B****-moi

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Dans la lueur des flammes, je me perds dans la contemplation de son corps masculin, nu devant moi. Je lui souris en lui tendant la bouteille d’eau.

— C’est quoi ce sourire de coquine ? demande-t-il, narquois.

— Rien, fais-je en m’étirant avec délice. Je me sens bien, c’est tout. J’avais besoin d’un câlin.

Il ricane et avale une gorgée d’eau avant de déclarer :

— T'as besoin d'un mec, surtout.

Je hausse les épaules.

— Seulement dans mon lit. Et quand je le décide. Je n'ai besoin de personne sinon.

— Ah vraiment ?

— Oui, vraiment. Je ne tiens pas à être dépendante de quelqu'un.

— Parce que t'es pas dépendante de moi, peut-être ?

Le ton de sa voix a changé. Je lève les yeux vers lui, surprise. Il me fixe intensément.

— T'es pas dépendante de moi ? répète-t-il, un air de défi et de sévérité sur le visage.

— Non, fais-je en reportant mon attention sur mes mains brusquement crispées.

Et soudain, il fond sur moi et me renverse sur le lit. Ses mains puissantes attrapent mes poignets et me plaquent au matelas. Je n'ai même pas le temps de réagir alors qu'il gronde sourdement :

— Regarde-moi droit dans les yeux et ose me dire que tu n'es pas dépendante de moi.

Tétanisée, je plonge dans son regard noir, et j'ai la sensation terrible d'étouffer, de me noyer.

Il sait. Il sait ce que j'ai pu ressentir dès notre première rencontre. Il sait tout ce que j'essaye vainement de masquer sous un air détaché à chaque fois que je le vois. Il sait tous les freins que je me mets pour éviter de réclamer sans cesse qu'il me prenne dans ses bras.

Mais il ne sait pas comme j'ai peur qu'il ait conscience de tout ça et qu'il décide de tout arrêter. Il ne sait pas à quel point j'ai peur qu'il m'abandonne. A quel point j'aurai mal s'il s'enfuit et disparaît de ma vie.

L'étau dans ma poitrine se resserre. Je détourne la tête en contractant violemment les lèvres pour les empêcher de trembler.

— Arrête de te mordre les lèvres ! Regarde-moi ! ordonne-t-il sèchement.

La boule qui s'est formée dans ma gorge me donne envie de vomir. Je me sens piégée. Je vais craquer.

— Ne fais pas ça...

J'ai chuchoté cela d'une voix éteinte. Je vais fondre en larmes s'il ne relâche pas la pression qu'il exerce sur moi, tant physiquement que mentalement.

— Réponds-moi.

— Ne m'oblige pas... j't'en prie...

Je panique, comme au bord de l'asphyxie. Ma respiration est devenue incohérente. Mes larmes que je retenais se mettent à couler toutes seules et je me déteste pour ça.

Je hais ma faiblesse face à cet homme. J'abhorre ma lâcheté dans tout ce que j'éprouve pour lui, ma terreur de tout ce que je crains de perdre depuis que je le connais. Je maudis mon impuissance et ma dépendance, cette putain de dépendance qui empoisonne mes nuits sans lui et me transcende dès qu'il me touche.

— Hey hey hey ! Calme-toi…, fait-il d’une voix soudain beaucoup plus calme.

Il pose son front contre ma tempe en me caressant les cheveux.

— Je tiens à toi…, chuchote-t-il à mon oreille. Tu m’entends ? Je tiens à toi.

La tension dans mon corps se relâche brusquement. Incroyable comme quatre mots suffisent à apaiser mes angoisses. Il soupire en s’allongeant contre moi.

— Bordel, ce que tu me pousses à dire… Tu te rends pas compte…

J’ai envie de lui rétorquer que, moi, je ne le force à rien. Mais ce premier aveu de sa part est bien trop précieux pour que je me permette de faire une réflexion. J’essuie mes joues du revers de la main.

— Tu veux bien m’embrasser ? S’il te plait…, demandé-je timidement.

— Non, réplique-t-il.

Je baisse les yeux, mortifiée. Contrarier mes envies est son jeu favori. Brusquement, sa bouche s’écrase contre la mienne. Sa langue m’envahit, joueuse et agressive, alors que ses mains explorent mon corps sans aucune retenue. J’ai le souffle déjà court quand il me relâche. Il me jauge d’un petit air satisfait. Mon cœur bat la chamade.

— Je veux te l’entendre dire, décrète-t-il.

Lui dire quoi ? Ce que je ressens ? Ce dont j’ai envie ? Son pouce trace des cercles autour de mon clitoris et je retiens avec difficulté un gémissement.

