Chapitre 57 - Que la fête commence

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Ugo vit le corps de Maty s'effondrer dans ses bras.

Il avait l'impression d'avoir quitté le sien. Comme si toutes les choses de ce monde n'avaient plus d'importance. Aucune Liqueur, aucune magie n'aurait pu éviter ça. L'improbable. L'impensable. L'illogique Maty qui faisait en sorte qu'aucun plan ne fonctionne comme prévu.

Ugo pensait que, quand quelqu'un mourrait dans vos bras, il disait au moins ses derniers mots à celui qui l’accueillerait dans la mort. Genre un testament, une blague ou une phrase philosophique à dormir debout. Mais rien. Juste un regard vitreux, vide et sans lumière. La chaleur comme la vie qui pulsait jadis, était tarie. Sa poitrine ne se soulevait plus sous sa petite respiration chiante, sous ses rires intempestifs et ses tirades sans forme.

— Non…

Ugo secoua vainement le corps frêle de son amie au sourire heureux. Elle sourit ? Son visage, traversé par un sourire apaisé, un mince filet de sang sur son menton, sang qui ne coulait plus.

— Reviens ! Reviens, espèce de salope ! Mégère ! Grognasse ! P'tite chieuse ! Espèce de… de…

Il versa toutes les larmes de son corps. Même la Liqueur ne pouvait apaiser le flux d'émotions qui le traversaient comme une mer d'épées acérées. Toutes les insultes du monde n'arriveraient plus à l'énerver, à faire gonfler ses joues qui rougissaient sous l'effet de l'agacement.

Soudain, depuis les extérieurs de sa souffrance, il entendit quelqu'un parler :

— Je ne comprends pas… Pourquoi… ? Comment une telle chose… Mon plan était pourtant parfait !

Ugo se tourna vers le meurtrier de son amie. L'heure n'était pas à la haine, mais celle d'Ugo était désormais intarissable. Respirer. Un coup. Deux coups. Trois coups. Les battements de son coeur stoppèrent leur frénésie, et il ouvrit les yeux.

Du point de vue d'Orbas, Ugo était Yannis. Et Yannis était Ugo. Il avait eut l'intention de se sacrifier, car il savait que le rituel de son ennemi échouerait s'il visait la mauvaise personne. Ugo sortit ses deux récipients, la fiole et la flasque, et lança un regard discret à Yannis, qui comprit immédiatement son intention. Puis, dans un élan à la fois fou et désespéré de faire sa dernière tentative d'humour dans cet univers pourri, il lança, en l'honneur de son ami mage et son amie terrienne :

— Vous avez commis des crimes contre la Terre et ses habitants ! Et à travers tous vos lapsus révélateurs, qu'avez-vous à dire pour votre défense ?

Orbas ne comprit pas, la confusion régnant un instant sur son visage. Mais ce fut assez ; Ugo serra fort ses poings, et lança le signal à son outil le plus prolifique. Les contenants se brisèrent, le liquide doré le brûla. Les deux entités de savoir cherchèrent à s'affronter au sein de son être, avant de reconnaître la suprématie d'Ugo. Derrière lui, Yannis hurla en invoquant le pouvoir de l'Outsider, tenant le passe du Tournoi au dessus de sa tête. Une explosion de lumière formidable accompagnée d'un son à la hauteur de la force de cette énergie éclata dans sa main.

— Que la fête commence… souffla Ugo.

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