Eric, le sixième.

19 minutes de lecture

" Bonjour Monsieur, je suis Jean-François, en quoi puis-je vous aider, quel est votre problème ? "

"Bonjour, pardon je m'excuse, je crois que je me suis trompé."

"Je ne sais pas monsieur, si vous avez un souci avec votre décodeur, vous êtes au bon numéro."

"J'ai dû me tromper, excusez-moi, au revoir."

Mais qu'est ce que j'ai merdé, pourtant c'est le bon, je vais le refaire.

"Bonjour Monsieur, je suis Jean-François, en quoi puis-je vous aider, quel est votre problème ? "

" Bonjour, je m'excuse, j'ai déjà appelé tout à l'heure, je ne comprends pas, je cherche une personne du nom d'Eric, j'avais ce numéro. Encore une fois, désolé de vous avoir dérangé. "

" Ce n'est pas grave Monsieur, Eric vous rappellera sans doute, bonne journée. "

Qu'est ce que c'est que cette histoire, et pourquoi il me répond comme ça, je ne comprends rien. Mon téléphone sonne, le numéro qui s'affiche est celui que j’ai appelé deux fois, je décroche.

" Bonjour monsieur, je suis désolé, je suis bien Eric. le temps de désactiver l'enregistreur de ligne pour vous appeler, mes amis ont un code quand je dois rappeler,  je ne pense pas que l'on se connaisse, je suis de permanence, je n'ai que quelques minutes à vous consacrer, vous êtes qui ? "

" Bonjour, non, on ne se connait pas, mais j'aurais besoin de vous parler d'une connaissance commune, Marie-Cécile, j'ai besoin de savoir certaines choses si ça ne vous dérange pas."

" Marie-Cécile, bien sur, la femme devenue invisible, que lui est-il arrivé ? "

" Justement, j'ai besoin de quelques renseignements, il faudrait que je la joigne pour avoir les nouvelles d'un ami que j'ai perdu de vue, mais dites moi, vous la connaissez bien, parce j'ai du mal à savoir qui elle est."

" Il n'y a pas que vous, je vous rassure, elle à disparu un beau jour, plus de nouvelles, je n'ai pas très bien compris. Laissez moi une seconde, j'ai un message de la boite, il faut que je réponde."

Je ne comprends rien à ce qu'il fait, je patiente, pas d'autre chose à faire, s'il n'a pas trop le temps, je ne sais pas trop comment me débrouiller.

" Pardon, excusez-moi, il faut que je reprenne le boulot, je vous appelle ce soir sans faute vers dix huit heures, à plus tard, je vous expliquerais."

"Merci, à ce soir."

J'espère qu'il va le faire,  je sais que beaucoup la regrettent, elle laisse toujours une trace charmante dans la mémoire de ceux qu'elle a croisè, bonne ou moins bonne, mais l'empreinte d'une très jolie fille d’après ce que j'ai compris, et puis d'un seul coup plus rien, ça m'intrigue. J'ai beau faire les numéros dans l'ordre, je n'arrive toujours pas à comprendre le parcours qui dure depuis des années si je me fie aux dates. J'étais persuadé que les plus vieux me donneraient une meilleure localisation de la dame, on ne s'improvise pas invisible du jour au lendemain, mais à priori non, elle est constante dans ses disparitions et ses mensonges supposés, enfin je crois, personne ne sait rien, ne voit rien, juste la voiture jaune, un mari aisé souvent absent, ça lui laisse le temps de rencontrer du monde, j'ai du mal à suivre, pas d"amis, que dalle, j'avoue que je sèche.

" Bonsoir Monsieur, comme promis je vous rappelle. Vous êtes qui exactement, un détective, la police, je n'ai pas bien compris."

" Rien de tout cela, je vous rassure, je suis à la recherche d'un ami que Marie-Cécile a connu, on pourrait dire que c'est une histoire d’héritage sans que je ne rentre dans le détail, j'ai beau envoyer des messages, je n'ai aucunes réponses, peut être que si je la vois elle pourra me répondre, mais je ne la connais même pas, je ne sais pas ce qu'elle fait, je ne sais pas ou elle habite, je compte sur des personnes qui l'ont croisée pour avoir quelque chance, si elle a des habitudes et dans quels quartiers, mais je ne sais vraiment rien."

Je m'en veux d'avoir menti, mais en parlant d'héritage, en tirant assez fort, je n'en suis pas trop loin, j'espère qu'il va m'aider.

