MUSIQUE

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Titubant de gauche à droite, notre aventurier, pour une fois, masque le silence qu’il hait tant, chantonne comme un idiot de loin, s’amuse à tuer le temps. Il est vrai que la musique apaise, à se poser la question, pourquoi ne joue t-il pas de sa flûte pour occuper la solitude ? C’est qu’il en a peur ... il a très de peur de détruire la nature qui l’entoure. Il s’empêche de se torturer l’esprit - ses tentatives ont souvent échouées - or l’habitude de ne plus résister l’a rendu apathique. Pour son coté lunatique c’est un naturel de l’être. Il est sans véritable philosophie, mais se pose d’innombrables questions, il aime rechercher les réponses, cela aiguise admirablement sa compréhension. Seulement, un côté presque cinglé envahi son esprit, il est pris de court à chaque mot, la voix bondissant d’un octave à un autre. Retournons le voir dans sa chanson enfantine.

- Lumière

s’éteint

on ne voit

plus rien!

Mon pas

atteint,

et puis

s’éteint,

Ensuite

...le prochain ?

il advient...

des heures, et meurt ?

bhaaa, l’horreur,

la sueur

affleure

la chair ... mon flaire

en prend chère !

du sang,

des glands.....glions,

sortent et pondent,

leurs oeufs,

attends,

l’instant où ils sortiront par

tes yeux! Ta

Pu

tréfac

TION me fera quel-

ques

POTIONS !

Arracher, dépecer,

tes organes, dans ma sacoche,

je les sens.... Dans ma poche!

Retirés, soutirés, extirpés...

extirpés...

arrachés!

Attends voir, je t’aurai !

Inutile de fuir, j’ai déjà

vendu ta peau... et tes yeux...

et ton coeur... je l’ai laissé?

Pas le coeur!

Les larves s’y logeront, leur blancheur

avant, goût... de tes os

de malheur! Cette chair! Que j’emporte! Viendras-tu? La? retrouver?

Autant dire, que je t’ai déjà tué... Attends voir!

...attends voir...

dis... attends

voir...

Un long silence reprend le dessus. La valeur de la vie me fait mal à la tête... J’ai hâte de rattraper le tas de créatures fuyardes, histoire d’avoir un bruit de fond. Elles devraient revenir vers moi à présent, recoloniser l’espace abandonné maintenant que le danger est écarté.

Je me met à rêver de cette symphonie amère... les grattements des milliers de griffes sur la roche, le bruit mat de la terre sans arrêt retournée, le chuintement de la fourrure contre les écailles... Petit à petit, une mélodie se forme dans cette cacophonie, orchestrée par les nuées bourdonnantes qui dansent dans la cavité telles des hordes d’étourneaux blessés.

Leur vrombrissement se cale petit à petit sur le rythme lent et régulier des pics des racines, occupés à heurter le bois de leur becs creux. Le chant des lézards volants commence à se distinguer du reste, leurs ailes se froissent dans leurs fourreaux d’écailles à une fréquence de plus en plus élevée.

Dans un clapotis, un caillou dérangé perce la surface de l’eau et provoque la fuite d’une multitude de petits poissons dont les queues en éventail frémissent en cliquetant. Au même moment, un courant d’air froid se glisse parmi les poils des milliers de fourrures hérissées le long des parois à la façon du vent dans une plaine herbeuse, formant un trémolo sourd qui résonne à travers tout mon corps. L’air se met à claquer en cadence à la rencontre des dents plates contre le rocher, puis à rebondir en tintant sur les élytres cuivrées des coléoptères. En réponse aux éclats aquatiques, des centaines de petites gorges squameuses se gonflent puis se vident dans des sifflements aigus, bientôt rejoints par les grondements solennels de leurs plus gros congénères. Les duels entre reptiles et rongeurs hantent l’air de petits gémissements à peine perceptibles, tandis que s’élève, d’un petit bosquet d’angélyres aux tiges trouées par les pucerons, une douce plainte lancinante.

S’éteignent alors les sifflets, les claqueurs et les grattoirs, surpris par ce son inhabituel. Seuls persistent les larynx des sobekis sans âge, les fourrures vibrantes et le bruissement imperturbable des ailes cotonneuses pour assister les prodiges végétaux dans cette nouvelle mélodie. Tout doucement, les étonnés se reprennent et tentent de rejoindre l’orchestre, mais l’harmonie s’efface déjà, les sons se dissocient et le rythme se morcèle.

Des mètres de racines s’émiettent sous les dents des rongeurs affamés,

Des cailloux tombent dans l’eau en des plocs répétés,

J’entends les cris du vent qui sévit en surface, déchainé,

L’univers se remplit et le vide se créé

Sous les plaintes des astres par sa force, tiraillés.

J’ai marché, encore marché, parcouru le sol des jours entiers, et me voila enfin arrivé face à l’immensité du désert.

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