Le diable s'est toujours mis du côté des savants

de Image de profil de Céline De LucaCéline De Luca

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Les moments de crise, parait-il, révèlent des personnalités. Ou plutôt, les détruisent. Quand on est étudiante dans un laboratoire de chimie, force est de constater que chaque geste est assuré et précis. Mais quand cette même étudiante est assise, dos à un vieux canapé verdâtre décrépis et retourne un sac à dos pour y faire chuter chaque objet qu'il contient, que ses doigts saisissent hâtivement tout ce qui se trouve désormais au sol, les gestes sont tremblants et tout ce qu'elle saisit retombe immédiatement sur le sol. Elle sait ce qu'elle cherche mais son cerveau a perdu la capacité de se concentrer sur les élèments face à elle. Elle fouille. Le plus vite possible.

BOUM! BOUM!

Une balle. Une seule. Au fond d'elle même, Sarah sait qu'une balle ne va plus la sauver mais l'instinct de survie de l'Homme est parfois bien désespéré mais néamoins combatif. Elle sait que l'unique balle qu'elle tente de retrouver est tout ce qui lui reste pour charger le fusil posé à sa droite, sur le sol, encore tiède des derniers coups meurtriers portés sur les cadavres ambulants qui l'ont poursuivis jusque cette maisonette, la seule dont la porte d'entrée n'a pas encore été détruite. Sarah s'y était faufilée en clapant la porte derrière elle, avec quelques secondes de répit, le temps pour les prochains cadavres d'arriver à l'horizon et de se diriger vers sa nouvelle planque. Elle avait eu le temps de bloquer la porte avec un tas de chaise jetées devant. On est pas méthodique quand on est sous le coup de son instinct de survie. On a vu des héros faire le coup des dizaines de fois à la télévision et un jour, on doit bloquer une porte avec une chaise et on a pas le temps d'ingénieusement la placer et effectuer quelques essais avant d'aller s'asseoir sagement dans la canapé défréchi et regarder les cadavres arriver. Non, Sarah n'avait même pas envisager de faire les choses méthodiquement. La pièce était assez petite pour aller chercher les chaises placées derrière le salon, autour d'une table en bois usé par le temps, les empiler devant la porte et se réfugier derrière le canapé en prenant soin de ne surtout pas tourner les yeux vers la télévision.

BOUM! BOUM!

La télévision. Les ordinateurs. Les téléphones portables. Tout ce qui unissait toute une société autour d'un écran avait aujourd'hui entraîné l'aube de l'extinction de l'humanité. Ou presque. Quelques génies à l'égo bien trop grand pour une seule planète avait mis au point la forme de terrorisme la plus efficace de l'Histoire. Le terrorisme technologique. Les gens se méfiaient des endroits bondés, des lieux touristiques, des inconnus. Mais pas des écrans. Et quand, sur chaque écran allumé sur cette planète, un symbole d'un demi cercle sur un fond crépitant apparu, extrêmement rare sont ceux qui ont détournés le regard, conditionnés à être absorbé par chaque image transmise, comme l'unique moyen de communiquer avec le reste du monde. Et la magie opéra. Sarah ne sait pas pourquoi ni l'origine du mécanisme, elle n'a pas eu le temps de décortiquer la problématique. Ce qui l'aura sauvé jusqu'a maintenant, c'est la raison de son isolement social : une aversion de la technologie. Sarah aime les livres, le papier, le toucher et les regards. Mais pas les écrans. Et lorsqu'un évènement arrive derrière un écran et que sa famille réagit, son réflexe depuis bien longtemps est de naturellement se tourner vers sa famille... Et Sarah a été bien assez intelligente, au vu du regard exorbité et vide de ses parents, la peau qui se déchire en lambeaux laissant le sang s'écouler comme la pluie sur une fenêtre en plein mois de novembre et les doigts recroquevillés au son des craquements des articulations, pour savoir que ce qu'ils avaient face à eux, il ne valait mieux pas qu'elle le voit. Elle a fui. Paniquée, habitée par une peur qui vous déchire à l'intérieur avec une telle violence que plus aucune autre émotion ou sensation ne peut vous être perceptible. Elle ne l'avait jamais ressenti auparavant et ne l'a pas regretté. Elle a couru dans les rues, elle a observé les gens se transformer et se détruire les uns les autres, se déchirer la chair jusqu'à celle de leurs propres enfants, elle a entendu les cris jusqu'à pouvoir reconnaître à quel moment un être était en train de devenir un cadavre, comme elle les appelait maintenant. Elle avait eu l'impression de passer des jours à courir et lutter. Mais le soleil qui commençait seulement à se coucher ne lui indiquait qu'une demi journée tout au plus. Une demi journée dont l'adrénaline toujours produite à grandes vagues lui avait presque fait oublier la majorité.

BOUM! BOUM!