" Vous savez quoi sur moi, comment vous avez eu mon numéro ? je pense que vous avez compris que je fais du dépannage par téléphone, seuls les clients sont redirigés vers moi, ça m'a un peu étonné que vous m'ayez eu en direct, mais ça arrive quelquefois, une erreur logicielle sans doute."

"C'est un peu compliqué, mais Marie-Cécile avait laissé un agenda avec des numéros en vrac chez mon ami, j’appelle un peu au hasard, il y a juste un prénom en face, donc c'est vraiment au petit bonheur, j'ai vraiment été surpris quand vous avez dit votre nom, je pensais m'être trompé."

"D'accord, je comprends maintenant, pour le prénom, c'est un truc de la boite, on ne doit pas connaitre le client, eux non plus d'ailleurs, c'est un truc marketing pour préserver l'anonymat de chacun, il faut que ce soit impersonnel, c'est pour ça que ceux qui m’appellent en direct ou passent par le centre d'appel, si je les connais bien, on a un petit code, comme ça je coupe l'enregistreur. Donc vous voulez savoir ou on allait, c'est ça ? Je n'ai pas les noms des restaurants, mais je peux chercher si ça vous arrange, jamais les mêmes, j'étais persuadé que c'était pour varier les menus, et en général c'était presque toujours en dehors de la ville, pour le reste je ne pourrais pas vous aider, je n'ai jamais su ou elle habitait, pas que cela m'intéresse, mais elle est mariée, je suppose que vous le savez, donc à éviter si vous avez compris pourquoi je la connaissais."

"Ne vous inquiétez pas, je connais certains détails, pas les plus important, je me permet d'abuser d'un peu de votre temps, vous serait il possible de me raconter comment vous l'avez connu et combien de temps, ça pourrait peut être m'aider à en savoir plus."

" Vous n'êtes pas son mari ? Vous me faites une drôle d'impression, et puis après tout je m'en fou, à chacun d'assumer. Donc vous voulez tout savoir, ok, je vous raconte."

" Bonjour madame, je suis Jean-François, en quoi puis-je vous aider, quel est votre problème."

" Bonjour Monsieur, je n'ai rien qui fonctionne et je n'arrive pas à changer de chaines, ça clignote de partout."

" Bien, je vais tenter de vous aider, on va tout refaire depuis le début, on va essayer de supprimer le feu d'artifice."

J'en avais marre, mon dernier client de la journée, je tombe sur une remise à zéro complète, si elle ne comprend rien, j'en ai pour plus d'une heure, à chaque fois c'est pour moi.

" Je vous écoute, mais pour le feu d'artifice j'ai vu mieux."

Merde, je vais avoir droit encore à des remarques du chef, un feu d'artifice, j'ai trouvé ça ou, je fatigue à cette heure.

" Pardon madame, excusez moi, j'ai parlé un peu vite, dites moi la couleur de votre décodeur. Madame, vous m'entendez ? "

J'entendais un fou rire à l'autre bout, je n'ai pu m'empêcher de m'y mettre aussi, conscient de ce que je risquais, tout est enregistré, mais la fatigue engrangée j'étais en train de me lâcher, je n'ai pas eu le réflexe d'ôter le micro casque ou de couper le son.

" Madame ? je suis désolé, vous êtes là ?"

J'arrivais tout juste à me contrôler.

" C'est bon, je vous écoute, je suis là maintenant, mais j'ai entendu."

Une cliente agréable, c'est une bonne fin de journée, j'avais le sourire au lèvres, il faut que je me surpasse, je vais tenter de l'aider au maximum. Je ne vais pas trop entrer dans le détail, mais à part le temps imparti qui nous est alloué par clients, nous pouvions reporter au lendemain si la panne n'était pas résolue, ça s'annonçait difficile avec cette personne qui ne comprenait rien à la technique quand on a essayé.

" Je suis désolè Madame, je vous appelle demain, j'ai d'autres clients en attente, ne vous inquiétez pas, je fais le maximum pour vous rappeler au plus tôt. Bonsoir et à demain."

J'ai coupé l'enregistreur, et je ne sais pas pourquoi, j'ai rappelé aussitôt.

" On est déjà demain, donc on en était ou ? "

" Mon sauveur, je croyais qu'il me fallait attendre demain, mais je ne suis pas contre."

Au bout d'une heure de temps, nous avons réussi, moi avec mes explications et elle à la technique, a faire redémarrer l'ensemble, et c'est à partir de là que tout à dérapé.

