Yumi se propose, débonnaire, et les autres petites filles la regardent d’un air étrange, comme si allait mourir bientôt, en lui bandant les yeux d’une étoffe moirée. Un geste qui tremble ; et Yumi d’en sourire.

Alors elles forment un cercle parfait en joignant leurs mains graciles. Elles entourent Yumi, qui ferme ses paupières pour ajouter à sa petite nuit cette noirceur d’ailleurs qui lui rappelle, du noir, ses frayeurs les moins timides.

Un sourire se dessine sur ses lèvres rosées : elle les entend déjà tourner, ses amies. Elle devine le bruit de leurs pas en course douce, un rire qui vient se poser là, en papillon fou dans son oreille puis le silence, un peu, et la comptine enfin, qui résonnera en six voix mélodieuses.

Alors, elle déroulera sa mélopée, ses paroles mystérieuses, son mystique Kagome Kagome. Puis, il sera temps de deviner laquelle de ses amies se tient derrière elle, et ce sera elle l’oni, car telle est la légende, tel est le jeu, telle est la rumeur qui, des villes, déverse ses mystères et fait rêver ces filles de rien qui vivent du bois, du charbon, d’histoires inventées, semées aux quatre vents d’un grand jardin en fleurs.