Enfambulle

2 minutes de lecture

La chambre est presque vide, austère, un petit cahier, quelques crayons, une chaise, une table, un poste de musique.

Une lucarne à peine plus grande qu'un livre de poche laisse entrer la lumière du soir.

Mis à part ce rayon de soleil, bientôt rayon de lune, rien ne semble briller.

L'enfant est assis sur le sol, au pied de son lit.

Il ne souhaite ni se reposer, ni s'installer à son bureau.

Il ne souhaite d'ailleurs rien. Rien de ce qu'il est possible de souhaiter.

Il regarde rêveur la danse ininterrompue des particules de poussières, rendues visibles par les traits de chaleur.

Comme il aimerait n’être que poussière.

Comme il souhaiterait n’être que l’un des atomes qui le constituent.

Il s’imagine porté par le moindre courant d’air, il se figure l’extase de l’envol, l’ivresse de l’altitude, la communion avec les autres grains formant ce tout qui lui fait défaut au quotidien.

Il s’imagine l’amitié, s’invente des rencontres, partage des moments de joie, de plaisir, de tristesse, mais bonne celle-là.

Pas la tristesse mélancolique d’un temps qu’il ne vivra jamais mais qui déjà lui fait défaut. Pas la tristesse qui emporte tout avec elle jusqu’à l’espoir d’un jour se relever. La tristesse de se séparer un temps, avant de pouvoir de nouveau se retrouver et danser. La tristesse chargée de la promesse d’une prochaine fois. Celle qui mouille un peu le cœur, comme elle trempe les yeux, mais que l’autre saura essuyer d’un sourire.

Il rêve parce que le monde est bien trop éloigné de la beauté que son imaginaire peut enfanter.

Il rêve parce que la réalité est trop dure à affronter. Il rêve parce qu’il n’y a que dans ses songes que les choses sont telles qu’il les voit.

Il rêve et il s’isole. L’inquiétude commence à monter. Il rêve et autour de lui tous s’agitent, s’affairent pour expliquer son refus de vivre une vie pourtant rêvée.

Changement de paradigme malgré un mot commun. Le rêve des uns ne peut pas être celui de tous. S’il rêve d’être poussière, pourquoi lui interdire ? Ne serait-il vivant qu’en souhaitant acquérir, posséder ? Le rêve serait-il lui aussi codifié ?

À l’abri dans sa bulle, l’enfant contemple encore un temps les grains de vie voler, songeant aux milles vies vécues dans ce tourbillon merveilleux.

Fasse le ciel que personne ne vienne la percer.

À l’abri l’enfambulle, tant qu’il peut songe, rêve, en attendant la nuit.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire JrmBrbx ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0