Épisode 44

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Bulbizarre


Marill est perchée par-dessus mon épaule alors que nous sommes assises à table.

Curieuse, elle me demande :

— Eh Bulbi ? Tu dessines quoi ?

— Je ne sais pas ce que c'est. Un truc de mon enfance, peut-être ?

Les gars sont partis faire quelques commissions pour mon oncle Voltali, et j'ai invité ma meilleure amie pour venir faire un tour ici, pour la journée. L'académie a fermé ses portes pour la journée, parce que tout le monde est grandement affecté par ce qui est arrivé à Magirêve. Perso, je n'ai jamais discuté avec notre prêtresse, mais elle était sympa, d'après ce que me disaient mes parents.

Quant au croquis que je dessine pour la énième fois depuis que je suis toute petite, il s'agit d'un Y, entouré d'un cercle avec trois petits zigzags dans les espaces.

— Mon psy ne sait pas non plus ce que ça veut dire, ajouté-je. À moins qu'il me mente.

— As-tu d'autres souvenirs de ton enfance ?

Je secoue la tête.

— Pas depuis que je vis ici, en tout cas. Papa et Maman ont déjà mentionné quelque chose tout bas, quand ils ont vu ce symbole, mais ne m'ont pas posé de question à ce sujet. J'imagine que ça devait être un truc de leur adolescence.

Marill hausse les épaules et demande aussitôt :

— Sinon, il se passe quoi entre ton frangin et Pikachu ? Sont-ils toujours en froid ?

— Je sais pas... Tiplouf évite toujours de rester trop longtemps avec lui et quand ils sont seuls, il trouve toujours un prétexte pour partir.

— Pauvre choupinou. Il devait trop, mais absolument l'aimer...

— Il s'en remettra. Tiplouf n'en a pas l'air sous ses allures mignonnes, mais c'est un dur à cuire. Il n'y a rien à son épreuve, depuis que nous sommes tous petits.

— À part une peine d'amour ! lance mon oncle qui visionne encore la télé, dans le salon. Ça fait plus d'une semaine que ça dure.

— Ah, parce que tu nous écoutes, en plus de visionner ça ? je demande, alors qu'on peut voir une émission de cuisine passer en ondes.

Tonton Voltali, assis de manière décontractée sur le divan, hausse les épaules et soupire. Il se la coule douce depuis que mes parents ne sont pas là. Je me demande même s'il passe du temps sur ses machines, lui qui est supposé être un réparateur. Apparemment, il a très peu de clients en ce moment, parce que tout le monde est en deuil. Sa petite entreprise ne fonctionne pas vraiment depuis des semaines. Au lieu de cela, il s'occupe de nos plantes et vend quelques produits pour la ferme de ma mère.

— Comment on fait pour oublier tout ce qui s'est passé dans la région ? soupire Marill.

— Pour être honnête avec toi, formulé-je. J'sais pas... J'ai entendu dire que le Proviseur Roigada veut recruter des élèves pour rejoindre notre guilde. C'est peut-être une bonne chose. Nous avons besoin de secouristes, plus que jamais.

— Mes parents ne veulent pas que j'en fasse partie, à cause de mon cousin... Tu sais... celui est mort dans l'explosion ?

— Je sais. Navrée pour ta famille.

— Ouais bah... Ça va. Je commence à accepter le fait qu'il soit mort, mais pour mon oncle et ma tante, c'est un calvaire. Papa et maman passent beaucoup de temps avec eux pour remonter leur moral. Moi, j'essaie de m'entourer de trucs positifs.

— C'est justement l'attitude qu'il faut prendre, répond mon oncle qui est venu nous rejoindre. Faut pas s'laisser abattre par ces fichus terroristes.

— Ouais bah, tu me rediras ça le jour où tu te feras brûler vif dans ta maison, dis-je à mon oncle alors que je l'observais d'un air blasé.

Il roule les yeux et pose son regard sur mes croquis. Son visage s'assombrit aussitôt.

— Est-ce quelque chose que tu connais, mon oncle ?

— Et comment... Il s'agit du symbole d'un culte qu'on croyait disparu jusqu'à ta naissance. Où as-tu vu cette marque ?

