Le Restaurant

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Ils ont choisi un petit restaurant en bordure du quartier Moldu, une vieille auberge de famille qui sert de la cuisine traditionnelle au coin d’un feu de cheminée. Au milieu de la morosité ambiante qui caractérise Londres – avec ses interminables allées de maisons en briques et ses commerces insalubres – cet établissement fait figure de rebelle. Ici, de la pierre apparente, un toit de tuiles, un sol en tomettes cirées. Au revoir la moquette et le papier-peint hideux dont la plupart des britanniques raffolent, pour des raisons qui ont toujours échappé à Hermione. Elle n’a jamais aimé Londres. Peut-être aussi parce qu’elle n’y a que des mauvais souvenirs. Le temps de son enfance heureuse avec ses parents semble si loin…

Il est arrivé à l’heure, une première pour lui. Venant d’un retardataire invétéré, Hermione sait qu’il s’agit là d’une marque d’importance envers elle. Ron a tenu à être ponctuel. Il a coiffé ses cheveux indomptables, enfilé une chemise propre et repassée, et même ajouté une cravate. Hermione croit deviner un soupçon de parfum lorsqu’il s’approche d’elle en souriant :

– Comment vas-tu ? lui demande-t-il en l’embrassant doucement sur la joue.

Hermione a la gorge serrée. Cela fait si longtemps qu’elle ne l’a pas vu. Elle se retrouve propulsée du temps de son adolescence, dans la peau d’une jeune fille étrangère à ses émotions, moite et rougissante face à celui qu’elle a toujours aimé. Il faut absolument qu’elle se maîtrise !

– Je vais bien, répond-elle d’une voix qu’elle espère mesurée.

Elle n’arrive pas à croire qu’il ait fait tous ces efforts pour elle. C’est sans doute bon signe, pas vrai ? Ou alors, ce n’est pas pour elle qu’il a fait ces efforts. Peut-être que depuis leur rupture, et sa rencontre avec cette jolie stagiaire de Gringotts, il a décidé de prendre davantage soin de son apparence. Peut-être que c’est à la stagiaire qu’il désire plaire…

Hermione se détourne pour entrer dans l’auberge. Aussitôt, la chaleur réconfortante du foyer les accueille.

– Deux personnes ? demande le patron, un petit homme rond et jovial.

Ron prend les devants :

– Nous avons réservé au nom de Weasley.

Hermione reste en retrait. Elle s’en veut de se sentir si timide tout à coup, si réservée. Elle a l’impression qu’elle ne pourra pas décrocher un mot de la soirée. Il le faudra bien, pourtant…

On les installe à l’endroit idéal : dans un recoin tamisé, à l’abri des regards et des flammes, avec malgré tout une jolie vue sur la salle et son plafond de poutres massives. Ron accepte poliment la carte des vins. On dispose sur la nappe amuses bouches, carafe d’eau et petits pains, et alors, enfin, on les laisse seul à seule.

Hermione ose relever le regard. Elle se sent observée, ce qui suscite en elle un curieux mélange d’anxiété et de chaleur. Ce n’est pas comme subir le regard d’un inconnu, admirateur de l’ombre aussitôt disparu. Non, ce soir, c’est Ron. Ils se sont connus intimement, lui et elle. A bien des égards, il est son plus vieil ami, son confident, son frère, l’homme de sa vie. Elle sait ce que cela fait de sentir son regard sur elle, et plus encore. Quelle étrange sensation de retrouver ce regard à nouveau…

Les choses sont différentes, pourtant. Cela fait trois ans qu’ils sont séparés. Dans un premier temps, ils avaient convenu de continuer à se voir régulièrement, en amis, comme autrefois. Ils s’étaient quittés en bons termes, après tout. Mais chacune de leurs rencontres sonnait plus fausse que la précédente. Ils n’étaient pas faits pour être amis, lui et elle. Comment se contenter d’être amie avec celui que l’on aime ? Le regarder refaire sa vie sans rien dire, et s’éloigner doucement…

Comme le dit le proverbe, offrir l’amitié à qui veut l’amour, c’est donner du pain à celui qui meurt de soif…

Petit à petit, leurs rencontres s’étaient espacées. Les jours s’étaient changés en semaines, puis en mois. Ce soir, devant ce feu de cheminée, cela fait plus d’un an qu’Hermione et Ron ne se sont pas vus.