Elle se nomme Marie-Cécile, je lui ai avoué que moi c'est Eric, une vague histoire de marketing, nous avons papotè, discuté, elle riait quelquefois, comme si nous étions potes, je sentais son sourire et j'entendais sa voix, je ne la voyais pas mais je l'imaginais, une grande brune élancée, des yeux à faire frémir, je ne suis pas trop mal non plus, mais elle me reposait à entendre sa voix, ma journée de conseils était finie, j'étais en train de lui dire que ce n'était plus la socièté qui m'emploie qui est là, juste quelqu'un qui voulait aider, simplement parce que je sentais une personne agréable au bout du fil.

" Vous avez fini votre journée ? Si je vous propose quelque chose pour vous remercier vous seriez partant ? "

C'est quoi encore cette arnaque, j'ai déjà entendu des histoires entre clients et conseils, vaut mieux éviter, ça retombe toujours quelque part.

" Vous savez, c'était avec plaisir, ne vous sentez pas obligée."

" Cette fois, c'est moi qui conseille, et je vous demande de vous rendre à la brasserie du Balto, c'est moi qui régale, j'y serais dans une heure, si vous n'êtes pas là, je me plaindrais au service clients."

" Je m'excuse, il est presque vingt heures, vous vous rendez compte de ce que vous dites ?"

" Bien sûr que je sais ce que je fais, je dois aller en ville pour une certaine chose, vous m'avez dépanné, je vous paie un repas, on sera quitte, sinon je rappelle vos services."

J'ai eu beau discuter, refuser parce que ça ne se fait pas, elle insistait gentiment, un petit quelque chose dans sa voix me disait d'accepter. Une dame âgée, une jeune fille en mal d'amour, une call-girl, j'avais plein de photo en tête, il n'est pas question que je paie, mais je n'avais rien à faire de spécial, je me voyais dans un de ces romans qui inventent la lune, je voulais savoir exactement ou je fourre les pieds, et si je n'y vais pas, je ne saurais jamais.

"je vais voir, je ne vous promets rien, je suis petit et gros avec de grosses lunettes, vous me reconnaitrez facilement."

"D'accord, pas d’inquiétude, je ressemble à une coccinelle avec plein de boutons, vous ne risquez pas de me rater, et je compte sur vous."

Elle me raccroche au nez.

Merde, je fais quoi, drôle de merdier, qu'est ce que j'ai foutu pour en arriver là, pourquoi moi. En même temps, un repas gratuit, une rousse une brune une blonde, je m'en fou, je bouffe et je me casse, je passe à pieds devant, elle ne me connait pas, si vraiment c'est un gros thon, je ne rentre même pas. Je suis devant les vitres fumées, je tente de distinguer une fille seule, que dalle, que des tables occupées par plusieurs personnes, pas de thon, je me suis fait avoir, je tourne plusieurs fois, je fais le tour de la place, je reviens devant les vitres, rien de plus, la bonne blague.

" Eric ?  j'ai fait comme vous, je suis un peu en retard, mais j'ai regardé dedans s'il n'y avait pas de petit gros, vous êtes un menteur en plus, je vais me plaindre à vos services."

Je me retourne surpris, une jolie blonde souriante me dévisage, je viens de faire tomber ma mâchoire.

" On entre, j'ai réservé tout à l'heure, faites moi encore le coup du petit gros, et je change d'opérateur."

Je ne savais pas quoi dire, j'ai tendu la main et je l'ai suivie, je suivais un canon, ça fait un peu macho, mais vu le regard des autres je me sentais anobli par la couronne qui me précédait. Le serveur nous indique une table, je recommence à respirer, je vais pouvoir parler.

" Vous faites souvent comme ça quand on vous dépanne, vous ne vous  rendez pas compte de la crise cardiaque si jamais c'est une blague."

Et elle se met à rire, le même que j'ai entendu au téléphone, mais cette fois je le vois et j'entends au réel.

" Non, non, j'ai souvent des idées farfelues, mais comme vous m'avez aidé, j'avais des choses à faire dans le coin, je voulais vous remercier de votre gentillesse, mais j'ai dû insister pour vous décoller du téléphone."

On s'installe et on parle de tout, mais de rien au début, j'étais plus paniqué et timide qu'autre chose, et puis je me suis lancé.

