J'entends des cris dans l'appartement du dessus. Bientôt minuit. Un choc énorme, un silence, une porte qui claque.

Je tire sur ma couverture, bien décidé à pioncer comme un loir. Il faut dire que vu la semaine de dingue que je viens de passer... Ah! J'entends plus rien, nickel. J'enfonce ma tête dans mon oreiller en poussant un soupir de soulagement.

Enfin tranquille !

Attends. Je sens un truc qui m'appuie sur les côtes... Ça insiste en plus... Je relève la tête.

- Et merde Gustave, c'est pas le moment là !

C'est juste mon chat, comme je m'y attendais. Un gros chartreux du type "félin blasé". Il arrête de me tripoter, me regarde avec sa grosse tête et se met à miauler.

Bon. Je le caresse sur le dessus du crane, comme il aime bien. Ça a pas l'air de marcher... Il a faim alors ? Je jette un coup d’œil vers la gauche. Sa gamelle est encore pleine sous mon bureau. Bizarre... Et il n’arrête pas de miauler en plus! Et il me fixe avec ses yeux de dépressif.

- Okay... Tu veux quoi ?

Il s’arrête enfin, on progresse. Tiens, le voilà qui reluque le plafond maintenant. Il me regarde à nouveau... Il s'intéresse encore au plafond... Moi. Plafond. Moi. Plafond. Je crois comprendre mais bon, si les voisins mettent le souk dans leur appart, je vois pas ce qu'il peut en avoir à foutre et puis depuis quand je comprends mon chat moi... Rhaaaa ça recommence en haut !

Cette fois on dirait que quelqu'un court dans tous les sens. Super ! La cavalcade stoppe. Un autre choc. Mais qu'est-ce qu'ils font là haut ? Et l'autre matou qui braille à nouveau, j'en ai marre !

C'est bon, je me lève. Ils vont pas me les briser encore longtemps ceux là ! Je sais que ça fait que deux semaines que j'ai emménagé mais quand même, ils pourraient faire gaffe !

J'enfile mes pantoufles, au moins elles ne m'empêchent pas de dormir, ELLES !

Gustave saute du lit et se dirige vers la porte en feulant. Mais qu'est-ce qui lui prend ? D'habitude le bruit est loin de le gêner. Remarque, y a pas grand chose qui le gêne de toute façon.

Je sors sur le pas de la porte et la referme sur le chat, pas question qu'il se barre en plus !

La vache ! Ça caille ici ! La concierge a oublié de fermer ou quoi ? Ça m'apprendra à emménager dans un vieil immeuble plein de courants d'air ! Il faut dire que le loyer est pas cher du tout... Je monte l'escalier étroit, il grince. Je les entends encore, là haut. C'est bizarre on dirait que quelqu'un chouine maintenant, je saurais pas dire... C'est fou ce que la tapisserie est moche ! Je le remarque en montant l'escalier, elle est beige mais elle devait être blanche à la base. Il y a des déchirures de partout avec des taches d'humidité. Ça explique en partie le loyer, je suppose que l'argent est loin d'aller dans les frais d'entretien...

L'autre chouine toujours, cette fois j'en suis sûr, je suis assez haut pour l'entendre clairement. Et ces marches qui grincent en plus, ça me tape sur le système !

J'arrive enfin en haut en traînant mes chaussons sur la moquette de l'étage du dessus.

Et bien...en voilà un drôle de truc. Y a qu'une porte ! Au moins je peux pas me tromper. Pas de doute les sanglots viennent de là. Tiens, pas de nom sur la porte. Zut, j'ai failli perdre un chausson ! Quelle idée de mettre de la moquette aussi, à mon étage c'est du bon vieux lino de bon vieil immeuble...

Je vais pour frapper à la porte. Ah ça. Ils vont m'entendre !

Ben merde alors...c'est ouvert. Et j'entends plus rien.

Je pousse la porte, personne. C'est dingue ce qu'il fait froid ! Et moi qui, comme un con, suis parti crapahuter en calbute avec mes chaussons.

J'aurais pourtant juré avoir entendu du bruit. c'est pas le genre de boucan qui laisse des doutes !

À ce moment précis je pense à un truc. C'est tout con hein mais...

J'ai jamais eu de voisin du dessus.

La porte claque derrière moi. Il fait tout noir. J'entends sangloter.