– Tu es très belle, dit Ron en plongeant ses yeux droits dans les siens.

Hermione sent ses joues s’enflammer. Tout en lui la rend confuse. Elle le connaît, et pourtant, elle a l’impression de ne plus savoir qui il est… Où est passé cet adolescent maladroit dont elle s’était entichée ? Leurs trois années de séparation l’ont rendu plus sûr de lui, plus adulte aussi. Il porte sur elle un regard confiant, posé. Les démons du mal-être et du doute sont bel et bien partis. Elle a affaire à un homme, maintenant, et non plus à un enfant.

« Et peut-être qu’il n’a plus besoin de moi… », complète sa conscience.

Hermione articule un « merci » sans réelle conviction.

– Je le pense vraiment, insiste-t-il. Tu as meilleure mine que la dernière fois. Tu as l’air d’aller mieux, tu fais attention à toi.

– Je ne sais pas vraiment comment je dois le prendre, raille-t-elle.

– Prends-le bien. S’il-te-plaît. J’ai été vraiment content de recevoir ton hibou.

Hermione se radoucit. Ses nerfs lui paraissent sur le point de craquer. Il faut absolument qu’elle se détende.

Le serveur les interrompt brièvement pour prendre leur commande. Elle choisit du magret de canard, il prend des papillotes de saumon. Elle le dévisage d’un air surpris :

– Moi aussi j’essaye de faire attention, s’explique-t-il d’un haussement d’épaules.

Hermione rit. Elle n’a pas pu s’en empêcher. Le souvenir du garçon qui s’empiffrait de cuisses de poulet à Poudlard l’a rattrapée :

– Toi, tu fais attention ? répète-t-elle.

Il garde le silence quelques instants. Puis le rire le gagne à son tour, spontané, irrésistible, et tout à coup la magie opère là entre eux, dans cette complicité échangée, ces retrouvailles inespérées. Hermione se sent plus sereine. Elle contemple le visage de Ron, et elle y retrouve l’adolescent qu’elle a aimé. Il a toujours ces yeux rieurs, délicieusement bleus, qui ajoutaient du piquant à son esprit si sérieux. A Poudlard, Ron savait toujours la provoquer là où elle ne l’attendait pas. La surprendre. La faire rire. Eveiller par son humour une intelligence différente de la sienne, si rigoureuse et disciplinée. Ron était vif, malicieux, maladroit parfois, mais toujours désireux de faire au mieux, attentionné, loyal. Autant de qualités si rares dans le cœur des autres.

Aujourd’hui à le regarder, Hermione se rend compte que tout cela n’a pas changé. Elle adore ses taches de rousseur qui étoilent sa peau pâle. Sa silhouette élancée, qui lui a causé tant de souci à l’adolescence, quand il n’était encore qu’un petit garçon dans un corps trop grand. A présent, l’âge adulte a comblé les vides, acquis la maîtrise de ces membres longs et fins. Ses traits ont perdu les dernières rondeurs de l’enfance, sans pour autant se durcir : ils semblent tout simplement plus matures, plus sages. Ses lèvres d’un rose très doux, ses grandes mains croisées devant lui…

Hermione le redécouvre, rien que par le regard, tel un ouvrage retrouvé page par page. Il la laisse faire. Tous deux ont conscience de leur silence, mais cela ne les gêne pas. Lorsqu’enfin, les plats arrivent pour rompre l’instant, c’est presque à regret qu’ils retrouvent la réalité :

– Tu as l’air d’aller bien toi aussi, dit Hermione timidement.

Elle s’en veut, car elle n’aime pas parler de la pluie et du beau temps avec lui. Du temps où ils étaient ensemble, cela ne leur arrivait jamais. Mais aujourd’hui, après tout ce temps séparés, elle ne sait pas encore ce qu’elle peut oser dire… Et puis, il y a la stagiaire.