Je raconte mon travail, un boulot en attente, je commençais à en avoir marre d'aller chez les clients, alors j'ai pris le fil avec ma base technique et une formation, j'avais l'avantage de pouvoir travailler en chaussons, ça l'a fait beaucoup rire, je me suis fais charrier. Elle me parle un peu d'elle, nouvellement installée, elle est un peu mariée, c'est le terme qu'elle emploie, mais je n'avais aucunes prétentions je suis juste content d'être bien accompagné. Une belle, vraiment très belle soirée, ponctuée par des rires, je ne la voyais pas comme ça, quelque chose se passait parce qu'on s'amusait bien, je mentirais si je dis qu'elle ne m'attirait pas, mais c'est tellement soudain que je n'ai pas du tout pensé à ce que j'aurais dû, j'ai pu toucher ses mains, mais je ne faisais que ponctuer quand je lui racontais certains récits épiques avec des clients qui ne comprenaient rien. Je ne voyais pas la fin de cette soirée, mais le personnel si, on devait être les derniers, il a bien fallu que l'on parte, c'est elle qui a payée comme elle avait promis.

On est sur le trottoir, je ne sais trop quoi faire, j'ai vraiment l'impression d'avoir sorti un pote, les formes en moins bien sur, je suis complètement mitigé, c'est elle qui rompt la glace.

" Eric, vous m'avez menti, et rien que pour ça, et parce que je me suis bien amusée, je vous gage pour une prochaine sortie, attention à mes menaces, je sais ou appeler maintenant."

"Je n'ai pas menti, ce n'est pas vrai, mais j'ai passé également un très bon moment, je devrais rappeler plus souvent les demoiselles en détresse."

" Si, tu m'as menti, de petit gros, tu es devenu agréable, je te tutoies, sinon ça devient compliqué, je te rappelle et on se fait la même, si tu es d'accord bien sur."

"Je suis d'accord sur tout, mais pour la coccinelle y' a des choses à redire."

On est parti sur un fou rire à minuit sur le bord d'un trottoir, s'il y avait des passants ils ont dû nous prendre pour des fous. Je vais pour tendre la main, elle s'approche de moi et elle me fait la bise.

" On est des connaissances maintenant, je te rappelle demain, j'ai vraiment envie de continuer à rire."

" Ah non au fait, si tu veux m'appeler, tu dis que quand tu fais bleu, jaune, vert, rouge, sur la télécommande, ça éteint la télé, c'est un code pour mes potes, comme ça je sais que je dois les  rappeler sans le mouchard."

" Bleu, jaune, vert, rouge, j'ai retenu, à demain sans doute."

Elle se tourne, et s'en va, je la suis du regard, mais quelle jolie fille, je ne suis pas conquis, il y a longtemps que j'ai capitulé, je m'en aperçois maintenant alors que je regarde un joli corps qui danse au loin hors de ma vue. C'est en rentrant chez moi que ça me tombe dessus, mais quel con, je suis un pauvre con, je viens juste de m'apercevoir qu'au lieu de lui raconter des histoires de boulot, j'aurais dû tenter de me mettre en valeur, on à fait que se marrer, mais c'est vrai que j'étais dans une autre ambiance, j'étais complètement pris à froid, je m'attendais à autre chose, il faut que je dorme, que je ne pense à rien, ça ne va pas être facile.

"Je me suis emmêlée dans les couleurs, bonjour Monsieur, je crois que j'ai un souci, ça fait feu d'artifice."

C'est elle, depuis ce matin j'attends, je ne pensais pas qu'elle rappellerais, j'ai expédié tellement vite certains clients que ça doit s'entendre sur les enregistrements.

"Bonjour madame, je suis Jean-François, en quoi puis-je vous aider ? "

" ça va mieux on dirait, j'attends un appel, je raccroche."

Le temps de faire ma petite manipulation, j'envoie un message pour dire que je prends cinq minutes, je la rappelle.

" Bonjour, comment va la coccinelle, toujours pleine de boutons ? "

" C'est nul ta réponse, tu pourrais pas changer, on dirait les galeries Lafayette."

" Bon, à part ça, quoi de neuf depuis hier, j'ai vraiment bien mangé, je continue à digérer."

"Ben mince alors, et ma compagnie, elle était pas agréable ma compagnie, tu es en train de me vexer, je crois que je vais me plaindre auprès de tes services."

" Pardon, pardon, je l'aurais dit après bien sûr que j'étais sous le charme, c'est bon comme ça ?"

Je suis encore dans mon lit, ou bien en plein cauchemars, j'ai l'impression de parler à un pote, et j'ai une fille de rêve à l'autre bout, comment je suis arrivé là, elle est dans mon délire, mais c'est quel genre de fille, il y 'a quelque chose qui ne va pas, comment je fais maintenant pour passer à autre chose, elle me voit en gentil, mais moi je ne veux pas, enfin si, mais pas comme ça.

