarde, incapable de deviner ce qu’elle souhaite savoir.
— Tout à l’heure, quand tu as trébuché, tu étais à côté de la table à laquelle se sont assis les élèves décédés, tu te souviens ? J’y ai réfléchi quand tu dormais, et la coïncidence me paraît trop grosse, j’ai l’impression que je ne sais pas tout.
— Tu es certaine que c’était cette table ?
Sophie… tu ne dois pas deviner que je suis responsable, sinon E. essaiera de te tuer, toi aussi. Ou pire, me forcera à te tuer de mes mains pour me punir encore plus fort.
— Aucun doute, James. Tout comme je n’ai aucun doute sur le fait que ton comportement était inhabituel. Six élèves tombent sous tes yeux, un mouvement de foule se déclenche, et ta seule réaction est de m’observer ? Je te connais depuis longtemps, suffisamment pour savoir que tu te serais immédiatement levé, si tout allait bien. Tu veux en parler ?
— Je suis désolé, Sophie. Tous ces événements qui s’enchaînent. D’abord… d’abord lui, après eux. Je n’arrive même plus à prononcer son nom, tu te rends compte ? Je crois que tout va trop vite, que je me déconnecte de la réalité pour moins souffrir.
— Je suis convaincue qu’il nous manque une pièce à ce puzzle, mais je crains que nous ne la trouvions pas ce soir. Merci pour ton honnêteté, chéri.

 Je n’ai pas le temps de réagir qu’elle me saute déjà dessus et me bloque les poignets. Elle est bien plus forte que moi, je sais que je ne peux pas lutter. Je la fixe sans détourner le regard, il s’agit de la dernière chose que je puisse faire pour lui faire face. Son regard s'illumine et je vois un sourire taquin sur son visage, elle l'a très bien compris.
— Baisse le regard.
Je n’arrive pas à résister, j’obéis.
— C’est bien, James. Pour ce soir, tu m’appelleras madame et tu te laisseras faire, compris mon chou ?
— Oui… madame ?
Je suis hésitant face à son comportement. Il s’agit de la première fois qu’elle me traite ainsi, je ne connais pas ses intentions. Je me laisse faire et elle me guide jusqu’à ma chambre et me jette sur le lit.

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