Alone in heaven Dimanche 29 mai

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Première nuit blanche, ses visions ont empiré, son appartement est tout en chair, les pieds des objets en os et les visages aux murs, la suive du regard.

Et ces cris, plutôt des hurlements… et j'ai l'impression de m'habituer à ce décor.

Elle est tellement focalisée sur son ménage, qu'elle l'ignore ce dernier. Toutes les pièces de la maison y sont passées et toutes sont allumées, sauf une pièce qu'elle se refuse à faire, inconsciemment, la salle de bain. Arrive le tour de la chambre, où le lit vide est fait.

Il attend que je parte pour découcher.

Attendez qu'il rentre, je vais lui passer un de ses savons.

Laura entend un bruit de clef dans la serrure de la porte.

Le voilà.

— Greg ?

Une voie de femme ?

— Vient mon petit chat, mon petit minou n'attend que toi.

Direction le salon, là elle découvre…

Une femme en sous-vêtements fendus et qui cherche mon homme.

— Je peux savoir ce que vous faites chez moi ? Et qui êtes-vous ?

La jeune femme, surprise, recule et cache ses charmes.

— Tu es sa putain stérile, celle qu'il baise par loisir.

— Je vous demande pardon ?

— Je suis Tania, sa femme depuis cinq ans.

— Vous rigolez, ça fait huit ans que je suis avec lui.

— Un déménagement tout un week-end, ça ne te dit rien ?

Elle cherche dans ses souvenirs, c'était un vendredi soir, il avait l'air bizarre.

*

— Tu pars où ?

— Dans le nord pas de Calais, je vais aider un ami pour un déménagement.

— Tu reviens quand ?

— Dimanche soir.

Elle l'avait laissé partir, l'appartement lui semble bien grand et le lendemain après-midi.

— Allo, mon amour.

— Mon… cœur… je…

*

— Te… rappel… plus tard… je… monte… un… meuble.

— Comment tu connais cette conversation ?

— T'es conne ? Ou tu ne comprends rien ? Il était en train de me baiser. Juste avant le passage à l'église.

— Mais…

— Mais quoi ? Tu ne comprends pas que pour lui… pardons pour nous tu étais un compte en banque.

— Tu veux dire que…

— Ta rencontre avec lui et tout le reste n'était qu'une farce. Vous vous êtes rencontré dans un parc.

— Tu étais là ?

— Bien sûr, j'étais assise sur un banc, on avait étudié ta routine.

— Comment ? Vous m'avez choisi ?

— Le meilleur ami de Greg est gynécologue, il nous avait parlé d'un cas fabuleux.

— Et le secret médical ?

— Il n’a pas voulu nous dire qui c'était, Greg a alors piraté son ordinateur et on est tombé sur ton dossier.

Elle fait semblant de tirer sur un bandit manchot.

— Jackpot, ma belle.

— Bande d'enfoirés.

La colère de Laura allez mettre l'engrenage en route, sa seconde chance deviendrait son pire cauchemar.

— Je vais t'avouer que j'ai eu une pointe de jalousie, quand tu lui es rentré dedans.

Laura prend un air surpris.

— Il faut être complètement conne pour faire du roller en jupe, il s’était bien rincé l'œil avec ta culotte de gamine.

La surprise laisse place à la peur suivie par de la joie.

— Tu as complètement disjoncté ma fille, tu souris de ton malheur.

— Oui, mais pas seulement.

Tania regarde dans le miroir, qui est juste derrière Laura, son visage s'illumine quand elle voit l'ombre dans son dos. Deux secondes plus tard, l'horrible vérité transforme la joie en une douleur mortelle.

*

Talina entre dans la maison, celle de la mère d'Andréa.

Elle laisse la porte d'entrée ouverte ? Ou alors elle est réveillée.

— Andréa ?

Pas de réponse, elle monte à l’étage, cherche à chaque porte et la découvre endormie, encore habillée de la veille.

