« Tu t' avançais vers la porte. Ta main moite dans la mienne ne tremblait pas. Tu avais un petit rictus au coin de tes lèvres. Quand tu te saisis de la poignée, tu plongeas tes yeux dans les miens. J'essayai de te sourire. Tu ouvris la porte et... »

... le Chihuahua bondit en avant et te sauta à la gorge. D'une pichenette précise j'évacuai l'animal. La blessure provoquée par cette attaque titilla mon inquiétude sachant combien il serait difficile de te soigner au vu des grèves provoquées par le personnel hospitalier.

Tu hurlais.

Je t'apaisai à grand renfort de purée d'avocats bios ultra doux récoltés en bonne condition au dire de l'étiquette contrôlée par Véritas.

Tu gémissais.

Je t'encourageai à conserver le pansement compressif composé de tissu à base de coton éthique totalement réutilisable sous couvert d'un tri rigoureux en terme de recyclage.

Tu t'évanouissais.

Je tentai en vain de dénicher du côté du centre équestre, des selles à te faire respirer. Lorsque je revins fleur de sel en main, la large flaque de sang dans laquelle tu te morfondais, m'invita à ouvrir la bible pour t'en couvrir les seins sacrément raplapla.

Le curé (tu sais, le père baptisé vert d'après les louveteaux) t'offrit l'onction, l'extrême, celle qui correspondait à ton état d'affaiblissement physique bien avancé.

Tu partis sur-le-champ.

Je t'ai trouvé vache, mais je restais de marbre. Je t'accompagnai vers la porte du four. Ma main moite sur ton cercueil ne tremblait pas. Ton petit rictus au coin de tes lèvres obsédait mes pensées. J'essayai de te sourire. Le croque-mort ouvrit la porte du crématorium et...