" ça te dit demain soir ? J'ai lu un restaurant qui fait du cassoulet meilleur qu'à la maison, j'en ai jamais mangé, dis moi que tu peux s'il te plait, sinon, attention, j'ai des armes."

Bien sur qu'elle à des armes, je ne vais pas lui dire, mais on ne doit pas parler de la même chose, je ne sais pas quoi faire, un chevalier servant, très peu pour moi, je ne sais pas quoi penser, je ne sais pas bien comment elle me perçoit, un soir de restaurant et je me trouve embarqué, c'est bien la première fois qu'une aussi jolie fille me fait ce genre de coup, en plus elle est mariée, ça va être des emmerdes, ou alors elle cherche à s'amuser, il faut que je vois jusqu’où je peux aller.

La journée s'est passée, le lendemain aussi, j'attendais son appel pour savoir où la retrouver.

" Je te récupère à coté du restaurant de l'autre soir, tu te gares quelque part et je te récupères à vingt heures, c'est bon ? "

Je n'ai rien pu dire de plus, elle va vite, soit j'ai une bonne idée de ce qu'elle veut, soit je ne sais rien, ça fait presque cinquante piges que je balade ma carcasse dans pas mal de choses, mais là je suis séché, j'ai la vague impression de revenir en arrière comme dans une cour d'école, ce n'est pas pour me déplaire, mais je suis dépassè, j'ai beaucoup d'autres envies qu'il faudra que je montre, elle me plait beaucoup la dame qui est mariée, encore un drôle de truc à gérer, comment peut elle sortir avec n'importe qui et à n'importe quelle heure, j'ai déjà été en couple, mais je ne suis jamais sorti comme ça avec des inconnues, j'ai des tonnes de questions, ou alors le truc simple, elle veut juste s'amuser, le truc à espérer c'est que ce soit le même genre qui occupe mes pensées, parce que quand on la voit ça ne ressemble pas du tout au genre de la maison.

Une petite bagnole jaune, elle est arrivée à l'heure dite, juste une demi-heure de route, je me sentais un peu plus conscient de ce qu'il m'arrivait, heureusement qu'il y avait la radio, parce que je n'ai pas décroché deux mots, c'est elle qui me parlait, de l'endroit d'où elle vient, une grande ville dans le Nord, du temps souvent grisâtre, les gens qui restent chez eux. Elle apprécie beaucoup la région qu'elle ne connait pas bien,  elle a l'impression qu'ici tout le monde vit dehors, une autre chose qui l'amuse, tout le monde possède une terrasse et les façades d'immeuble chacun a son balcon.

" Tu sais je n'avais jamais vu ça avant, mais en traversant des villages, il y a des bancs dehors juste devant les maisons, pour toi ça doit être habituel, mais moi ça me fait tout drôle. Et puis le temps, rien que pour ça, je suis une fille du soleil, j'adore la chaleur et le monde."

Elle en train de me raconter ma région, je ne faisais qu'écouter, on dirait une petite fille qui arrive chez le marchand de glace, et je n'arrive toujours pas à savoir ce qu'elle veut, moi  je suis à coté, elle ne me connait pas.

Un petit restaurant charmant pas loin du canal, cette fois-ci je vais prendre mon temps pour la détailler, la surprise est passée, je n'ose par regarder ses yeux verts, j'ai peur qu'elle me soupçonne, je tente de la voir globalement, c'est assez difficile. Elle est habillée normalement, en jeans et des baskets, un petit haut décent, il n'y a rien qui dépasse, mais je devine dessous un joli petit corps, il n'y a que ses bras nus et un joli visage, son sourire permanent ne peut qu'inciter à être bien, on à l'impression qu'elle promène un besoin de gaité, je me sentais partagé entre l'envie de lui plaire et d'un autre coté surtout ne pas déplaire en mélangeant des choses qui seraient plus terre à terre.

" C'est surprenant, tu ne trouves pas ? "

" De quoi tu parles ? "

" Que l'on se trouve là. Juste la deuxième fois que l'on se voit et que l'on dîne ensemble, je me doute que tu dois te demander quel genre d'extra terrestre je suis."

" J"avoue qu'il y a un peu de ça, mais ça m'amuse beaucoup. Mais à part ça, c'est quoi ta planète ?"