— J’ai envie de toi, soufflé-je.

— Ce n’est pas ce que je veux entendre.

Quoi alors ? Les mots censurés par mon cœur : « Je t’aime » ? Ou les mots bloqués par ma pudeur : « Baise-moi » ? Ses doigts s’agitent en moi et je perds pied. De deux maux, il faut toujours choisir le moindre. Cela vaut aussi pour les mots.

— Baise-moi…

Ses yeux noirs se plissent. J’ignore totalement si c’est la réponse qu’il attendait.

— Tu me donnes un ordre là, ou quoi ?

Je ne réponds pas. Il me retourne sur le ventre et s’allonge sur moi. Ses bras puissants m’entourent, ses doigts se nouent aux miens. Je sens ses baisers dans mon cou, sous mon oreille, le long de ma nuque. Son sexe tendu glisse entre mes cuisses. Il s’imprègne de ma mouille et me caresse, langoureusement.

— C’est ça que tu veux ? demande-t-il en ondulant du bassin contre mes fesses.

— Oui, s’il te plait…, murmuré-je.

— Redis-le moi encore.

— Baise-moi…, le supplié-je en me cambrant autant que possible vers lui. Baise-moi, j’t’en prie.

Et soudain il plonge en moi. Je gémis, le front contre le matelas, en l’accueillant entièrement. Le soulagement m’envahit à mesure qu’il progresse et prend possession de moi. Ses doigts serrent fortement les miens. Corps contre corps, nous ne faisons plus qu’un. Il me mordille l’oreille et les variations dans sa respiration semblent s’accorder aux miennes.

Ses dents se pressent contre mon épaule alors que son bas ventre danse sensuellement contre mes fesses. Mon corps s’éveille au rythme de son déhanché diabolique. Ses mains lâchent les miennes pour venir fourrager dans mes cheveux. Il me tourne délicatement la tête pour m’embrasser du bout des lèvres. Je réponds à son baiser avec passion et avidité. Son index et son majeur se glissent dans ma bouche tremblante. Il enserre ma gorge en intensifiant ses coups de reins. Je gémis, soumise au plaisir qu’il me procure.

Il ne me baise pas. Il me fait l’amour. Tendrement. Passionnément. Intensément.

— Je veux voir tes yeux, me chuchote-t-il. Viens sur moi.

Il se retire et s’assoit à côté de moi. Je prends quelques secondes pour retrouver mes esprits avant de m’installer à califourchon sur lui. Enlacés l’un contre l’autre, je m’assois lentement sur sa queue dressée, jouissant du plaisir de voir les traits de son visage changer à mesure qu’il s’enfonce en moi.

Je prends sa tête entre mes mains, caressant sa barbe de trois jours, effleurant tendrement les marques que le temps commence à peine à imprimer aux coins de ses yeux. Ses pupilles noires et brillantes m’ensorcellent.

Comment pourrions-nous nous en sortir ? L’alchimie est évidente entre nous. Nous nous complétons parfaitement. Sa force et ma fragilité. Son expérience et ma curiosité. Sa volonté de me dominer pour être le maître de mon plaisir, et ma capacité à me soumettre à lui pour lâcher prise et me libérer. Seuls nos doutes et nos appréhensions nous divisent sans arrêt.

Cela devrait pourtant être si simple… S’attendre, se désirer, se manquer, se retrouver, se toucher, s’embrasser, se caresser, baiser, baiser encore et encore, à en oublier tout le reste, sa vie, la mienne, nos quotidiens, nos emmerdes, nos priorités, nos responsabilités… Plus rien n’a d’importance quand d’un regard il me fait baisser les yeux, quand il me murmure de me livrer à lui, quand enfin il pose la main sur moi.

Je ne dirai jamais à haute voix ce que tu déchiffres clairement dans mes yeux. Je ne te révèlerai jamais l’immensité de ton pouvoir sur moi. Tu le sais déjà. Je ne tenterai jamais de savoir ce que tu éprouves pour moi. Je le sais déjà.

J’appuie mon front contre le sien sans cesser d’onduler sur lui, guidée par ses mains fortes qui épousent les courbes de mes fesses. Sa bouche cherche la mienne.

Fuis-moi, et j’attendrai en silence ton retour. Reviens-moi, et je t’accueillerai comme si je n’avais pas souffert de ton absence.

Je le serre contre moi plus étroitement encore, comme pour l’empêcher de fuir de nouveau. Sa tête lovée dans le creux de mon épaule, je l’entends gémir à son tour.

Baise-moi. Baise-moi, encore et encore. Baise-moi, encore et toujours. Car l’instant présent est notre seule certitude.

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