Partie 8 - 1

Une minute de lecture

 Malgré toutes les avancées médicales humaines, être placé entre deux tirs de rayons hautement énergétiques signifiait toujours un destin funeste. Ingrid Arcourt s’éteignit trois jours après la fin de ses deux ennemis d’acier. Il y eut sur le camp embryonnaire Alpha, pendant quelque temps, un voile de tristesse qui eut du mal à nous quitter. Olas alla régulièrement se recueillir dans le lieu qui avait été désigné pour donner une fin plus digne à ceux qui avaient succombé. Mutins et colons étaient réunis. Finalement, il en avait été décidé ainsi par le nouveau responsable de l’ensemencement, Louison Gorau. La mesure n’avait pas été discutée. Tout le monde en convenait désormais, nous étions trop peu pour rester divisés. Une amnistie globale fut décrétée. Cela n’empêcha pas une vigilance envers ceux qui avaient vénéré leurs machines. Nous n’étions pas dupes. Certains n’oublieraient pas leurs idoles avant longtemps.

 Il y eut un point où Ingrid Arcourt s’était trompée. Ou du moins, nous avait leurrés pour ne pas réduire notre engagement. Nous n’étions pas les seuls survivants. Quelques malheureux avaient été récupérés, cachés dans les multiples cachettes qu’offraient les montagnes itionnaises. Leur état physique et psychologique était terrible. Un des rescapés tomba dans la folie. Nous étions tous marqués au fer rouge par ces événements.

 Quelques semaines plus tard, une fois bien établis sur le camp Alpha, une grande cérémonie fut donnée. Une plaque commémorative fut posée sur une stèle à l’endroit même où Ingrid Arcourt avait surgi pour défaire les deux monstres mécaniques.

 Ce qu’il restait de notre décurie partit dans les montagnes itionnaises pour une dernière épreuve : retrouver Matthias. Ce fut périlleux. Plusieurs jours furent nécessaires pour tenter de retracer notre itinéraire totalement erratique engendré par la peur, la fatigue et l’inconnu. Mais nous réussîmes à le localiser. Au passage, en amont de sa découverte, nous retrouvâmes ce qu’il restait de nos pauvres compagnons d’infortune. Ils avaient décidé de rester réfugiés à cet endroit. Ce fut bien leur dernière demeure. La clameur distante me revint à l’esprit et me glaça de nouveau le sang. 

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