Oh, ma pauvre. Cette histoire t’a vraiment secoué et je comprends, j'aurais été dans le même état que toi. Mais quelque chose m'intrigue, c’est quoi ce pc dans le salon ?

Elle s'assoit sur le lit, caresse les jambes nues de son amour et remonte, en retroussant au passage la jupe ondulée bleue, sur les fesses de la jeune fille.

Tu as mis l'ensemble que Léo t’avait offert pour noël.

Sa main caresse les jambes de la demoiselle, puis elle monte vers un point plus sensible, passe ses doigts entre les deux morceaux de dentelle et arrive sur les lèvres.

Ma douce, tu es toute humide.

Talina retire ses doigts, se lève.

Fais de beau rêve mon cœur.

Sans faire de bruit, Talina descend l’escalier, s’assoit sur a la table du salon et allume l’unité centrale. Au bout de quelques secondes, l’écran d’accueil apparait et laisse notre amie sans voix.

Pincé moi, je rêve… enfin je suis en plein cauchemar.

Sur l’image il y a deux corps de femme en sous-vêtements. La première porte un ensemble orange, en dentelle composée d'un soutien-gorge, fendue au niveau des mamelons où se trouvent deux cœurs, dont il n'y a que les contours. En ce qui concerne le string, il possède le même cœur à l'avant, mettant le mont de vénus à nue. À la base se trouve un anneau, Andréa adore faire passer son clitoris à l'intérieur, ça l'excite énormément. L'autre ensemble est noir, string est remplacé par un shorty et les cœurs par des ailes d'ange, ne couvrant aucunement ses charmes.

Se sont les dessous que Léo nous a offerts, je m'en souviens, c'était la première fois qu'on les essayer. Comment cette photo se retrouve là-dessus ? Et merde, il faut un mot de passe.

— Fais chier.

Talina s'apprête à éteindre l'appareil quand elle entend…

— On frise le mauvais goût non ? Entre, Andréa et Talina, le tout attaché.

— Tu es réveillée. Tu m'expliques ?

— Regarde d'abord les photos sur ton téton droit et après regarde la vidéo dans nos mains.

Talina est perdue, elle ne comprend pas ce qu’elle veut dire.

— Si tu regardes la vidéo ouvre le calepin à la dernière page, j'ai écrit ce que tu n’entendras pas.

— Tu ne restes pas avec moi ?

— Je vais juste prendre une douche et je viens t’expliquer, enfin, tu auras tout compris avant que je revienne.

Andréa remonte le peu de marche qu'elle avait descendu, tandis que Talina entre le mot de passe. Une nouvelle photo des deux filles, un nouveau choc pour la jeune femme.

Mais merde, c'est quoi ce bordel, après nos sous-vêtements fétiches, nous voilà entièrement nue, jambes et sexe écartés. Mauvais goût ? Non, c'est nous, mais glauque ? Oui. C’est l'ordinateur des garçons ?

Elle clique une fois sur le téton de son sein droit, un carré bleu vient de suite le colorer, lui confirmant l'existence d'un dossier. Le deuxième coup sur la souris ouvre une fenêtre où plein de petites miniatures prennent place.

Ce sont des photos de moi, des anciennes, mais j'y apparais nue, en sous-vêtements, dans mon bain et même des photos prises sous mes jupes et robes.

Elle fait défiler les éléments à toute vitesse.

Putain, il y en a combien ?

Elle finit par trouver les plus récentes.

Les fils de putes, ils ont transféré les caméras dans notre nouvel appart, quand est-ce que…

Elle se lève d'un bon.

— Où comptes-tu aller ?

Andréa descend l'escalier, juste vêtue d'une chemise de nuit rose en satin, laisser ouverte.

— Enlever les caméras de notre appart.

— Pas la peine, regarde le carton sur ta droite.

Elle n'avait pas remarqué le carton en entrant, il est juste sous la table.

— C'est toi qui les as enlevés ?

