Chapitre 3

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Quatre ans plus tard

Je tiens Éva par la main. Ma fille ne semble pas sentir le mordant du froid de décembre. Elle me tire vers l’avant, galopant de ses petits pieds, ses cheveux blonds flottant derrière son visage mutin.

— Plus vite maman, me dit-elle d’une voix perchée.

Enfin nous arrivons devant l’entrée de la maternelle. Je me penche vers elle, rajuste sa courte veste bleue et lui explique :

— À midi, c’est grand-mère qui vient te chercher. Tu passeras le week-end chez elle.

— On mangera des gâteaux ? demande l’enfant ravie. La dernière fois, je l’ai aidée et on a fait un gros gâteau au chocolat.

Je souris :

— Je suis sûre que vous ferez plein de choses amusantes. Maintenant, sois sage et va rejoindre la maîtresse.

— Oui, maman.

Éva met ses petits bras potelés autour de mon cou et embrasse ma joue. Je sens les effluves de son gel douche à la pomme. Je la serre contre moi et la regarde s’éloigner.

Cela fait trois ans maintenant que Greg est parti. Un matin après déjeuner, il m’a laissé un mot. Il n’imaginait pas qu’être père voulait dire tant de contraintes, qu’avoir un enfant exigeait de passer en second plan. Il croyait être prêt à avoir un bébé, mais il avouait s’être trompé. Il regrettait de m’infliger ça, surtout en sachant que cette grossesse, je ne l’avais pas vraiment désirée mais… il n’avait pas le courage d’assumer.

Depuis, plus rien. Il a rompu tout lien avec sa fille et moi. La culpabilité sans doute l’a poussé à s’éloigner également de sa mère. Il l’appelle de temps en temps mais ne demande jamais de nouvelles d’Eva. Mon ex belle-mère est ravie que je ne punisse pas son fils à travers elle. Elle adore s’occuper de sa petite fille. Parfois, je la lui laisse pour le week-end et les vacances.

Mon enfant s’avance à petits pas dans la cour de l’école. Elle tourne alors son beau visage mutin vers moi et me fait un signe de la main, auquel je réponds en souriant.

Et voilà, moi qui me rêvais princesse, ou auteur d’un best-seller aux mots compliqués, je suis une mère célibataire et le pire… c’est que j’adore ça !

FIN

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