Ouïe.

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Le cadavre détonnait dans la tranquillité matinale. Les oiseaux perchés sur les sommets de la 12e Colline chantaient joyeusement. Maxim parcourut les calmes ruelles. La zone avait été vidée des habitants ainsi que des passants curieux et il lui semblait que les pierres se complaisaient de ce soudain silence, ou peut-être que c’était lui qui aimait cette absence de bruit dans une ville assourdissante de misère. Il ferma les yeux quelques instants, avant qu’une douce voix résonne dans les confins de ses oreilles :

- Inspecteur ! Regardez où vous marchez !

Maxim ouvrit les yeux brusquement et esquiva de justesse la façade d’une maison. Il sourit en regardant son acolyte.

- Ce calme est déconcertant. Le tueur nous accorde la plus belle relique de nos temps : le silence !

Swann posa ses mains sur le pavillon de ses oreilles. Ces dernières accueillaient davantage les tapages des machines à miner, les pleurs des familles ou les hurlements des meurtriers. Elle avait lu dans un livre que la cavité auditive possédait une multitude d’infimes cils, se secouant face aux vibrations des ondes. L’inspectrice aimait cette idée. Elle les voyait comme un large océan. De toute heure, de tout temps, les eaux profondes de l'enquêtrice s'ébranlaient, brutalisées par une tempête assourdissante. Pourtant, à ce moment précis, ses oreilles n’étaient qu’une large étendue d’eau, sans onde, sans bruit, à l’exception des oiseaux joviaux et de son cœur qui battait lourdement en elle. Elle décolla ses mains de ses oreilles.

- On ne refera pas le monde avec des cils ! affirma-t-elle avec malice.

Maxim haussa les épaules, un large sourire pourfendant ses lèvres.

- À quoi avons-nous à faire ? demanda-t-il.

- Un bourgeois d’une quarantaine d’années. C'était un important exportateur. Ce genre de professions amène souvent à la contrebande, mais ce n’est pas cela qui l'a tué ! Les voisins ont entendu un coup de feu assourdissant. En sortant dans la ruelle, la mort avait fauché le bourgeois et la tranquillité de la 12e Colline. Une balle dans la tête, précise, sans détour, sans une once hésitation. Autour du cadavre frais, on a retrouvé des dizaines de valets de cœur.

L’inspecteur s’approcha du bourgeois, prenant une carte dans ses mains.

- Un tricheur…

- Tout à fait, affirma Swann. Personne ne se balade la nuit avec des cartes sous sa manche si ce n’est pour traîner dans l’Antre des Péchés.

- L’Antre des Péchés... Je n’aime pas cette histoire. Nous savons que ce qu’il se passe dans le terrier à renards reste entre leurs museaux effilés.

- Oui…, continua Swann, mais nous devons mener cette affaire sérieusement. La 12e Colline est furieuse que cela ait pu se dérouler aux beau-milieux de leurs luxueuses rues.

Maxim s’abaissa auprès du cadavre. Chaque fois, il espérait que le vent lui souffle une réponse quant à ses affaires délicates. Ce matin, les brises fraîches semblaient complices de ce paisible crime. Néanmoins, ce fut les chuchotements calmes de Swann qui ébruita leur première piste de recherche :

- Maxim, regarde la douille...

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