Un signe de tête suffit à lui faire comprendre que non.

— Alors qui ?

— Regarde la vidéo, tu auras les réponses, je vais nous faire du café.

— Bonne idée.

Elle clique sur l’icône et l'écœurement la gagne.

— Alors les garçons, vous espionnez les filles ?

— Ce n’est pas ce que tu crois.

— Pas ce que je crois ? Vous rigolez, c'est une violation de vie privée et en plus sa date depuis très longtemps.

— Oui, tu as raison, on est allé trop…

— Stop, Nico, oui, nous aussi nous sommes sous le charme de ses filles.

— Vous voulez vous envoyer en l'air avec ? Vous croyez vraiment que je vais vous laisser faire ?

— Tu as tout à fait raison, on profitera du jour où tu ne seras pas avec elles pour leur faire goûter nos queues et elles t’oublieront.

— Putain Tony, ne dit pas de…

— Aucune chance que ça arrive. Vous me décevez tous les deux.

Impossible, inimaginable et pourtant la réalité la frappe de plein fouet, il est là. Elle ferme la vidéo...

— Mon cœur laisse couler le café et vient voir.

Talina a les yeux rivés sur l'écran, alors que d'habitude, ils se sauraient attardés sur le corps de sa compagne.

— Ce fichier te dit quelque chose ?

— Non, il n'était pas là, ouvre-le.

Coucou mes amours.

Je m'excuse pour commencer, désolé Andréa de t'avoir laisser faire le ménage, en plus tu l'as fait en sous-vêtement, ce qui n'est pas très gratifiant, je te l'accord.

Comme tu l'as pu l'apercevoir, Talina, je suis dans un espace qui serait lié à l'enfer.

Mon amour, je suis désolé, mais j'ai du tué ta mère, pas pour les mêmes raisons que ses deux connards, d'ailleurs tu as cherché le corps, en vain. Normal, je l'ai brûlé, il ne reste rien de son corps d'origine.

Mes amours, je suis très touché que vous portiez les dessous que je vous ai offerts, même si en ce moment, tu es nue sous ta robe de chambre.

Je viendrai bientôt m'occuper de vous. Comme disait je ne sais plus quel chanteur : On se retrouvera.

— Maman…

Andréa pleure, cette révélation fait mal à encaisser.

— Léo ? Comment savais-tu ?

Talina a les larmes aux yeux, mais son cerveau analyse les données.

— Attends, c’est quoi cette histoire de corps original ?

— T'enflamme pas, mon cœur, notre Léo est devenu un démon.

*

— Putain de merde, chier, con.

— Sabrina, je ne te savais pas si… si poétique. Ça fait deux heures que tu es sur cette vidéo, va prendre un café.

— Bonne idée, je t'en ramène un ?

— Non merci, j'en prendrais un sur l'autoroute. D'ailleurs il serait temps que je me mette en route.

— Tu reviens quand ?

— Ce soir, mais je rentre direct chez moi.

— Ha.

La déception se lit sur le visage de la jeune femme.

— Ne sois pas blasé, on fait équipe.

— Je sais et pas que…

— Chut, pas ici.

Thomas pose un doigt sur sa bouche et l’accompagnement jusqu'à la machine à café.

— Ne force pas trop sur la vidéo, je ne voudrais pas me retrouver avec un zombie, demain.

— Non, je vais la passer à un expert de la vidéo.

— Bien vue. Allez, à demain.

— Promène-toi bien.

Elle lui fait un clin d'œil.

— À demain.

Sabrina retourne dans son bureau, pose son café et s'assoit avec une idée en tête. Elle change de vidéo et décide de regarder celle de la banque.

Thomas, je crois que tu m'as donné une solution à une énigme et si c'est ça, on est très mal.

Le téléphone sonne au moment où la solution éclate.

— Oui.

— Sabrina monte voir, j'ai du nouveau.

— Déjà, ça ne fait même pas dix minutes.

— On n’arrête pas le progrès.

