Prologue

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La Californie était alors sous des mètres cubes d’eau de mer. Les volcans, Titans magnifiques, déposaient leur lave gorgée d’or sur le plancher océanique.

Deux cent millions d’années plus tard, deux continents jouèrent à saute-mouton. De leurs unions naquit la Sierra Nevada ! La plaque du dessous féconda le plateau d’en dessus, projetant un magma riche en métal aurifère dans les veines de quartz de ces jeunes montagnes. La pluie, le vent, la neige, le gel érodèrent les aiguilles et les pics. Chaque glacier, chaque torrent arrachaient un peu d’or et le déposaient dans la vallée, un peu plus bas.

Plus tard beaucoup plus tard les Indiens qui s’installèrent là ignorèrent ce métal dont ils n’avaient aucun usage. Leurs richesses c’était les arbres immenses, la nature généreuse, les prairies giboyeuses.

Lorsque les Espagnols fondèrent le présidial de San Francisco, le site était tapissé d’une petite plante, une sorte de thé indigène. Les indigènes s’en servaient comme breuvage pour soigner à peu près toutes les maladies.

Les moines appelèrent le lieu Yerba Buena, la bonne herbe.

Les frères étaient intéressés par l’élevage et la culture de la vigne, une viande goûteuse arrosée d’un vin capiteux, sacrés capucins !

Un Suisse, un certain Sutter, se tailla sur ses terres vierges justes hantées par quelques bandes d’Indiens, un empire, qu’il nomma pompeusement Nouvelle Helvétie !

C’est sur ses terres le 22 janvier 1848 que James W. Marshall découvrit une pépite grosse comme le poing.

— De l’or ! de l’or, de l’or !

Ce cri fit plusieurs fois le tour du monde, de tous les horizons, des milliers de crève-la-faim se donnèrent rendez-vous, sur cette terre bénie des dieux.

*

La loterie du lingot d’or

Le bon vieux roi Louis-Philipe aurait pu mourir tranquillement de vieillesse dans son lit. Il n’en fut rien. Le peuple excédé décida qu’il y en avait assez des rois !

Pour la deuxième fois de son histoire, la France inaugura la République !

Au début, tout allait bien. Tout était formidable, Schœlcher abrogea l’esclavage, on donna du travail et du pain à tout le monde. Partout on planta des arbres de la liberté… On rasait gratis ! Fini la pauvreté…

Mais les lendemains déchantèrent, le travail se fit rare, le pain aussi. Les ouvriers, les chômeurs, descendirent dans la rue.

Le général Cavaignac envoya la troupe, la Seine fut rouge de sang.

Paris était pacifié. Mais à quel prix !

Le nouveau pouvoir eut peur. Les Parisiens se mettaient en colère pour un oui ou un non. Ils avaient surtout appris à se servir de la poudre, ils avaient le goût du sang.

Le préfet de police Pierre Carlier a eu alors une idée de génie, enfin pas lui, mais un certain Jules Langlois, que la postérité a oublié.

En Amérique, en Californie, l’or coulait à flots. Ces chômeurs, ces fortes têtes, anciens gardes mobiles et écorcheurs de Cavaignacs, au chômage pour la plupart, étaient un danger.

Aussi vite dit, aussi vite fait, un lingot d’or pur d’une valeur de quatre cent mille francs fut exposé dans une vitrine boulevard Montmartre. Une loterie était organisée, le lingot en était le premier prix.

L’argent récupéré par la loterie permit aux autorités d’envoyer au paradis californien tous les crève-la-faim parisiens. Plusieurs bateaux sont affrétés. Plusieurs milliers de Parisiens furent ainsi acheminés entre 1850 et 1853.

Le voyage durait plus de six mois, les bateaux partaient du Havre… Le voyage était effroyable, le summum en était le passage du cap Horn.

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