— Je l'ignore... Il a toujours été ancré dans ma mémoire, même si je ne me souviens pas où je l'ai vu pour la première fois.

— Dans ce cas, ne t'avise pas de le montrer à personne d'autre que Marill ou tes parents. Je te conseille même de jeter tout ça.

— Pourquoi donc ? Pourquoi est-il si dangereux, ce culte ? demande mon amie.

— Mais qu'est-ce qu'ils vous enseigne, à l'école ? soupire celui-ci avant de secouer la tête. Il s'agit du Culte d'Yveltal, ma petite. Aussi connu sous le nom du Destructeur. Il y a longtemps qu'on a cru son groupe de fidèles éteint, mais il y a une quinzaine d'années environ, ce symbole a recommencé à apparaître partout dans les médias, comme une prière laissée pour le Pokémon d'Annihilation.

— Danili... quoi ? je marmonne, mêlée.

— Annihilation, répète mon oncle. C'est un autre terme pour destruction. Voyez-vous, Yveltal était connu pour être le rival de Xerneas, la divinité de l'Existence même. Et dans leur fratrie, il y avait aussi Zygarde, leur jeune frère qui maintenait l'ordre. Il s'agit là de vieilles légendes qu'on a transmises de père en fils et de mères en filles, depuis des siècles. Mais il semblerait que vos parents ne vous aient jamais raconté ces histoires...

— Voilà qui est intéressant... dit Marill. Et qu'est-il arrivé à ces divinités ?

— Ça, ma petite, ça reste un mystère. Certains disent qu'ils se sont égarés dans les donjons magiques. D'autres disent qu'ils sont morts, il y a plus de vingt-mille ans. L'église a décidé de se concentrer surtout sur la foi que nous avons pour le grand Arceus, j'imagine. Voilà pourquoi on parle rarement de ses enfants, aux messes.

— Ses enfants... répété-je pour moi-même. Mais bien sûr, il était le Pokémon d'origine. Je sens que Roigada pourrait nous en dire plus. Il en connait beaucoup sur les mythes et légendes de ce monde.

Je ferme alors mon journal intime que je range dans ma petite sacoche, ainsi que mon crayon et ma gomme à effacer. Je me tourne ensuite à Marill pour lui demander :

— Que dirais-tu de faire quelques petites recherches avec moi, Mari ?

— Je suis partante !

Aussitôt, elle me tape une patte que je lui monte en l'air et nous nous dirigeons vers la sortie du cottage. Mon oncle nous arrête toutefois :

— Essayez de rentrer pour le souper, exprime-t-il. Ce soir, je fais des pâtes au parmesan comme tu les aimes, Bulbizarre.

— Compris, Tonton ! À plus tard !

Marill passe avant moi, alors que je ferme la porte de ma demeure, derrière moi. Elle semble tout aussi motivée que moi d'en apprendre plus sur les divinités dont mon oncle vient nous a parlé. Je suis quand même étonnée qu'on ne nous ait jamais rien dit sur Xerneas, Yveltal et Zygarde, dans notre église. Peut-être que Madame Magirêve avait ses raisons de se concentrer uniquement sur Arceus. Malheureusement, celle-ci est probablement morte, mais personne n'a retrouvé son corps.

Nous ralentissons le pas quand nous passons devant les ruines de sa maison, ainsi qu'une partie de l'église démolie. Je ressens un pincement au cœur quand je revois Magirêve et sa fille Feuforêve, en train de prendre le thé ensemble. Je sais bien que j'ai été dur envers cette dernière, parce qu'elle a fait des trucs avec Arcko... Je ne peux m'empêcher de ressentir du chagrin pour elle. Après tout, personne ne sait ce qui s'est vraiment produit, ni comment l'incendie avait commencé.

Je ne peux m'empêcher de croire que le Culte d'Yveltal y soit sûrement pour quelque chose. Après tout, qui dit Destruction dit incendie... Je me fais peut-être des idées... Peu importe. Il est temps pour Marill et moi d'en apprendre un peu plus sur ces Dieux et je ne compte pas repartir de l'académie avant d'avoir trouvé ce que je cherche !

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