Odorat.

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Swann et Maxim pénétrèrent dans l’immense mine, les odeurs du charbon et de la poussière envahissant chaque espace de leurs narines. Sans plus attendre, leurs pas les menèrent au délégué des lieux qui, de sa voix rauque, oppressait les travailleurs épuisés par les heures de travail, tordus par une pauvreté écrasante, et encrassés par la salissure de la houille.

Maxim prit les devants et s’adressa à son interlocuteur d’une voix solide à en faire tenir le plafond de pierre :

  • Maître, nous représentons la milice des faubourgs. L’enquête menée sur les hautes rues de la douzième colline nous a orienté jusqu’aux confins de la terre. Nous avons trouvé sur les lieux du crime une douille, celle de la balle qui a tué le marchand. Cette dernière était recouverte de charbon gras. Le détenteur de l’arme doit se trouver dans les parages.

Le gardien s’assit sur un banc, allumant une cigarette au passage. Il se frotta son menton barbu, consigna quelques registres, puis se tourna vers les miliciens. Les parois de pierre tremblaient sous le vacarme des machines, pourtant, chaque particule de la mine semblait s’y être habituée.

  • Voyez, commença-t-il. Voyez-les, tous ces misérables… Combien de gars ici n’ont jamais rêvé de tuer pour un peu d’argent ?

Maxim lança un regard à Swann qui se décida à renchérir sur la situation :

  • Vous êtes le responsable de ces lieux ! Nous cherchons un revolver, de petite taille, qui pourrait se glisser dans une poche. Nous avons quelques pistes quant à cet individu. Il est parieur. Il joue la nuit dans l’Antre des Péchés. C’est le probable motif de son crime.

Le maître leva ses yeux rougis vers elle. Il haussa sa main, souleva son index, et tapota sur sa narine avec.

  • Au nez, ma p’tite dame. Au nez, je me dis que c’est ce gars-là !

Son doigt charnu se fixa un peu plus loin, vers un travailleur assis, se massant douloureusement les pieds.

  • Qu’est-ce qui vous le fais dire ? s’interposa Maxim, soucieux.
  • Vous voulez un suspect. Ce gars, il est mineur, il gagne de la misère et vous pouvez être certains qu’il va, chaque nuit, dans l’Antre des Péchés. Suivez-le, coincez-le, et l’affaire sera classée, rangée, oubliée.
  • On ne peut pas enfermer un innocent, renchérit Swann.

Le délégué dévoila ses dents pourries, en reposant son ongle sur son nez.

  • Alors, y’a l’autre solution. Les mineurs, ils ont du nez aussi. Ils sont comme des rats. Mettez un morceau de nourriture et les voilà attirés, museau en tête de liste. Mettez un magot d’or et mes travailleurs vont vous déterrer votre gars, en quelques heures. Par contre, y’aura des morts, parce que, ici, c’est la loi du plus fort. Et si c’est le plus fort qui a tué votre bourgeois, on vous vendra un innocent et quelques cadavres avec. C’est votre flair, contre celui encrassé de poussière des travailleurs.

Swann se retourna vers Maxim. Ce dernier serra les dents tout en jetant des regards oppressants vers le mineur en repos.

  • Nous allons devoir jeter un coup d’œil dans les mines, expliqua l’inspecteur. Nous prendrons notre décision, au nez, quand nous en aurons plus vu et entendu par ici.
  • Faites comme chez vous…, finit leur interlocuteur en reprenant sa paperasse.

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