— J'arrive.

Elle laisse son café, monte à l'étage et entre dans la salle informatique.

— J'espère que tu es prête.

— Pourquoi ?

— Regarde bien, j'ai remarqué, à l'aide d'un filtre magnétique.

— Qu'est-ce que c'est ?

Merde, alors elle avait raison, et sa copine devait l'avoir vu.

— Putain je suis conne.

— Pourquoi ?

— Laisse tomber, merci, Marc, pour cette trouvaille.

Deux en une matinée, personne ne voudra nous croire. Ça fait un peu X-Files, mais pourquoi pas, je vais lui faire parvenir mes découvertes.

— Sabrina ?

— Oui, Clara ?

Une femme en uniforme, blonde aux yeux bleus, essoufflés, annonce.

— On a une piste sur la survivante de la banque, enfin d'après le signalement de la voisine.

— On a l'adresse ?

— Oui, mais elle aurait quitté le domicile de façon suspecte.

— Envoyez une unité, la plus proche, en leur disant de m'attendre.

— Tout de suite.

— Clara, merci.

— De rien. C'est mon travail.

Une heure plus tard, la voilà devant la porte de l'appartement, après de tentative de sonnette acharnée, elle demande l'ouverture à coup de bélier. Le premier coup la fait trembler, explose au deuxième, leur donnant un spectacle…

*

De toute beauté, elle est vraiment magnifique, et dire qu'ils l'on acheter avec mon argent. Finalement, c’est comme si elle était à moi, avec tout ce qu'elle contient.

Elle est dans le jardin d'une grande propriété, la maison est grande, sur deux étages…

Elle pue le fric et la luxure.

Pourtant Laura vient d'une famille aisée, elle-même, fille unique, avait touché une jolie part d'héritage de ses grands-parents. Préférant s'échapper à cette cage dorée, elle choisit de vivre simplement, sans tout le luxe et préfère faire travailler son argent, réinvestissant ses gains. Pendant qu'elle visite la maison, loin de la banlieue parisienne, Laura n’arrive pas à oublier ce dont elle a été témoin.

C'est de ma faute si… et puis pas tant que ça, il se servait de moi. Mais alors, ce qui s’est passé à la banque, est-ce ma faute ? Tout à commencer quand…

Elle s’arrête dans le hall, devant un miroir. Depuis qu'elle a quitté son appartement, sa vision est redevenue normale.

Dès que je croise une personne, je passe dans un monde cauchemardesque, et là, il n'y a pas âmes qui vivent à cinq mètres. Un nouveau départ s'offre à moi, une vie où je resterais enfermé dans ce palace.

Qui dit nouvelle vie, dit nouvelle garde-robe, les escaliers la mènent dans une immense chambre qui fait tout l'étage.

Ils n'avaient pas prévu de faire d'enfant, mais bien profité de ce qu'ils me volaient.

Il y a, bien sûr, une salle d'eau, spacieuse et lumineuse, et dans un autre mur, le dressing. À lui seul, on pourrait mettre un rayon de magasin comprenant linge, lingerie et chaussures.

Que de la marque et hors de prix.

Laura se déshabille, se dirige, nue, vers le miroir central et se regarde.

Mise à part la couleur de ma peau, tout est redevenu normal, même le trou au niveau de mon sein a disparu.

Elle cherche dans la vitrine, des sous-vêtements…

La salope, elle n’a pas regardé à la dépense, regarder moi ça, des strings, des shortys et culottes, soit fendues, dentelles ou transparents. Le tout en satin, s'il vous plait.

Elle jette son dévolu sur un shorty rose transparent, l’enfile et se dit.

Pourquoi s'habiller, je suis seule dans ce paradis.

Elle descend, légèrement vêtue, rentre dans le salon, allumer la télé et se fixe sur Netflix. Elle n'avait tort que sur un seul point, son paradis se transforme. Tout ce qui se trouve dans le jardin meurt subitement.

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