Chapitre 14

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Le Briseur d'Essaims se lança dans une puissante embardée pour éviter un nouveau tir de l'immense Ville Mobile, avant de réorienter toutes ses tourelles et de faire feu en masse.

— R, les munitions ?

— Cinquante pour cent. Autant pour l'énergie.

— Rapport d'avaries ?

— Les canons de flanc sont tous HS, mais ce n'est pas pour ce qu'ils servent. Les anti-grav bâbord fatiguent aussi, donc si tu pouvais arrêter de drifter comme une truie de ce côté-là...

Le Major Garful ajouta.

— Je juge opportun de vous avertir que les Essaims se replient dans la fosse. L'Émergence est stoppée.

J sourit avant de répondre.

— Pour moi, on aura gagné quand cette forteresse sera neutralisée et que l'Oasis ne sera plus en danger. Trouvez-moi un point faible dans ce truc.

Le Major observa ses senseurs de nombreuses fois avant de proposer.

— Les chenilles. Mais ses contre-mesures nous empêchent de nous en approcher... Et puis il faudra attendre que ce machin soit orienté pour ne pas pouvoir tirer dans l'Oasis...

R soupira.

— J, si tu fais ce à quoi je pense, je te jure que je te tue.

— Alors tu pourras me tuer si je survie à tout ça !

La main droite de Jean écrasa une touche sur le côté de son accoudoir, et deux sphères métalliques englobèrent le Lieutenant de Vaisseau et le Major, avant de descendre dans le sol du poste de commande, emportant avec elles les hurlements étouffés de Rodolph frappant contre la paroi qui le coupait de son ami. Les deux globes furent guidés vers la soute pour être larguées au sol et commencer sur elles-mêmes en direction de l'Oasis. A son poste de pilotage, J murmura.

— Désolé mon vieux... Prends soin d'elle...

Activant la poste-combustion, le Briseur d'Essaims s'élança pour frôler la forteresse mobile alors que les tourelles se tournaient vers la gauche en tirant sans discontinuer, tandis que les contre-mesures du titan criblaient son blindage d'impact plus ou moins conséquents. Quand il l'eut dépassé, le Briseur d'Essaims vit ses réacteurs s'éteindre alors que d'épaisses fumeroles de fumée noire et acre s'élevait des trous béants de la coque.

Le golgoth d'acier pivota lentement sur lui-même pour orienter son énorme canon à la gueule béante vomissant des flammes, et un jet de plasma s'éjecta, crachant une énorme boule de feu en direction du navire à l'agonie, quand les réacteurs de celui-ci redémarrèrent en postcombustion en même temps qu'il virait de bord en prenant un virage aussi serré que possible pour s'aligner avec les chenilles de son adversaire. Le Dragon et les tourelles firent feu à volonté, et les systèmes de propulsions finirent lentement par s'effondrer sans pour autant immobiliser le géant de fer et d'acier. Alors que le Briseur d'Essaims s'approchait dangereusement du point d'impact, J coupa les moteurs anti-grav en déployant les chenilles pour s'encastrer sous le châssis de son adversaire, avant de recommencer à faire feu, grêlant le bassement de cet ennemi démesurément supérieur en force jusqu'à épuisement de ses munitions. S'extrayant de sa prison, le Briseur d'Essaims réactiva son système anti-grav tout en repliant ses chenilles, quand la voix de Carla parvint à son fiancé.

— Mon Chéri, on est tous à bord.

— Même les deux pingouins ?

La jeune femme rigola.

— Leurs sphères sont en train d'être ouvertes, et vu les cris de Rodolph, il est remonté contre toi... Allez, rentres s'il te plaît... On a gagné...

— Non. Cette chose peut nous anéantir. Il faut l'abattre...

— Et comment ?

Un long silence s'installa avant que J réponde.

— La sous-routine solar beam ?

— Non !

— Je veux que tu saches que je t'aime.

Sans un mot de plus, le Capitaine de Corvette coupa les transmissions et dérouta l'énergie du vaisseau, ne laissant que les réacteurs et le Dragon alimentés. A bonne distance du son adversaire, il lança les moteurs à pleine puissance tandis que la gueule du dragon concentrait de l'énergie qui prenait petit à petit la forme d'une énorme boule jaune, comme un soleil miniature prêt à embraser le frêle esquif qui le produisait. La figure de proue et le pont encaissaient tant de tirs que le blindage n'était plus qu'un lointain souvenir de ce qu'il fut quelques heures auparavant, tandis que le plasma commençait de nouveau à se concentrer à l'entrée du canon du colosse métallique.

Dans un cri de rage, presque au contact avec le canon ennemi, J activa son tir. Dans un cri de terreur, alors qu'une terrible explosion aveuglait les spectateurs de cette joute inégale. Dans un cri de joie, R sauta de sa sphère de sauvetage en voyant le Briseur d'Essaim s'extraire de la masse qui implosait dans tous les sens pour aller s'écraser sur le sol plusieurs centaines de mètres plus loin en dérapant avant de s'arrêter sur le flanc gauche telle un animal marin échoué. Dans la seconde, les bâtiments de guerre encore en état de naviguer se dirigèrent vers l'épave fumante, dévorée par les flammes ici et là, tandis que derrière elle la forteresse titanesque s'effondrait dans de violentes explosions la disloquant.

De nombreuses chaloupes se déployèrent pour envoyer des marins sapeurs éteindre les incendies et sauver ce qui pouvait l'être, alors qu'une équipe médicale dirigée par Papa forçait le poste de commande pour évacuer Jean de son fauteuil et que les navires lançaient leurs grappins magnétiques pour tracter le vaisseau échoué vers l'Oasis.

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