Ron acquiesce en entamant sa papillote :

– On a pas mal de travail au Ministère en ce moment.

– Rien de grave ?

– Non, de simples affaires de contrebande de voitures Moldues. Beaucoup de paperasse pour pas grand-chose. Mais ça rend mon père malade, tu ne peux pas imaginer : à chaque fois que je rentre au Terrier, il essaye de me convaincre de tous les relâcher.

– J’imagine très bien.

– A l’entendre, je suis un oppresseur qui empêche le rapprochement Sorciers-Moldus, un agent du gouvernement qui arrêterait son vieux père si on le lui ordonnait… Je te jure. Un de ces jours, s’il me met au défi une fois de trop, je vais finir par le faire.

Hermione rit. Elle ne s’était pas rendue compte à quel point les histoires du Terrier lui manquaient. La vie mouvementée d’une famille… Elle en a presque les larmes aux yeux, aussi se dépêche-t-elle de cacher son trouble :

– Tes parents vont bien ? demande-t-elle.

– Oh oui, fidèles à eux-mêmes. Maman me demande sans arrêt de tes nouvelles. Elle était très contente quand je lui ai dit qu’on devait se voir. Le reste du temps, elle me sermonne en prétendant que j’oublie mes amis, et cætera…

– Tes frères ?

– George est marié. Bill et Fleur attendent un deuxième bébé. Tiens, Percy aussi va se marier l’été prochain : qui l’eut cru, pas vrai ?

Ron lui offre un large sourire, plongé dans les visions de sa famille. Hermione acquiesce sans rien dire. Elle partage sa joie, tout en sachant très bien qu’elle n’a plus le droit d’en faire partie.

Il semble se reprendre tout à coup :

– Parlons de toi plutôt. Comment est-ce que tu vas ?

Hermione sait que c’est la question piège. « Comment est-ce que tu vas ? », c’est une manière détournée de demander : « Comment vont tes parents ? Où en es-tu avec eux ? Est-ce que c’est toujours une obsession pour toi ? ».

Hermione inspire profondément. Elle ne sait pas vraiment quoi répondre à cette question. Elle ne sait pas ce qu’elle avait en tête en écrivant cette lettre à Ron… Elle voulait obtenir des informations pour soigner Malefoy, bien sûr. Mais elle se mentirait à elle-même en proclamant qu’il n’y avait que ça. Cette lettre, c’était surtout un prétexte… Un moyen de se revoir, et d’espérer plus, peut-être ? Mais comment espérer plus dans sa situation ? Comme Ron le dirait lui-même, elle est toujours aussi obsédée par ses parents. Rien n’a changé, et elle n’a pas l’intention de changer. Elle pourrait lui mentir pendant un temps, lui faire croire ce qu’il a envie d’entendre, mais… Elle n’a pas envie de lui mentir. Et même si elle le faisait, la supercherie ne tiendrait pas très longtemps. Que dire alors ? Que les choses sont comme il les a laissées, et qu’il peut repartir loin d’elle pour une autre année entière ?

– J’ai beaucoup de travail moi aussi, finit-elle par répondre, évasive.

Elle voit déjà son air suspicieux se dessiner sur son visage.

– A l’hôpital ? demande-t-il.

– Oui. J’ai un nouveau patient depuis quelques mois. Un cas difficile. C’est en partie pour cela que je voulais te voir, en fait…

Le visage de Ron s’illumine. Elle peut suivre le cours de ses pensées comme si elle les entendait elle-même :

– Un nouveau patient ? répète-t-il. C’est super intéressant, ça. Qu’est-ce qu’il a ?

Hermione soupire intérieurement. Elle a joué sa meilleure carte : lui faire croire qu’elle est passée à autre chose, qu’elle s’occupe d’autres cas désormais. Qu’elle est prête à aller de l’avant. Elle a terriblement honte, mais le stratagème marche pour l’instant : il ne l’interroge pas sur ses parents.

– Il souffre d’une perte générale de ses sens, expose-t-elle d’un ton professionnel qui la rassure. La vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher, le goût… Il est en train de les perdre, petit à petit. Certains sens sont plus affectés que d’autres. L’odorat et le goût, en particulier.

