29. Remuer le passé.

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Adèle arriva chez elle, fatiguée. Le coup de téléphone de cette Daphnée l’avait remuée.

Elle se sentait lasse et vidée.

Soudain, alors qu’elle ouvrit le frigo pour se servir un verre de limonade, elle se ressaisit ; elle devait préparer le repas de ce soir. Elle regarda sa montre, il lui restait quarante minutes pour faire le tout.

Elle souffla puis s’y mit.

Bertrand arriva avec un peu d’avance et la retrouva affairée devant sa cuisinière.

Elle capta sa présence et un sourire éclaira son visage.

— Salut toi, tu es là depuis longtemps ? Désolée, j’ai du retard sur le planning que j’avais prévu !

— Je viens d’arriver. Il posa un baiser sur ses lèvres puis respira ses cheveux. Tu veux de l’aide ?

— Oui, je veux bien ! Tout est en route côté cuisson, mais si tu pouvais dresser la table, tu serais un amour.

Il l’aida et ils finirent à table, dégustant ce qu’elle avait préparé. La trouvant songeuse, il lui demanda,

— Est-ce que quelque chose te tracasse Adèle ? Tu m’as l’air ailleurs…

— Comment ?

Elle ferma les yeux puis lui dit,

— Oui, c’est vrai… J’ai eu un coup de fil bizarre cette après-midi.

Il haussa les sourcils, l’invitant à en dire plus.

— Un coup de fil d’une certaine Daphnée… qui serait enceinte d’Olivier et qui voulait connaître les circonstances de la rupture et de la perte du bébé.

Exaspéré il lança,

— Oh… Déjà, il n’a pas perdu de temps le gars !

Dépitée, elle lui répondit,

— Oui, c’est ce que j’ai pensé aussi… il n’a pas perdu son temps, effectivement.

Elle souffla puis reprit,

— Ce qui me chiffonne, c’est ce qu’elle m’a dit ; qu’Olivier lui aurait donné une version de la rupture, selon laquelle il était, lui, la victime.

— Il n’en manque vraiment pas une celui-là !

Bertrand leva les yeux au ciel en hochant négativement la tête,

— Toujours à se poser en victime. Ce type est une véritable moule, sans aucune consistance !

Adèle gloussa de rire,

— Une moule … Rien que ça !

— Oui, inconsistant, s’accrochant contre vents et marées à un rocher, parce qu’il n’est capable de rien d’autre.

Elle soupira,

— Tu penses que j’ai été son rocher pendant trois ans ?

Il haussa un sourcil et lui répondit,

— Franchement, oui. Tu ne le voyais pas, tu étais trop aveuglée par l’amour, mais il n’était pas capable de te donner la vie stable qu’il te faisait miroiter, Adèle.

La voyant un peu sceptique, il rajouta,

— Adèle, te souviens-tu les deux fois où il a failli perdre son emploi parce qu’il estimait que son patron n’avait pas à lui réclamer d’effectuer réellement les heures pour lesquelles il était payé ?

Adèle ferma les yeux. Oui, elle s’en souvenait, mais, elle voulait tellement garder cette belle image de lui, cette image de l’homme qu’elle avait aimé. Elle sentit poindre quelques larmes au coin de ses yeux.

Elle regarda Bertrand puis se frotta les yeux. Il la regardait, un peu anxieux. Il n’avait pas été tendre avec Olivier, mais Adèle le savait, elle savait que les deux hommes ne s’étaient jamais vraiment entendus.

— C’est vrai Bertrand, plus j’y repense, plus je me rends compte qu’il n’était pas fiable.

Bertrand s’assit à côté d’elle et la prit par les épaules.

— Tu voulais y croire Adèle, c’est humain, tu voulais construire quelque chose avec lui.

Elle se tourna vers lui et se colla à son torse.

— Je sais, mais ce coup de fil a réveillé de la colère en moi, de la colère et de la rancœur.

Elle souffla puis déballa ce qui la tracassait,

— En fait, ce qui me travaille depuis ce matin, c’est qu’il ait recommencé le même baratin avec une autre dès qu’il a appris pour la fausse couche. Dès qu’il s’est senti « libéré » du moindre lien avec moi, il a recommencé ailleurs, avec une autre femme.

Elle soupira puis reprit

— J’espère, pour leur enfant, qu’ils arriveront à dépasser la crise qui va secouer leur couple.

— Tu es encore bien gentille de lui souhaiter ça, ma belle.

Elle gloussa en lui rétorquant,

— Oui, j’ai un côté « gentil »…

Il lui posa un baiser sur le front,

— C’est ça que j’aime aussi, chez toi, tu es toujours prête à voir le bon et le positif en chacun.

Elle sourit, toujours collée contre lui.

— Moi, ce que j’aime chez toi, entre autre, c’est ta capacité à m’accepter comme je suis, avec mes côtés parfois trop « fleur bleue ».

— Je t’aime, toi, entièrement, comme tu es. Et je ne voudrais pas que tu changes.

En prenant le temps de l’observer tout en lui caressant doucement l’épaule, elle lui demanda :

— Tu as dû en baver, lorsque j’étais avec Olivier, non ?

Il la serra contre lui et lui dit,

— Je dois te dire que parfois, j’ai eu du mal et quelques envies de lui foutre mon poing dans la gueule.

Elle se décolla de lui et lui fit face, avec un grand sourire étonné, elle lui demanda,

— Ah oui, à ce point ?

— Oui. Lorsqu’il te manquait trop de respect. Lorsqu’il ne se rendait pas compte du mal qu’il te faisait. Comme au moment de ta fausse couche, il se pointe la bouche en cœur à l’hôpital en espérant se rabibocher avec toi… Pas un mot pour toi, juste lui, toujours lui. Ce gars est un nombril sur pattes !

Elle fut prise d’un fou rire qui dénoua les tensions qu’elle avait en elle, Bertrand la garda dans ses bras au sein desquels elle se calma puis lui dit,

— Bertrand, je t’aime, j’ai une confiance totale en toi. Pourquoi est-ce que j’ai été aussi aveugle, toutes ces années, par rapport à toi ?

— Ça fait vingt ans que nous nous aimons d’amitié, Adèle, l’amour plus… sexuel, est né plus tard entre nous. Je pense que nous avons dû faire nos expériences, chacun de notre côté, avant de nous rendre à l’évidence.

En lui caressant le torse au travers de sa chemise, elle lui dit,

— Oui, cela me semble tellement évident, à l’heure actuelle.

Elle se leva et lui tendit la main, le regard brillant,

— Viens, on fera la vaisselle demain…

— Mmh un peu de gymnastique digestive ? Au fait, le repas était excellent !

Adèle le guida en souriant puis ouvrit la porte de sa chambre, la journée allait se terminer sur des notes érotico-sensuelles…

***

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