31. Quand la mère de Bertrand s'en mêle.

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Fin mars, un mois avant l’anniversaire de son père, Camille mit Adèle au parfum ; elle avait envie de lui offrir un voyage à Paris, afin qu’il aille visiter certains musées. Mais depuis, Adèle était entrée dans l’équation, ce qui changeait la donne.

— Ça fait un an que je prépare ça pour lui, avec papy et mamy… Il aura quarante ans, ça se fête, hein !?

— Oui, c’est un cap, il va passer dans une nouvelle tranche comme on dit…

— Et toi ? T’as deux ans de plus que lui, tu avais fait quoi, toi, pour tes quarante ans ? C’est quand tu étais encore avec Olivier, non ?

Adèle songea à cette période et se remémora le fait qu’elle et Olivier avaient seulement été au restaurant à cette occasion, leur restaurant habituel. Il n’y avait pas eu de choses particulières prévues pour ses quarante ans. Elle ne s’en était pas formalisé plus que cela, elle n’avait pas trop l’habitude de fêter ses anniversaires en grande pompe. Mais actuellement, elle avait envie de faire plaisir à son ami. Elle se souvint avec bonheur que Bertrand, le lendemain de ses quarante ans, lui avait donné un petit livret qu’il avait confectionné avec une série de photos, retraçant leur amitié et lui souhaitant un agréable passage à cet âge « canonique ». Elle sourit en se souvenant des blagues qu’il lui avait faites à propos de « son grand âge » et des fous rires qu’ils avaient eus, à deux, à ce propos.

Subitement, elle se fit la réflexion que, finalement, elle avait toujours beaucoup plus rit avec Bertrand qu’avec Olivier… Et que les attentions de Bertrand, tout en étant délicates ou humoristiques, touchaient toujours ses points sensibles, il tapait toujours juste dans ses choix.

Lui, il me connaît vraiment, en fait, plus j’y repense, plus je me dis qu’il m’attendait depuis des années déjà…

Adèle fut sortie de sa bulle par Camille qui lui dit,

— Hé, tata, t’es où là ? J’ai l’impression que tu n’entends même plus ce que je te dis !

Distraitement, Adèle lui rétorqua,

— Quoi ?

En levant les yeux au ciel et en prenant un ton faussement exaspéré, Camille lui lança,

— C’est bien ce que je dis, tu n’écoutais pas !

Confuse, elle lui répondit,

— Non, si… Désolée, Camille, j’étais perdue dans mes pensées, je me remémorais ce que ton père avait fait pour mes quarante ans. J’ai envie de lui rendre la pareille.

— Eh bien, ça tombe bien, parce que… En fait, j’en ai discuté avec grand-mère.

Camille se tut et fit une moue boudeuse en regardant Adèle qui lui demanda, avec un petit sourire,

— Laquelle, la mère de ton père ?

— Oui…

— Bon, je sais qu’elle ne m’apprécie pas plus que ça, mais, quoi ? Qu’est-ce qu’elle a encore dit sur mon compte ou sur celui de ton père ?

Adèle se remémora les rares fois où elle avait rencontré la mère de Bertrand ; essentiellement après des disputes familiales à propos de la séparation d’avec Vanessa.

Les parents de Bertrand, très conservateurs, ne lui avaient jamais « pardonné » d’avoir eu un enfant hors mariage et de s’être séparé de la mère de l’enfant qui, en plus, était plus âgée que lui…

A plusieurs reprises, Adèle avait tenté de leur expliquer la situation particulière dans laquelle se trouvait Bertrand face à Vanessa, notamment lorsque cette dernière avait tenté de faire sortir Bertrand de sa vie dans les premières années de Camille.

Durant plusieurs années, les parents de Bertrand restèrent campés sur leur position, refusant de soutenir leur fils, le comparant perpétuellement à Annabelle, sa sœur aînée qui s’était mariée « dans les règles » à vingt-cinq ans et qui avait sacrifié sa carrière pour élever ses quatre enfants…

Entre-temps, Annabelle avait divorcé et avait repris un travail qui lui plaisait beaucoup, tout en gérant la garde alternée de ses enfants.