Ron se passe une main dans les cheveux, perplexe :

– C’est étrange, admet-il. Je n’ai jamais entendu parler d’une maladie qui provoque ces symptômes.

– Moi non plus. Je lui ai fait tous les examens possibles, Moldus et magiques. Pour l’instant, tout ce que je peux faire, c’est suivre l’évolution de la dégradation. Mais les résultats ne sont pas réguliers. Et puis depuis quelques jours, il s’est mis à avoir des sortes de fulgurances, des pics où ses sens lui reviennent à plein régime…

Ron fronce les sourcils. Comme elle, Hermione voit les rouages de son esprit s’entrechoquer tandis qu’il réfléchit :

– Depuis combien de temps a-t-il ces troubles ? demande-t-il.

– Difficile à dire. Il ne s’en est lui-même rendu compte qu’il y a quelques mois, quand il est venu se faire soigner pour une blessure mineure à l’hôpital. J’ai remarqué qu’il ne ressentait pas la douleur comme il l’aurait dû… Au début, il n’a pas voulu me croire, mais il a fini par l’admettre. Ses sens étaient déjà très dégradés à ce moment-là.

– Et ça va en s’améliorant tu dis ?

– Non, la tendance générale est à la baisse… Mais il a ressenti une très nette amélioration à deux reprises, pendant quelques minutes.

– Qu’est-ce qu’il faisait lorsque cela s’est produit ?

– La première fois, il mangeait une pomme. La seconde…

Hermione rougit. Elle ne s’y attendait pas : l’émotion la prend là, tout à coup. Comment raconter à Ron que Malefoy a senti son parfum tandis qu’ils se tenaient enlacés dans le cimetière de Highgate ? L’incongruité de la situation la frappe avec la violence d’une vague.

– La seconde fois, il faisait une promenade, bafouille-t-elle finalement. Il a senti les odeurs de la nature autour de lui.

Ron hausse les épaules :

– C’est vraiment curieux. Tu crois qu’on lui a jeté un sort ?

– J’y ai pensé, oui. C’est pour ça que je voulais te demander ton aide. En tant qu’Auror, tu as accès à des ouvrages que la bibliothèque de Sainte-Mangouste ne possède pas… Je voudrais que tu me les prêtes. Ou au moins que tu y jettes un coup d’œil pour moi, si tu ne veux pas enfreindre le règlement. Mais tu n’es pas Médicomage, alors ce serait mieux si c’était moi qui…

– Hermione. Quand ai-je déjà refusé d’enfreindre le règlement avec toi ?

Il lui fait un clin d’œil. Hermione se sent fondre, et cependant, le malaise persiste au creux de son ventre. A aucun moment elle n’avait prévu de révéler à Ron l’identité de son patient, ce serait absurde. Ça n’amènerait qu’à de l’incompréhension, de la colère, et à une avalanche de questions. Alors pourquoi se sent-elle aussi coupable de taire le nom de Malefoy tout à coup ? Pourquoi a-t-elle l’impression de cacher quelque chose ?

– J’ai un ou deux livres qui devraient t’aider je pense, reprend Ron, inconscient de ses pensées. Je te les ferai envoyer demain.

Un serveur vient leur confisquer leurs plats contre la carte des desserts.

– Je suis vraiment content que tu t’intéresses à de nouveaux patients en tout cas, tu sais, déclare Ron. Sincèrement.

Hermione tombe sur le crumble aux pommes et au coulis de framboises. Elle pense à Malefoy.

– Merci, bredouille-t-elle.

– Comment vont tes parents ?

La question fatidique, enfin. Elle ne pouvait pas l’éviter éternellement. Elle regarde Ron dans les yeux, et répond avec un petit haussement d’épaules :

– Fidèles à eux-mêmes.

Ron acquiesce. Il n’y a plus trace de son air rieur sur son visage. Lui aussi comprend le sérieux de cette discussion.

– Je suis désolé, murmure-t-il. Mais c’est bien que tu prennes de nouveaux cas.

– Merci. Moi aussi, je suis contente que tu ailles de l’avant.