Elle s'est mise à rire, j'adore sa simplicité, mais je devine au fur et à mesure de notre repas, qu'elle ne parait pas aussi naïve qu'elle veut bien le monter. Je suis certain qu'elle à conscience de son charme, j'allais dire ses atouts, elle doit s'en servir pour désarmer toute velléité d'être un peu plus sérieux, on profite du moment sans que rien ne dépasse, et c'est elle qui emmène à son rythme.

" Tu sais je n'ai pas toujours été comme ça, je me suis faite écraser, le mot n'est pas trop fort, mon mari en fait partie, depuis j'ai décidé de ne plus savoir ce qui se passe demain, je fais en fonction des gens que je rencontre, tant qu'ils ne cherchent pas à vouloir me changer. On ne se connait pas, mais tu n'as pas l'air de te prendre la tête, tu me fais rire, tu n'as pas l'air de t'en faire et tu es reposant."

Si elle savait vraiment ce que je pense à l'instant, mais c'est vrai que je suis patient, et il le faut avec ce boulot que je côtoie, on a envie d'être avec elle, contre elle, mais en même temps on à l'impression que tout glisse sur elle, comme si beaucoup de choses ne l'intéressent pas. On à pu alterner des discussions sérieuses, d'autres beaucoup plus légères, elle à son caractère sans être déconnectée de la réalité.

les semaines et les mois qui suivent, on a tourné encore dans plusieurs restaurants, à chaque fois différents, je suis toujours très sage, je ne sais pas si elle voit que je traîne la langue ou alors je ne l'intéresse pas, aucunes différences dans ses attitudes ou ses regards, une personne normalement constituée aurait déjà tout posé sur la table pour qu'il n'y ait pas d’ambiguïté, mais elle non, des sorties entre potes.

Un soir elle me raccompagne, comme souvent d'ailleurs, je n'ai jamais pu faire l'inverse, surtout que je crois savoir qu'il y a un supposé mari, elle m'en parle quelquefois mais surtout pour se plaindre, je la crois sur parole, je n'irais pas vérifier, je vais pour lui faire la bise habituelle, elle m'embrasse pour de bon, encore une fois elle me surprend, elle est montée avec moi.

" Les mois qui ont suivis, elle est restée plusieurs fois, j'ai enfin eu ce que je devinais sous ses vêtements, je ne vais pas vous détailler le reste, et d'un seul coup un jour, plus rien, plus personne, je commençais  tout juste à m’intéresser à elle autrement, la nuit on discute mieux si vous voyez ce que je veux dire.

Elle à fait " Pouf" comme le nuage de fumée d'un prestidigitateur, il n''y avait plus rien à l'intérieur, j'ai appelé plusieurs fois, j'ai envoyé quelques messages, jamais de réponses, je suis passé à autre chose, je me suis fait une raison alors que je commençais à prendre les choses au sérieux, j'avais pourtant l'impression que l'on s'entendait bien, autant au dehors que dedans, j'ai un peu mal au cœur quand je vous raconte ça, mais c'est ainsi."

" Je vous remercie, je comprends bien ce que vous me racontez, j’essaie de la saisir pour savoir qui elle est, ce qu'elle veut, et ou je peux la trouver, c'est surtout ça qui m'intéresse, mais j'ai l'impression de chercher un fantôme, ça n'arrange pas mes affaires."

" Vous savez quand j' y pense, on dirait qu'elle promène un appétit permanent, une soif de lendemain mais sans avenir à prévoir. Elle ne semble pas triste, ni contrariée, ni fâchée, ni suicidaire, elle sait ce qu'il y a autour, comment sont les gens, comment vont les gens, je dirais juste qu'elle transporte sa bulle, que peu y ont accès, je ne la crois pas malade, ni folle, mais il y a quelque chose derrière."

" Je n"ose pas vous demander si vous avez croisé des gens qu'elle connait, certaines habitudes ou lieux, son nom peut être ? La voiture je connais, mais peut être un détail qui vous revient."

" Rien de plus, je ne sais pas grand chose, la seule petite chose qui m'a intriguée, c'est qu'elle payait toujours en espèces, mais rien de plus, qui ne dépasse."

" je vous remercie beaucoup, si j'ai quelques nouvelles, voulez vous que je vous informe, j'ai votre numéro et votre code maintenant."

" Je ne sais pas, trop, tentez le coup, on verra bien. Au revoir Monsieur, bonnes recherches."

Je n'avançais pas, je n'avançais rien il ne me reste plus que deux numéros à appeler.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire frenchwine ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0