Bistrot

2 minutes de lecture

Digression autour du café. On se regarde dans les yeux. On se dévore. On se lèche la cuillère. Au pourtour des babines sucrées. L'esprit dans le vague, scélérat si possible.

     Quelques habitués. Quelques piliers autour. Au petit  noir. A la petite semaine. Le Baron derrière son zinc. Le regard un peu loin. De ceux qui se lèvent tôt, se couchent tard. Hagard au milieu de son domaine. Vacillant entre le journal et la cafetière, tirant de temps à autre ses dernières cartouches. Ça tourbillonne. Ça siffle. On se fait servir un petit café. Dans une petite tasse. Une petite cuillère. Un petit sucre. Un petit chocolat. Décor intimiste pour ambiance crème sur la table. On s'installe là, au fond d'un canapé, pas trop loin de l'entrée. De manière à se prendre tous les gens, leurs visages, leurs histoires et tout le tralala dans les mirettes. Leurs étendards. Droit devant sur leurs faces, sur leurs allures. En grand corps d'armée. Les hommes. Les Femmes. Les autres aussi. Les Rouquins. Les Requins. Les Commerciaux. Les Préssés. Les Dépréssés. Les Endurants. Les Douaniers. Les Rousseaux. Les Roux pas sots. Les communistes. Les chevelus. Les chauves. Les Dégarnis. Les Soulins. Les bourgeois. Les RSAistes. Les Cocus. Les Croyants. Les Croquants. Les Rats. Les Fonctionnaires. Les Administrateurs. Les Administrés. Les Enseignants. Les Revanchards. Les Roublards. Et Les Blablards. On peut rester là. Une heure. Trois. Dix. Cinq minutes. Au fond, tout ça, ça raconte l'histoire. La société. Le reste aussi. Les petites histoires, comptines pour adultes qui se racontent derrière la pression. Les mensonges avec.

    Il y a cette musique en toile de fond. Au fond des toiles. Sourdine divertissante au delà des oreilles. Il n'y a pas grand chose qui dort, encore. Ils sont là, tous à raconter leurs vies. Comme ils peuvent. Ou pas. Juste boire. De silence. On lit la rubrique faits divers, et on en fait. On tricote là-dessus. On s'dégourdit les points de vue sur les images du monde. On rit à pleine gorgée sur les contrepèteries hasardeuses. On ragote sur le village, et les villageois. Il y a le facteur qui vient interrompre tout ça. Onze heures trente-neuf. Un petit. Pour lui aussi. Et ça repart. Ça repose. Ça riposte. De l'activité. Du mouvement. Un vieil homme, chapeau, moustache et par-dessus dépassé. Tremblotant un peu sous le poids en s'asseyant sur le tabouret. Un rosé. Le journal. Défeuille le bazaar! Marmonne "'culé" après avoir lu un article. Finit d'une grosse goulée son verre. Balance la monnaie. Et Salue le tôlier en souriant.

Moments. Ainsi. Les bistrots.

Annotations

Vous aimez lire Leopold Ferdinand ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0