IV

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Soupçons

  .Confortablement installé sur une banquette en simili cuir vert, dans l’arrière-salle de son bistrot favori, attendant que son café refroidisse, le lieutenant Janeau lisait l’article de La Montagne consacré au meurtre de l’écrivain Jacques Addit et signé MZ. Il avait croisé la journaliste une ou deux fois par le passé. Elle faisait référence à des sources proches de l’enquête pour affirmer qu’il s’agissait d’un meurtre politique lié à la sortie de son prochain livre et à sa proximité avec le pouvoir.

  .Qui avait parlé à cette journaliste ? Lechat allait être furax, sans parler du juge et de la proc ! Cette pisse-copie, comment s’appelle-t-elle déjà ? Ah oui ! Marie Zaria… je l’ai vue souvent traîner au palais de justice…

  .j’y vais, elle y sera peut-être...

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  .Bingo ! Je la vois…

  — Excusez-moi, seriez-vous Marie Zaria ?

  — Oui, et vous, qui êtes-vous ? Il me semble vous connaître !

  — Lieutenant de police Janeau.

  — Il me semblait bien ! Que me voulez-vous ? Je suis mal garée peut-être ?

  — Très drôle, mais non, je viens de lire votre article sur La Montagne de ce matin, et en vous voyant, j’ai eu envie de vous demander ce qui vous a amenée à croire que le suicide de Jacques Addit pouvait être un crime politique ?

  — C’est vous qui enquêtez sur ce meurtre ?

  — En effet, je suis l’un des enquêteurs. C’est vous qui affirmez qu’il s’agit d’un meurtre, peut-être pourriez-vous m’éclairer sur la manière dont vous parvenez à cette conclusion ?

  — Je suis sûre que vous savez pertinemment qu’Addit a été assassiné et qu’il s’agit d’un meurtre destiné à l’empêcher de publier un livre de révélations sur le pouvoir. Voyez-vous, je connaissais bien Jacques et je savais qu’il mettait la dernière main à son essai et s’apprêtait à le publier malgré les pressions des politiques qu’il subissait, notamment d’un membre de sa famille très proche de la présidence. Par ailleurs, connaissez-vous bien celle qui dirige l’enquête ?

  — Vous accepteriez que l’on en parle en buvant un verre ?

  — S’il ne s’agit pas d’un interrogatoire officiel et si vous m’invitez à déjeuner, je suis libre à midi trente ! Je ne vous révélerai pas mes sources de toute manière et là, je suis pressée, j’ai une interview à réaliser.

  — Entendu, midi trente au « Sukiyaki » vous aimez la cuisine japonaise ?

  — D’accord, ça me va, à tout à l’heure !

  .Pourquoi me demander si je connais bien la capitaine ? En fait pas du tout, elle remplace Carelle et vient de la criminelle a dit Lechat et elle à l’air de connaître son boulot…!

~~~~~~~~

  Plus tard, de retour au commissariat, en passant devant le comptoir de l’accueil, Janeau est interpellé par le planton :

  — Bonjour lieutenant, la capitaine Adache demande que dès votre arrivée, vous passiez la voir dans son bureau.

  — Merci brigadier, j’y vais.

  — Capitaine, vous vouliez me voir ?

  — En effet ! Entrez et fermez la porte. Vous avez lu le journal ce matin ?

  — Bien sûr, et j’ai d’ailleurs rencontré la journaliste…

  — C’est pour ça que vous discutiez avec elle au palais tout à l’heure

  — Mmmais ! Vous y étiez... vous aussi ? Je ne vous ai pas vue... Je cherchais à savoir d'où elle tenait ses infos, elle avait un rendez-vous, mais je la verrai à midi et demi, je saurai la faire parler. Elle connaissait bien, semble-t-il l'écrivain... et vous également !

  — ... Tiens donc, elle me connaît ! Non je n'étais pas là-bas, c'est madame Disset qui vous a aperçus, c'est avec elle qu'elle avait rendez-vous. Elle m'a appelée car elle s'interroge sur votre relation avec cette Marie Zaria et sur les informations qu'elle donne dans son article. Mais si vous pensez tirer l'affaire au clair... ? J'espère seulement que vous y arriverez car nous allons devoir fournir une explication cohérente au commissaire et au préfet pour vous disculper !

  — Pardon ? Me disculper ? Vous plaisantez je suppose !

  — Pas le moins du monde, la substitut a trouvé bizarre votre présence au palais avec la reporter, comme si vous mettiez la dernière touche à ce qu'elle devait lui dire sur cette affaire juste avant son entretien avec elle. Préparez vos arguments. Vous la voyez où ça à midi et demi votre pisse-copie ?

  — Dans un restau japonais le "Sukiyaki", à deux rues du commissariat.

  — D'accord, allez-y, mais soyez ici à deux heures moins le quart, nous devons rendre compte au patron et au préfet. Il est dix heures, je dois sortir, profitez en pour taper votre rapport sur cet entretien impromptu dans les couloirs du palais.

JI 03/09/23

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