Homine homo lupus est. L'homme est un loup pour l'homme. L'homme en colère maudit les puissances supérieures d'avoir fait sortir des profondeurs de la terre l'humain qui sera le bourreau du monde. Il répugne les hommes qui corrompent les vallées d'où émergent des mégapoles puantes et grises. L'homme en colère souhaiterait parfois voir le monde brûler pour que puisse renaître des cendres la nature primordiale. Il abhorre les mentalités individualistes, consuméristes et centrées sur le matériel pernicieux. Il considère que l'homme est un nuisible sans prédateurs, si ce n'est lui même. L'homme en colère observe cette engeance autodestructrice du haut de sa montagne de solitude et s'adresse alors au soleil*, son seul ami,les bras tendus vers le ciel :

"Salut à toi lumière originelle ! Tu demeures dans l'immensité de l'espace depuis les temps immémoriaux, tu fus témoin de tous les âges de ce monde, tu assistas à l'avènement de la vie dans sa plus microscopique manifestation. Et pourtant, depuis peu, de ton référenciel céleste, tu es devenu spectacteur de la destruction de la sphère dont tu dispenses tes rayons fiévreux ! Vois comme les insectes de la création s'occupent de dévaster le monde ! Ces étrangers de la nature, ces contempteurs des forêts et des reliefs, se sont appropriés le monde et se pensent dépositaires de ses trésors. Mais avant de s'en prendre à leur foyer qui les a vu naître, ils s'en prennent en premier lieu à eux même, ce qui est un crime encore plus grand. Alors une fois de plus, feu du ciel, je t'adresse cette requête : abats un rayon fulgurant sur l'humanité, pour renvoyer à la terre ces pantins de chairs belliqueux indignes de fouler ce sol."

Alors la nuit tombe, et l'homme en colère peut se reposer, pour ensuite, à l'aube qui poind, maudire une fois de plus ses descendants.

* référence aux personnages dans la littérature qui s'adressent au soleil dans des monologues, comme le Zarathoustra de Nietzsche où le Lucifer de Milton.