Maurice G. n'a plus de cheveux depuis bien longtemps. Maurice G. n'a plus de famille depuis bien longtemps. Maurice G. croupit dans son trois pièces avec balcon depuis seize mois, cinq jours, treize heures. Il a mourute, tout comme ça, d'un coup d'arrêt dans la chose du coeur.  82 ans, qu'il avait, le monsieur. Maurice G. on l'a retrouvé par hasard. "J'ai commencé à m'inquiéter de ne plus le voir" confie Mercedes Berline, sa voisine de palier à la presse locale "J'ai frappé à sa porte, il n'y avait pas de réponse, j'ai alors appelé la gendarmerie. Et voilà...C'est vraiment triste, quel pauv' homme. Je le connaissais pas beaucoup, mais à chaque fois, il me faisait des grands sourires. Bonjour, Bonjour qu'il disait en ôtant son chapeau. C'est triste la solitude".

Maurice G. n'a pas toujours été mort. Maurice G. n'a pas toujours attendu seize mois, cinq jours, treize heures pour que quelqu'un ou quelquechose se rende compte qu'il a bien mourute. Maurice G. avait 82 ans derrière lui. 82 ans. Quoi. Il avait connu la chute du mur de Berlin, la médaille olympique de Gerard Manssourit aux JO de Sotchi en curling. Enfin, des trucs qui marquent une vie, une génération. Oui, il avait vu tout ça. Ca en faisait pas pour autant du grabouilli grabouilla dans son ventre. D'ailleurs, à vrai dire, il s'en foutait pas mal de ce qui s'y passait de derrière ses carreaux, de dessous son balcon. Il avait abandonné toute prétention dans cette société depuis quelques années avant de devenir crevuré bien froid. Il avait tout juste écrit là-dessus, sa vie, son passé, son arythmie cérébrale. Un petit cahier qu'il entretenait depuis trentre-trois ans, retrouvé par là, sur son bureau-montagne de bouquins.

Maëlys mit la main sur, par hasard, en fouillant, en fouinant. 29 ans, gendarme par défaut, célibataire par envie. Ce n'est pas rien.