Dure soirée pour O'Connor

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La chambre d’Ana est plongée dans l’obscurité, seulement éclairée par la lune. Le canon du Smith et Wesson luit sous la lumière sélène.

— O’Connor, vous ici ?

— C’est drôle, je pensais trouver Eugène, et non vous.

— Cet incapable ?

— Il a bien perdu sa gourmette ? Et c’est ça que vous venez chercher, pour éliminer tout lien entre lui et Ana.

— Bien vu, inspecteur. Sans vous, tout aurait été plus simple, je récupérais le bijou, plus de trace, et notre vie continuait.

— Les parents sont au courant ?

— De la relation toxique entre mon fils et cette petite trainée ? Oui. Ils doivent même avoir des doutes sur l’identité du meurtrier, mais ils ne parleront jamais.

— Comment les tenez-vous ? Leur travail, leur maison ? Vous les rémunérez au noir ?

— Leurs passeports, tout simplement.

— Pas bête, souriais-je.

— Maintenant, je vais vous tuer, O’Connor, dit-il d’une voix étrangement calme.

— Ne faites pas ça, vous aggraverez votre cas

— Taisez-vous, O’Connor, vous me fatiguez avec votre accent irlandais.

— Baissez votre arme, je parlerais en votre faveur.

— Vous n’en ferez rien, je ne suis pas dupe. Vous savez ce que je vais faire ? Vous abattre, ici, sans témoins. Avant que quelqu’un s’inquiète de votre disparition, je serais loin. La plupart de vos collègues penseront que vous agonisez dans des vapeurs d’alcool. Faites votre prière O’Connor.

Il n’a pas tort. Soudain, une détonation. Un éclair blanc déchire la nuit…

Je rouvre les yeux. Le visage d’Hubert de Romanrantin est figé. Je le vois tombé la tête la première. Derrière lui se tient le père d’Ana. Il pleure. Sa carabine est encore fumante. Je vais devoir arrêter mon sauveur.

« Depuis des années, son fils abusait de ma pauvre Ana. Il la prêtait à ses amis. Nous le constations, sans pouvoir dire quoique ce soit. Romanrantin nous menaçait de nous renvoyer en Russie. Un pays que nous avions fui avec ma femme depuis trente ans. Vous pouvez m’arrêter, inspecteur, de toute façon ma vie sans Ana ne vaut plus rien. »

Le pauvre homme est abattu. Il a l’air d’avoir pris quinze ans.

« Ecoutez, vous allez probablement passer quarante-huit heures en garde à vue au maximum, puis vous allez ressortir. Vous resterez libre en attendant le procès, mais, comme vous avez tiré sur un individu qui menaçait de tuer un représentant des forces de l’ordre, ne vous inquiétez pas, vous ne risquez rien. Je vais appeler mes collègues pour qu’ils s’occupent d’Eugène. Allez dire au revoir à votre dame, vous allez venir avec moi. Nous marchons ensemble jusqu’au commissariat ? Prendre un peu l’air nous fera le plus grand bien. »

Quelques minutes plus tard, nous voilà partis. La pluie s’est arrêtée, ma migraine s’est envolée. L’enquête est terminée. Ce soir, je vais pouvoir retourner trainer dans un bar miteux en attendant la prochaine affaire.

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