Le bruit de la balle qui retombe au sol à peine saisie a permi à Sarah cet eclair de lucidité. La balle était là. Elle la voyait, floue. Etait-ce à cause des larmes qui semblaient monter de nouveau au bord des ses yeux, ou bien tout autre sentiment extrêmement fort dont elle ne pouvait même plus mettre de mots dessus, mais la balle lui apparaissait floue, brillant légèrement entre une bible déchirée et de vieux emballages de Snickers. Lorsqu'elle avait emporté ce sac abandonné dans une voiture posé à côté d'un fusil, sa clairvoyance naturelle lui a dicté le réflexe d'ouvrir la boite à gants. Les quelques balles jetées dedans, elle en avait pris dans sa poche jusqu'à ce que la dernière tombe au sol et qu'elle jeta dans le sac avant de le refermer, sur un geste rapide et sec. Comme si elle avait l'impression que ses poches pleines la gêneraient. C'est comme ça qu'elle avait survécu. Elle n'avait pas établi de stratégie, elle avait juste tenté de courir, de s'échapper. Elle s'était cachée, dans des maisons laissées à l'abandon ou dans des ruelles. Elle avait fui toute autre présence humaine y compris ceux qui semblaient non atteints, par peur qu'ils finissent par l'être. A présent elle regrettait de ne pas s'être laissé accompagné. Mais Sarah n'est pas du genre a être sociable lorsqu'elle est rongée par la peur et la détresse. Elle ne s'était jamais servie d'une arme, elle détestait cela. Mais quand on est poursuivi par des cadavres qui ne cherchent qu'à lacérer votre peau, vous mettez de côté toutes vos valeurs et vous devenez quelqu'un d'autre. Elle a donc manipulé quelques fois l'engin, appuyée contre la voiture, les mains tremblotantes et la sueur perlant sur son front. Juste le temps qu'un cadavre s'approche. Juste le temps qu'elle comprenne le mécanisme. Juste le temps qu'elle tire dans sa direction. Elle ne sait plus trop combien elle en a abattu. Elle a tiré, rechargé, tiré, rechargé et encore tiré jusqu'à ce que sa poche soit vide. Et là, elle a couru. Derrière le parking laissé à l'abandon et maintenant empli de carcasses de voitures, il y avait ce terrain vague au bout duquel reposait une petite maisonnette. Et Sarah couru. Et plus elle courait, plus elle distinguait la porte d'entrée. Une porte toujours en seul morceau. Personne ne l'a declassé pour en sortir ni pour y entrer. Elle décide de la déclasser elle même. A la manière de l'agent du FBI héroine du bouquin qu'elle lisait le soir avant, elle mit tout son poids sur son épaule droite et y donna des coups secs en maintenant la poignée entre sa main libre, l'autre trop occupée à serrer de toutes ces forces son nouveau jouet. Elle continua. Elle persévera. Son épaule commençait à lui lancer mais sous adrénaline, on ne perçoit plus la douleur avec la même intensité. Elle prit une seconde pour respirer, assez pour tourner la tête et appercevoir une silouhette au loin, titubant. Puis une 2ème. Sarah pris une profonde inspiration et la porte cèda.

BOUM! BOUM!

Sarah était assise sur le sol, le dos appuyé contre l'envers du canapé. Elle avait enfin saisi la balle entre ses doigts et la fixait. Quelques secondes, le temps de se rémemorer cette journée. Elle devait profiter de son samedi pour aller au parc. Dessiner les silouhettes des enfants qui jouaient et des chiens qui s'amusaient. Elle devait prendre du temps pour oublier le stress de ses études. Pour oublier, aujourd'hui, elle a oublié. Comment les gens, dans les fictions, dans de telles situations trouvent le temps de prier et de faire des déclarations ? Dans la tête de Sarah, c'est un mouvement de foule entre toutes ses pensées qui avait lieu. Elle sentait son coeur battre jusque dans son cou. Elle sentait son sang trop chaud parcourir tout son corps. Elle ne sentait plus ses jambes, plus ses bras, plus rien. Elle ne ressentait que la terreur. Celle qu'on raconte dans les livres, qu'on voit au cinéma, celle qui paraît aussi illusoire que l'amour décrit dans les histoires de romance. Celle dont on doute de l'existence. Elle existe. Elle vous habite. Elle prend possession de vous. Sarah voulait survivre. Elle ne savait pas comment mais elle voulait survivre. Cette balle posée au creux de sa main moite était sa seule solution. Et à quelques mètres d'elle, un cadavre tambourinait sur la porte.

BOUM! BOUM!

Elle entendait le bois de la porte commençant à se craquer et savait que ce n'est plus qu'une question de seconde. Ils sont habités par une force surhumaine. Elle les a vu retourner des voitures, jeter des corps à quelques mètres d'eux et être capable de faire de telles atrocités qu'aucun cauchemar ne peut décrire. La porte se fissura et elle entendit les râles du cadavre. Elle ouvrit d'une main le fusil. Un bras traversa la porte et fut suffisant pour envoyer les chaises voler à l'autre bout du salon. Sarah voyait les chaises. Chaque muscle lui lançait une douleur atroce, à chaque mouvement qui luttait contre la peur qui la paralysait. Elle entendit une première jambe se poser lourdement sur le sol du salon. Elle envoya la balle dans le chargeur du fusil. Le reste de la porte cèda sous le poid et la force du cadavre qui hurla avec une puissante intensité toute sa colère et toute sa faim et se dirigea vers le canapé. Sarah remis le fusil en place et se leva...

Science-fictionHorreurmort
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1 chapitre de 7 minutes
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Table des matières

En réponse au défi

Les zombies

Lancé par Morley Douglas

Je vous propose de vous imaginer dans la peau de, au choix:

-Un survivant

-Un mort-vivant.

Vous allez décrire comment vous vivez cette fin du Monde. Y a-t'il le moindre antidote? Avez-vous une stratégie, sois pour survivre, sois pour manger le maximum d'humains? Etes-vous accompagnés d'amis?

A part cela, pas de régles! Vous pouvez faire une courte nouvelle, ou bien un poème. Le genre n'est pas imposé, cela peut très bien être humoristique ou tragique, ou horrifique...

A vos plumes, bonne chance!

Commentaires & Discussions

Regarder tue.Chapitre4 messages | 6 ans

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