Elle a dit cela sans réfléchir, sans même réellement savoir ce qu’elle voulait dire. Ron ne relève pas. Ils commandent et terminent leur dessert dans une sorte d’incertitude trouble, conscients de devoir se quitter bientôt.

En la raccompagnant hors du restaurant, Ron lui presse doucement le bras :

– Je t’envoie les livres demain, sans faute. Je te demande juste de ne les montrer à personne, et si jamais quelqu’un les trouve…

– Ce n’est pas toi qui me les as envoyés.

Elle lui fait un clin d’œil elle aussi :

– Ne t’en fais pas, je sais.

Il sourit :

– Tu m’as manqué, tu sais. Ta discussion, ta vivacité d’esprit… Toi.

Hermione n’a pas l’impression de s’être montrée très vive lors de ce dîner, mais elle ne dit rien. Elle retrouve cet étrange instant de magie qui les a réunis au début de leur repas, aussi fragile qu’une bulle de savon dans l’atmosphère…

– Toi aussi, tu m’as manqué, ose-t-elle dire alors.

Pour la première fois, elle parle du fond de son cœur. Elle ne cache pas le désespoir qu’elle éprouve à le voir si proche d’elle, et pourtant si près de s’éloigner. Son désir de le retenir… Mais il y a cette vérité inavouée qui se dresse entre elle et lui. Et puis, il y a la stagiaire.

– J’espère qu’on pourra refaire ça bientôt, poursuit Ron.

Hermione ne sait pas quoi répondre. Que peut-elle dire ? L’homme qu’elle aime est avec une autre, aujourd’hui. Il ne lui appartient plus, il n’est pas libre. Alors pourquoi lui demande-t-il de la revoir comme si de rien n’était ?

Avec une amertume inimaginable, Hermione se force à poser la question qu’elle a évitée durant tout le dîner :

– Comment va Lucie ? Elle travaille toujours chez Gringotts ?

Tout d’abord, Ron se rembrunit, comme si elle l’avait giflé. Ses sourcils froncés l’interrogent, désarçonnés. Puis, alors qu’elle redoutait sa réponse, il s’éclaire d’un large sourire franc :

– Je peux te confier un secret, Hermione ? demande-t-il.

« Ils vont se marier », anticipe Hermione. « Ils vont avoir un enfant, ça y est. Ils vont faire leur vie ensemble. Et moi, je vais rester en arrière. Je vais… »

– Elle n’a jamais existé.

L’espace d’une seconde, Hermione ne comprend pas. Elle bat des paupières, incapable d’articuler :

– Quoi ? dit-elle enfin.

– Lucie. Elle n’a jamais existé.

Ron lui prend doucement les mains :

– Pardonne-moi, dit-il. Je voulais te rendre jalouse, c’était stupide. Je pensais que peut-être, ça t’aiderait à te décider à avancer. Mais j’avais tort, bien sûr. Comme d’habitude, tu as trouvé la solution toute seule. Hermignonne.

Alors il se penche pour l’embrasser. Juste un baiser léger, une caresse de ses lèvres sur les siennes. Il sourit, puis transplane.

Hermione reste debout devant le restaurant, au beau milieu du trottoir, hébétée et émerveillée. La colère de s’être fait avoir pendant tout ce temps pointe en elle, mais son explosion de joie l’étouffe. Elle est si heureuse qu’elle manque d’air. Elle sent encore le contact des lèvres de Ron sur les siennes… Et soudain, tel un parasite, Malefoy surgit à nouveau dans son esprit. Au détour d’une question toute simple : « Avec la perte de ses sens, serait-il capable, lui, de sentir un baiser comme celui-là ? ».

C’est une pensée qui s’évanouit aussi vite qu’elle est née, mais elle était là. Hermione l’emporte avec elle tandis qu’elle rentre se coucher dans sa petite chambre à l’hôpital. Elle pense à ses parents, elle pense à Ron, à ce merveilleux restaurant et à la stagiaire qui n’existe pas. Elle pense à l’avenir. Mais surtout, elle pense à ce baiser que Ron lui a donné, et que Malefoy ne pourrait sentir.



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