Adèle sourit en repensant à l’annonce d’Annabelle concernant son divorce ; leurs parents avaient mis près d’un an à digérer l’affaire. Depuis, Adèle avait remarqué qu’ils semblaient s’être un peu « assouplis ».

Camille la ramena au présent,

— Tata Adèleeeuu !

Adèle sourit plus franchement encore et lui dit,

— Oui, je sais, je suis dans la lune ! Je repensais à tes grands-parents.

Camille sourit puis prit les mains d’Adèle dans les siennes avant de lui répéter,

— Donc, comme tu n’écoutais pas, je recommence ; mamy a proposé que vous partiez, toi et papa, une petite semaine à deux, pour son anniversaire.

Adèle écarquilla les yeux,

— Quoi ? Elle veut que ton père et moi… Mais…

Camille lui fit de gros yeux en n’arrivant pas à se retenir de sourire et lui avoua,

— Bah… Oui, je lui ai dit pour vous deux.

Un peu craintive par rapport à la réaction de la mère de Bertrand, elle demanda,

— Et ? Elle en a dit quoi ?

— Eh bien, relax, elle n’a pas bronché, elle n’a pas vociféré…

Camille gloussa de rire et finit par lâcher,

— En fait, elle m’a regardé dans les yeux et m’a dit, texto : « Ah, enfin, ils se sont décidé ces deux-là !»

Adèle ne sut que dire, Camille continua,

— Et, donc, du coup, elle veut vous envoyer en voyage.

— Ah oui…

Adèle était encore sous le choc ; elle ne s’attendait vraiment pas à une telle réaction de la part de la mère de Bertrand. Elle finit par sourire et demander à Camille,

— Elle propose quoi ? Elle veut pouvoir choisir, c’est ça ?

— Bah, tu la connais, ce ne serait pas drôle, sinon… C’est sûr qu’elle veut mettre son grain de sel, mais bon, elle a un argument de poids ; l’argent !

Adèle regarda Camille, interrogative. Camille poursuivit,

— Elle est prête à payer l’hôtel et le transport si vous allez à Venise, dans l’hôtel où elle et papy sont allés pour leur voyage de noces.

Adèle resta bouche bée, puis fut prise d’un fou rire. Camille l’interpella,

— En fait, je trouve ça vachement sympa, tu ne trouves pas ? Pourquoi tu rigoles ?

Après être arrivée à se calmer, Adèle expliqua,

— Oui, c’est super sympa comme cadeau, mais… Waouh ! Là où ils ont passé leur voyage de noces ! Euh, elle veut faire passer quoi comme message ta mamy ?!

— Bah, qu’il a intérêt à te faire une demande officielle là-bas, sous le pont des soupirs !

Camille gloussa de rire, ce qui contamina Adèle qui, cependant, pointa une faille ;

— Mais, tu sais, si c’est une surprise pour lui, son plan ne pourra pas se matérialiser ; à moins que ce soit moi qui lui fasse ma demande !

Adèle éclata de rire, Camille la regardait, attendant qu’elle se reprenne, pour lui demander, un peu fébrilement,

— Tu vas le faire ? C’est ça ton cadeau pour lui ? Ce serait génial !

— Woh, attends, j’ai lancé ça en boutade Camille !

Voyant la mine de Camille s’assombrir un peu, elle la prit dans ses bras et lui dit,

— Hé, ma puce, tu ne trouves pas qu’on est bien comme ça ? Tu voudrais que ce soit encore plus officiel que ce ne l’est déjà maintenant ?

Camille haussa les épaules et chuchota,

— J’ai envie qu’on soit plus souvent tous ensemble… Que je puisse t’appeler « maminette » officiellement…

Adèle pouffa en répétant,

— Maminette !?

— Oui, « petite maman à moi », c’est ça que ça veut dire pour moi.

Elle prit Camille dans ses bras et la serra fort ; elle avait vu les larmes envahir les yeux de Camille, les siens aussi, étaient mouillés.

***

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